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Champs électromagnétiques : quels risques pour la santé et comment s’en protéger ?

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Un nouveau rapport de l’Office fédéral allemand de protection contre les rayonnements met en lumière des points d’exposition élevés aux champs électromagnétiques : les sièges arrière des voitures électriques ainsi que l’étage supérieur des trains à deux niveaux présentent des valeurs particulièrement importantes.

Photo: photo Stefan Pinter/iStock

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Durée de lecture: 13 Min.

À seulement dix ans, Silvano Steinbach bricolait déjà avec l’électronique : il avait installé une radio sur son vélo. À l’origine, elle fonctionnait avec six grosses piles, mais dans les années 80, leur coût était élevé. Ingénieux, le jeune garçon a alors eu l’idée de l’alimenter grâce à la dynamo du vélo : le cadre servait de masse, le pôle positif se trouvait au bas de la dynamo, et dès qu’il pédalait, la radio s’allumait — sans piles.

Pendant des années, il a vécu entouré d’appareils électroniques de toutes sortes. Mais en 2008, tout a basculé : un téléphone fixe sans fil a bouleversé son quotidien. Tout a commencé par de simples picotements dans la tête, vite suivis de douleurs de plus en plus intenses. Tenu du côté droit, le combiné lui provoquait une douleur lancinante dans la moitié droite de la tête. Tenu du côté gauche, c’était l’autre moitié qui semblait sur le point d’exploser.

Peu à peu, les crises se sont transformées en migraines qui duraient plusieurs jours, accompagnées de sautes d’humeur. « J’étais de très mauvaise humeur. Dépression, apathie, douleurs quotidiennes, cette pression constante… Ça vous écrase », raconte avec émotion cet homme mince, à l’apparence encore jeune.

Des avis partagés

Avec le temps, la douleur est apparue dès l’utilisation de n’importe quel appareil électronique, et pouvait durer plusieurs heures. Pour y faire face, Silvano avait recours aux analgésiques — jusqu’au jour où la souffrance l’a poussé à chercher d’autres personnes vivant la même expérience. Il en a trouvé beaucoup.

Parmi elles, Ulrich Weiner, qui a lui aussi dû réorganiser entièrement sa vie. Sur son site internet, il rappelle que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé la téléphonie mobile parmi les substances « potentiellement cancérigènes » dès 2011. Selon lui, « la téléphonie mobile se trouve ainsi au même niveau que le DDT, un pesticide presque interdit dans le monde entier ».

Le monde scientifique reste pourtant profondément divisé. Ce que certains considèrent comme de simples balivernes est, pour d’autres, une réalité scientifiquement démontrée. Dès 2019, un symposium a réuni plusieurs chercheurs de renom pour discuter des effets biologiques de la téléphonie mobile.

Mais les personnes touchées rapportent que leurs réactions douloureuses ne se limitent pas aux smartphones ou au Wi-Fi. Elles peuvent être déclenchées par pratiquement tous les appareils électriques.

Selon l’ingénieur électricien Zoheir Bouazzi, une explication possible réside dans notre conception incomplète du courant électrique : « Le courant ne circule pas dans le câble, mais autour de celui-ci. » Ce phénomène, bien connu en électrotechnique, complique l’isolation et empêche d’éviter totalement l’interaction entre les câbles. Une conséquence visible au quotidien est la conduction du courant, perceptible par tout le monde.

Les mesures ont révélé que les niveaux les plus élevés ont été enregistrés dans une voiture hybride. Il n’est toutefois pas possible de lier les pics d’exposition à la place occupée dans le véhicule, à la partie du corps exposée ou à la situation exacte lors des mesures. Une explication probable réside dans la disposition des différents composants électriques, qui varie fortement selon le constructeur. (photo ts/Epoch Times, données Office fédéral allemand de radioprotection)

Évolution sociale

Ces interactions électromagnétiques ne concernent pas seulement les grandes lignes électriques, mais aussi nos appareils du quotidien. Avec la numérisation et l’électrification croissante, leur nombre ne cesse d’augmenter. Leur puissance aussi : autrefois, la cuisinière électrique — avec ses 10 kilowatts de puissance — était l’appareil domestique le plus énergivore. Aujourd’hui, une voiture électrique développe plusieurs fois cette puissance.

Un rapport récemment publié par l’Office fédéral allemand de protection contre les rayonnements conclut que, globalement, les champs électromagnétiques liés à la mobilité électrique restent dans les normes.

Mais en y regardant de plus près, de fortes disparités apparaissent. Les passagers assis à l’arrière des voitures électriques, souvent des enfants, sont particulièrement exposés à des niveaux plus élevés. Même constat dans les transports publics, notamment à l’étage supérieur des trains à deux niveaux, où les valeurs enregistrées sont nettement plus fortes.

Tout est vraiment « dans les normes » ?

