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« C’est délirant, c’est communiste en réalité ! » : le patron de Bpifrance condamne l’idée de la taxe Zucman sur les ultra-riches

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Nicolas Dufourcq, directeur général de la Banque publique d'investissement.

Photo: JULIEN DE ROSA / AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Le directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq, a vivement critiqué mercredi l’idée d’une taxe sur les ultra-riches, dite « taxe Zucman ». Interrogé sur RMC, il a qualifié ce projet de « truc complètement absurde » et d’« histoire de jalousie à la française ».

La « taxe Zucman » consiste en un impôt plancher de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, destiné à limiter l’optimisation fiscale des ultra-riches.
En France, Olivier Faure et le Parti socialiste soutiennent cette taxe — qui concernerait environ 1800 foyers — et souhaitent l’inscrire au budget pour dégager jusqu’à 15 milliards d’euros de recettes annuelles.

Pour Nicolas Dufourcq, une telle mesure « n’arrivera pas », mais « panique les entrepreneurs ».

« Ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu’on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3 ? Pourquoi pas 4 ? C’est invraisemblable ! », a-t-il dénoncé.

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« Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (…) au lieu de leur dire qu’on va leur piquer 2% de leur fortune »

Le patron de la banque publique d’investissement a souligné que ce type de taxe serait payé « en papier (en actions) », ce qui reviendrait à transférer progressivement des parts de grandes entreprises à l’État via Bpifrance. « Donc demain j’aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering), 20% du capital de Free. C’est délirant, c’est communiste en réalité ! », a-t-il lancé. « Comment est-ce qu’on peut encore sortir des énormités comme ça en France ? », s’exclame-t-t-il encore.

« Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (…) au lieu de leur dire qu’on va leur piquer 2% de leur fortune », a-t-il ajouté.

La « taxe Zucman », projet d’imposition mondiale des milliardaires proposé par l’économiste français Gabriel Zucman,  viserait environ 2500 personnes parmi les plus riches du monde. Elle rapporterait, selon M. Zucman, autour de 250 milliards de dollars par an à l’échelle mondiale et ses recettes seraient redistribuées entre les États, au prorata de la présence des milliardaires dans chacun d’eux.

« Une pure histoire de jalousie à la française »

D’après un sondage commandé par le Parti socialiste à l’Ifop, 86 % des Français seraient d’accord avec le principe de la taxe Zucman. « Mais que 86 % des Français soient d’accord pour qu’un certain nombre de leurs concitoyens – considéreront les comme ça, c’est pas des autres, c’est pas une autre espèce les fameux riches, c’est nos concitoyens – payent un peu d’impôts sur la liquidité qui est dans les holdings », Nicolas Dufourcq acquiesce. C’est ce type de pratiques qu’il faut « traquer ». « C’est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd’hui. »

Mais il relativise aussitôt en soulignant que ce phénomène dépasse le cercle des milliardaires : « Beaucoup de Français passent en note de frais leurs dépenses personnelles. Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaurants, pour se les faire rembourser. »

D’après lui, « c’est une pure histoire de jalousie à la française », et « chacun pointe le voisin ». Mais en réalité, tout le monde triche et veut échapper à l’imposition.

« C’est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues »

Donc dans cette affaire, le patron de BPI France voit surtout « une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble », alors que, rappelle-t-il, François Pinault ou Xavier Niel viennent de milieux modestes : « C’est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues. »

Pour illustrer son propos, il a affirmé que « si on pique la totalité de [la fortune de] Bernard Arnault, ça finance 10 mois d’assurance-maladie », mais qu’après « il n’y a plus d’Arnault. C’est fini. On fait comment ? Tout ça est délirant ». Selon lui, « il n’y a pas de trésor caché », et la mesure ne vise qu’à « hystériser le débat » politique.

« Il faut vraiment que la taxe Zucman révèle quelque chose pour qu’elle fasse à ce point-là peur au système, que quelqu’un comme Nicolas Dufourcq quitte à mon avis son rôle, qui implique une certaine réserve, pour avoir ces propos », a considéré ensuite sur BFMTV le président LFI de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel.