Ce qu’il faut savoir sur Daech-K, les auteurs présumés du massacre de la salle de concert de Moscou

Alors que des questions subsistent quant à l'implication du groupe dans l'attentat, voici ce qu'il faut savoir sur Daech-K.

Par Bill Pan
24 mars 2024 11:05 Mis à jour: 24 mars 2024 16:35

Au moins 133 personnes sont mortes vendredi soir lors d’un massacre perpétré dans une salle de concert à Moscou, dans ce qui constitue l’attaque terroriste la plus meurtrière sur le sol russe depuis plus d’une décennie. L’État islamique Khorasan (Daech-K), un groupe terroriste établi en Afghanistan, a revendiqué l’attaque.

Un responsable du renseignement américain a déclaré à l’Associated Press que les agences de renseignement américaines avaient confirmé que l’Etat islamique était responsable de l’attaque.

Faisant allusion à une implication potentielle de l’Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a affirmé samedi que les auteurs de l’attentat avaient des complices du côté ukrainien de la frontière. « Ils se dirigeaient vers l’Ukraine où, selon des informations préliminaires, ils disposaient d’une fenêtre pour franchir la frontière », a-t-il indiqué samedi.

Si des questions subsistent quant aux motivations du groupe ou à son implication dans l’attentat, voici ce que l’on sait de Daech-K.

A propos de Daech-K

Apparu dans l’est de l’Afghanistan fin 2014, Daech-K reste l’un des groupes terroristes les plus actifs combattant sous la bannière de Daech. Ils ont déclaré vouloir créer un califat islamique s’étendant sur l’Asie occidentale et centrale.

Au cours de la dernière décennie, Daech-K s’est forgé une réputation de brutalité, luttant parfois contre les talibans, désormais à la tête de l’Afghanistan depuis le retrait des forces américaines et de leurs alliés en août 2021. Les cibles du groupe comptent également l’Iran, qui étant chiite, est considéré par leurs troupes comme étant hérétique.

En janvier, près de 100 personnes ont été tuées dans deux explosions lors d’une cérémonie organisée en Iran à la mémoire du commandant Qassem Soleimani, mort lors d’une frappe de drone américain il y a quatre ans. Daech-K a revendiqué la responsabilité de l’attaque, qui a été confirmé par les services de renseignement américains.

En septembre 2022, Daech-K a reconnu la responsabilité d’un attentat suicide meurtrier contre l’ambassade russe à Kaboul, la capitale de l’Afghanistan. La Russie est l’un des rares pays à avoir maintenu une mission diplomatique à Kaboul après la prise de pouvoir des talibans. Bien que le Kremlin ne reconnaisse pas officiellement le régime taliban, des pourparlers ont eu lieu au sujet d’un accord potentiel d’importation de produits pétroliers russes en échange de minéraux afghans.

L’opposition de Daech-K contre le régime taliban s’étend également à Pékin, le pays communiste cherchant à forger des liens plus étroits avec le nouveau régime et ainsi sécuriser les routes commerciales et l’accès aux matières premières critiques à son développement militaire. En décembre 2022, Daech-K a fait exploser une bombe dans un hôtel de Kaboul appartenant à des Chinois et qui abritait principalement des ressortissants chinois.

Au cours de l’évacuation chaotique de 2021, un kamikaze a fait exploser des explosifs dans l’aéroport international de Kaboul, causant la mort de 13 militaires américains et de plus de 150 Afghans qui cherchaient à fuir le pays. En avril dernier, la Maison Blanche a déclaré aux familles des 11 marines, du marin et du soldat tués dans l’explosion que le chef de Daech-K qui avait organisé l’attaque de l’aéroport avait été « tué lors d’une opération talibane ».

Le 7 mars, le principal général chargé de superviser les opérations militaires américaines au Moyen-Orient a averti que Daech-K semblait prendre de l’ampleur pour lancer des attaques sur le sol des pays occidentaux.

« Je pense que Daech-Khorasan a les moyens et la volonté d’attaquer les intérêts américains et occidentaux à l’étranger sous six mois seulement et sans avertissement ou presque », a déclaré le général Michael Kurilla, commandant du Commandement central des États-Unis.

Au même moment, l’ambassade des États-Unis en Russie lançait un avertissement concernant une attaque terroriste « imminente » à Moscou, demandant aux Américains présents dans la ville d’éviter les foules, de surveiller les réseaux locaux et d’être attentifs à ce qui se passe autour d’eux.

Cette mise en garde est intervenue plusieurs heures après la déclaration des autorités russes ayant annoncé avoir déjoué un attentat de Daech-K qui visait une synagogue de la ville. Le Service fédéral de sécurité russe, l’agence de contre-espionnage du pays, a indiqué que les terroristes « se préparaient à attaquer les fidèles d’une synagogue avec des armes à feu » et qu’ils ont été « neutralisés » au cours d’un échange de coups de feu.

La Russie cherche à établir un lien potentiel avec l’Ukraine

Dans une allocution télévisée, Poutine affirme y voir un lien potentiel avec l’Ukraine, qui est entrée dans sa troisième année de lutte contre l’invasion russe.

« Je m’adresse à vous aujourd’hui à propos de l’acte terroriste sanglant et barbare qui a fait des dizaines de victimes innocentes et pacifiques », a déclaré Poutine, qui a récemment remporté une victoire écrasante lors de sa réélection, dans sa première allocution publique depuis l’attentat.

« Les quatre auteurs de l’attaque terroriste qui ont tiré et tué des personnes ont été arrêtés. Ils se dirigeaient vers l’Ukraine où, selon des informations préliminaires, ils disposaient d’une fenêtre pour franchir la frontière », a-t-il déclaré.

L’Ukraine a nié toute implication et a accusé le Kremlin d’exploiter l’attaque pour susciter un soutien national à son effort de guerre.

Mykhailo Podolyak, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, a réfuté toute implication.

« L’Ukraine n’a jamais eu recours à des méthodes terroristes », a-t-il déclaré dans un message publié sur X. « Tout dans cette guerre ne se décidera que sur le champ de bataille. »

« Il ne fait aucun doute que les événements survenus dans la banlieue de Moscou contribueront à alimenter la propagande militaire [russe], accélérera la militarisation, intensifiera la mobilisation et, en fin de compte, permettra une intensification de la guerre », a-t-il déclaré dans son message. « Et permettra aussi de justifier les frappes génocidaires évidentes contre la population civile ukrainienne. »

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a nié toute implication de son pays et a accusé Moscou d’utiliser l’attaque pour tenter d’obtenir un soutien à son effort de guerre.

« Nous considérons ces accusations comme une provocation planifiée par le Kremlin pour alimenter l’hystérie anti-ukrainienne dans la société russe, créer les conditions d’une mobilisation accrue des citoyens russes pour participer à l’agression criminelle contre notre pays et discréditer l’Ukraine aux yeux de la communauté internationale », a affirmé le ministère dans un communiqué.

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