Sur son site internet, Ulrich Weiner souligne un point crucial : « Les valeurs limites légales, souvent citées et issues à 100 % de recommandations industrielles, ne protègent que contre la surchauffe des tissus. Les effets sur la santé des êtres humains, des animaux ou des plantes n’ont même pas été étudiés. »
En 2019, une étude mettant en évidence les effets néfastes des ondes de téléphonie mobile sur les arbres a été discutée lors d’un atelier international organisé par l’Office fédéral allemand de radioprotection (BfS). Intitulé « L’influence des champs électriques, magnétiques et électromagnétiques sur l’environnement vivant », cet atelier a suscité de vives réactions.
Dès 2013, l’auteure de cette étude, le Dr Cornelia Waldmann-Selsam, écrivait déjà : « Lors de visites médicales à domicile auprès de riverains malades vivant près d’antennes-relais, il a été observé dès 2005 que leurs symptômes coïncidaient souvent avec des modifications visibles sur les arbres environnants — couronne, feuilles, tronc, branches, croissance. Feuillus, conifères et arbustes de toutes sortes étaient touchés. Contrairement aux maladies humaines, le diagnostic sur les arbres n’est compliqué ni par des facteurs psychologiques ni par un changement de lieu. »
Les valeurs mesurées ultérieurement sur place pour les champs électromagnétiques à haute fréquence étaient toutes « largement inférieures aux valeurs limites ». C’est ce qu’a annoncé le BfS à l’issue de la conférence, démentant toute participation à l’étude et parlant d’un effet aléatoire. Cependant, la déclaration indiquait également : « Dans les zones exposées présentant des dommages aux arbres, les valeurs ont atteint un maximum de 8 milliwatts par mètre carré (1 à 2 % de la valeur limite), tandis que dans les zones sans dommages, elles étaient 10 à 100 fois plus faibles », a rapporté Epoch Times.
La question reste ouverte : si une fraction de l’exposition autorisée aux rayonnements cause des dommages visibles aux arbres, que se passe-t-il alors à pleine dose ? Et comment réagit l’être humain ?
La bonne mesure
Silvano Steinbach connaît bien les effets concrets de l’exposition électromagnétique. Outre des tremblements qui duraient des heures, son corps se réchauffait de façon intense : « J’étais comme un four. J’avais des fourmillements, comme si 1000 fourmis couraient dans ma tête. Puis ça commençait à brûler. Je ne pouvais même plus me laver : si je touchais de l’eau, la douleur était 100 fois plus forte. »
Son expérience personnelle contraste avec l’objectif des valeurs limites, censées justement prévenir ce type de surchauffe. Les symptômes apparaissaient comme s’il actionnait un interrupteur. Mais, avec une observation attentive, Silvano Steinbach a fini par comprendre comment les atténuer.
Les vêtements ont joué un rôle crucial dans ce processus. Inspiré par les protections portées par les électriciens, il a testé différentes matières pour trouver un soulagement. Les fibres naturelles comme la laine et le coton se sont révélées efficaces, tandis que les microfibres et autres matières synthétiques, y compris dans le linge de lit, provoquaient de nouveau des douleurs.
« J’ai alors fabriqué moi-même des appareils pour me protéger contre ces rayonnements. J’ai aussi limité ma consommation et choisi les bons appareils. Par exemple, un téléphone qui n’émet presque pas de rayonnements. Lorsqu’il est éteint, il n’y a plus d’exposition, ce qui aide également à réduire l’impact », explique M. Steinbach.
Lorsque l’installation électrique de sa maison a été rénovée, Silvano a pris des mesures radicales : il a fait déplacer tous les câbles de sa chambre à coucher de l’autre côté de la pièce. Il a même renoncé aux lampes classiques, se contentant d’une veilleuse de seulement 2 watts, suffisante pour ses besoins.
Des solutions créatives
À ses pires moments, Silvano pouvait littéralement entendre le courant circuler dans les câbles. « Les câbles sifflaient », se souvient-il. Mais il ne s’est pas laissé décourager. Après avoir modifié de nombreux aspects de son quotidien, il peut aujourd’hui utiliser Internet, mais seulement 1 à 2 heures par jour, toujours en connexion filaire, jamais sans fil.
Il a aussi découvert que tous les appareils ne provoquent pas les mêmes effets : certains lui causaient des nausées, d’autres une augmentation de la pression artérielle. En testant différentes marques et modèles, il a trouvé ceux qui lui convenaient le mieux, car chaque appareil est blindé différemment et contient des composants distincts. Certains, comme les radio-réveils, ont été complètement retirés de son environnement.
« Il faut trouver son rythme. Normal, pas trop. Et faire aussi d’autres choses. Ne pas rester assis devant cette machine [l’ordinateur] », explique M. Steinbach avec conviction.
Côté vie quotidienne, il cuisine désormais sur une plaque vitrocéramique, qu’il supporte dans une certaine mesure, mais refuse les cuisinières à induction. Pour se distraire et réduire son exposition, il s’adonne à de nouveaux passe-temps : bricolage, visites régulières de son voisin pour discuter et maintenir le lien social.
Un jukebox légendaire
Silvano s’était acheté un ordinateur, mais son électrosensibilité l’empêchait de l’utiliser. Alors, une idée originale lui est venue : intégrer l’ordinateur dans un boîtier de jukebox. « Ainsi, tout était protégé et je pouvais enfin écouter de la musique », raconte-t-il en riant.
Pour cela, il a vidé complètement le jukebox et l’a reconstruit électroniquement, avec une consommation d’électricité très faible, tout en programmant l’ordinateur pour piloter la musique.
Aujourd’hui, Silvano Steinbach conseille surtout de rester attentif à sa consommation électrique. Il se sent beaucoup mieux en limitant l’usage de la technologie et en adoptant un mode de vie plus conscient de son exposition.
Diplômé en ingénierie industrielle, Tim Sumpf s'est spécialisé dans les énergies renouvelables, la durabilité et l'économie circulaire. En tant que responsable du département « Connaissances » et statisticien, il a également couvert les thèmes du climat, de la recherche et de la technologie.

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