Opinion
Charles Alloncle : « Les Français voient très bien qu’aujourd’hui, LR est la béquille de la macronie »

Photo: Crédit photo : Charles Alloncle
ENTRETIEN – Le député UDR de l’Hérault Charles Alloncle répond aux questions d’Epoch Times sur la victoire de Bruno Retailleau à la présidence de LR et la position de son groupe parlementaire sur le projet de loi sur la fin de vie.
Epoch Times : Bruno Retailleau a largement remporté la présidence des Républicains face à Laurent Wauquiez avec 74,3 % des voix. Comment l’UDR a-t-elle réagi à son élection ?
Charles Alloncle : Nous observons cette élection d’un peu loin et regrettons que Bruno Retailleau ainsi que d’autres cadres LR ne nous aient pas rejoints lors des dernières élections législatives pour enfin proposer aux Français l’alternance qu’ils attendent depuis longtemps. Les Républicains ne constituent donc plus, pour nous, un sujet majeur.
D’ailleurs, je constate que LR, malgré une multiplication par trois du nombre d’adhérents, n’est plus aussi ancré territorialement qu’auparavant. Une cartographie récemment publiée par Le Figaro le démontre.
Seuls quelques îlots aisés continuent de s’intéresser à l’actualité de ce parti qui s’est totalement dilué dans le macronisme.
LR est un parti qui a accepté de faire alliance avec des ministres de gauche comme François Rebsamen ou Éric Lombard et de porter le flambeau d’une politique d’impuissance. Je le vois en tant que parlementaire à chaque débat…
Nous espérons malgré tout que lors de la prochaine élection présidentielle ou législative, les Républicains prendront leurs responsabilités. Nous avons bon espoir qu’ils préféreront l’union des droites à l’union de la gauche.
De plus en plus de députés LR nous disent que, demain, ils se rallieront à nous. Je note d’ailleurs que lors de la campagne pour la présidence de LR, le sujet de l’union des droites est revenu sur la table. Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez ont quand même expliqué qu’ils étaient beaucoup plus disposés à parler avec toutes les composantes de la droite, ce qui n’était absolument pas le cas il y a encore plusieurs mois.
Vous dites que la droite s’est « diluée » dans le macronisme. Pourriez-vous développer ?
C’est la réalité aujourd’hui. Le groupe parlementaire de la Droite républicaine n’est pas un groupe d’opposition. Il est considéré à l’Assemblée nationale comme une composante du bloc central qui soutient le gouvernement sur beaucoup de textes.
J’en veux par exemple beaucoup aux députés LR qui ont refusé il y a plusieurs mois de voter une proposition de loi visant à expulser les délinquants et criminels étrangers, alors que devant les micros des médias, ils emploient des mots forts contre la délinquance étrangère.
Je pense que les Français ne sont pas dupes et voient très bien qu’aujourd’hui, LR est la béquille de la macronie.
Demain, il y a fort à parier qu’ils choisissent de se ranger derrière Édouard Philippe. Je le déplore. Ces divisions de la droite font mal à la France.
Demain, il y a fort à parier qu’ils choisissent de se ranger derrière Édouard Philippe. Je le déplore. Ces divisions de la droite font mal à la France.
Éric Ciotti a appelé Bruno Retailleau à le rejoindre dans l’union des droites, mais le ministre de l’Intérieur estime que le RN est un parti « très à gauche » …
C’est une sorte de mantra que les cadres LR utilisent pour se rassurer eux-mêmes et trouver un dernier prétexte pour ne pas rejoindre l’union des droites.
Mais les Français ne sont plus réceptifs à cette rhétorique, y compris les milieux économiques. Lors de notre forum sur le big bang fiscal qui s’est tenu il y a quelques semaines, l’ancien président du Medef Pierre Gattaz a prononcé le discours d’introduction. Les entrepreneurs savent qu’ils peuvent compter sur l’UDR et le RN pour changer leur vie.
Le Rassemblement national a d’ailleurs proposé un budget de réduction des dépenses, de fusion, de suppression d’un certain nombre d’opérateurs de l’État et des réductions d’impôts pour les entrepreneurs de moins de 30 ans.
Et je ne parle même pas du programme de l’UDR. Nous avons également mis l’accent sur la réduction du périmètre de l’État, des dépenses publiques et la simplification du millefeuille territorial.
J’en appelle donc au sérieux des cadres LR qui, en réalité, sont à court d’arguments pour contredire le RN et l’UDR.
Le nouveau président des LR a très vite accédé à la notoriété depuis sa nomination place Beauvau et est aujourd’hui le ministre le plus apprécié des Français, selon le Baromètre de l’action politique Ipsos-CESI École d’Ingénieurs pour La Tribune Dimanche, publié le 17 mai. Ne risque-t-il pas de représenter une menace sérieuse pour l’alliance RN-UDR en vue de 2027 ?
Pour l’heure, les sondages sont peu flatteurs pour Bruno Retailleau. Il plafonne alors qu’il est la personnalité politique la plus exposée médiatiquement.
Les Français n’attendent pas Bruno Retailleau. Ils souhaitent une rupture franche avec le macronisme. Comment pouvez-vous incarner une rupture franche avec le bloc central 2027 alors que vous avez délibérément choisi de le rallier ?
Je tiens également à souligner que nous avons huit ans de recul pour désormais comprendre qu’Emmanuel Macron ne respecte que les oppositions fortes. Il a le plus grand mépris pour ses petits alliés.
Il décide seul avec son secrétaire général de l’Élysée, de manière verticale. Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez ont choisi de soutenir le gouvernement en sachant qu’ils perdraient en influence pour changer sa politique. Je ne pense donc pas que les Français seront séduits par le nouveau président de LR.
Les députés ont approuvé la création d’un « droit à l’aide à mourir ». Quelle est la position du groupe UDR sur le projet de loi sur la fin de vie ?
Lors d’une réunion de groupe, Éric Ciotti nous a rappelé que c’est un texte éminemment sensible, qui touche au plus profond de nos convictions. C’est la raison pour laquelle il nous laisse une liberté de vote.
D’ailleurs, même si la majorité des députés UDR devrait voter contre ce projet de loi, certains vont le soutenir.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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