Chefs-d’œuvre de la céramique coréenne

8 juin 2016 09:00 Mis à jour: 6 juin 2016 15:44

Jusqu’au 20 juin, le Grand Palais présente La terre, le feu, l’esprit. Chefs-d’œuvre de la céramique coréenne. Des chefs-d’œuvre de la collection du National Museum of Korea, dont plusieurs ont été officiellement désignés Trésors nationaux, présentent l’histoire de la céramique en Corée à partir de l’époque des Trois Royaumes jusqu’à nos jours, en passant par les dynasties Goryeo et Joseon.

Parmi les œuvres anciennes les plus remarquables figurent notamment des vases anthropomorphes, souvent enterrés avec les défunts pour guider leur âme dans l’au-delà conformément aux croyances funéraires de l’époque.

Les différentes céramiques témoignent du mode de vie des différents royaumes et des différentes périodes. Les objets en céramique constituent des ressources cruciales pour aider les chercheurs contemporains à restituer les cultures coréennes ancestrales.

Ainsi la culture aristocratique florissante de la période Goryeo est représentée par des vases en céladon aux formes somptueuses et aux généreuses couches de vernis brillant couleur jade, qui témoignent des goûts raffinés de la noblesse. L’optimisme et l’énergie du début de l’ère Joseon s’expriment à travers les ouvrages buncheong, libres et créatifs, tandis que la beauté austère de la porcelaine blanche immaculée rappelle les principes du néoconfucianisme promus par la société Joseon.

Oreiller à décor incrusté de pivoines, grues et nuages, Époque Goryeo, XIIIe siècle. Céladon H :35,2 cm L : 23,2 cm. (© National Museum of Korea)
Oreiller à décor incrusté de pivoines, grues et nuages, Époque Goryeo, XIIIe siècle. Céladon H :35,2 cm L : 23,2 cm. (© National Museum of Korea)

Par ailleurs, les pièces de la vie quotidienne en céladon et porcelaine blanche, notamment la vaisselle ou les boîtes à cosmétique, offrent un aperçu passionnant de la vie de tous les jours à cette époque. On dit que le véritable sens esthétique de la Corée est incarné par les « jarres de lune », de grandes jarres quasiment rondes en porcelaine presque blanche qui rappellent la pleine lune. Leur charme unique captive immanquablement l’amateur.

Des techniques de plus en plus élaborées

Les plus anciennes poteries coréennes ont été mises au jour à Gosan-ri sur l’île de Jeju, elles proviennent de sites dont la fondation est antérieure à 6300 avant le début de l’ère chrétienne. Les connaissances sur les peuples de cette époque et sur leur culture sont encore très limitées.

Le Néolithique livre ensuite une production relativement abondante de terres cuites à décor peigné ou en relief. Les pièces datées de l’âge du bronze sont, quant à elles, simples et d’aspect assez rudimentaire. Pendant la période des Trois Royaumes (57 av. J.-C.-668), la cuisson en réduction conduit à l’apparition d’une céramique grise. Puis les progrès techniques de l’époque du Silla unifié (668-935) permettent aux fours d’atteindre des températures de cuisson dépassant les 1 000 °C. Commence alors la fabrication de céramiques de grand feu, au corps dur, parmi lesquelles se trouvent des pièces revêtues d’une glaçure verte.

Influence chinoise et originalité

L’introduction de techniques mises au point dans les fours chinois de Yue permet la mise au point des céladons à l’époque Goryeo, à une date qui reste encore très discutée, mais que l’on pense pouvoir situer vers le milieu du Xe siècle.

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Les plus anciens céladons de Goryeo témoignent, par leurs types et par leurs formes, d’une forte influence chinoise. Mais dès le XIe siècle, la production coréenne affirme son originalité et certaines avancées techniques conduisent à une amélioration des processus de cuisson (cuisson « biscuit » par exemple) et à la construction de fours permettant la création de pièces dont la silhouette et la couleur s’accordent avec le goût de l’élégance caractéristique de l’époque Goryeo.

Ces céladons d’époque constituent incontestablement l’une des plus belles expressions du raffinement et de l’élégance sur lesquelles était fondée l’esthétique de la dynastie alors au pouvoir.

Modération et libération : le buncheong

Le buncheong est un type de céramique propre à la Corée. La céramique se divise généralement en deux groupes majeurs – le céladon et la porcelaine blanche – mais le buncheong n’appartient à aucune de ces catégories. Il occupe en effet une position intermédiaire, formant un pont entre le céladon d’époque Goryeo et la porcelaine blanche de l’époque Joseon.

Le buncheong est particulièrement réputé pour ses motifs insouciants et dynamiques qui ornent souvent ses surfaces blanches. Ces derniers sont exprimés par des incrustations, des incisions ou des motifs peints en brun de fer sous couverte.

 

Bien qu’il ait été produit sur une période relativement courte (environ 200 ans), le buncheong reflète un chapitre crucial de l’histoire des céramiques coréennes grâce à ses éléments contrastants de liberté et de sobriété.

S’inscrivant dans la tradition du céladon de Goryeo, les premiers modèles de buncheong incrustés et tamponnés étaient réservés à la cour et se caractérisaient par leurs formes et leurs motifs épurés.

Propriété et dignité : la porcelaine blanche

Les céramistes de la dynastie Joseon, influencés par la porcelaine blanche des Yuan et des Ming en Chine, ont créé un nouveau type de porcelaine blanche et « dure ». Mêlant beauté éclatante et résistance impressionnante, la porcelaine blanche est immédiatement devenue le matériau de prédilection des céramiques royales de la dynastie Joseon. La porcelaine blanche destinée à la cour de Joseon était fabriquée dans les fours officiels sous la supervision du bureau gouvernemental responsable de l’approvisionnement du roi et de la cour en denrées alimentaires.

Ensemble d’objets funéraires en porcelaine blanche, Dynastie Joseon, XVIe siècle. H. 11,8 cm (plus grande taille).(© National Museum of Korea)
Ensemble d’objets funéraires en porcelaine blanche, Dynastie Joseon, XVIe siècle. H. 11,8 cm (plus grande taille).(© National Museum of Korea)

L’idéologie dominante de la dynastie Joseon était le néoconfucianisme qui accorde une grande importance aux cérémonies, aux rituels et aux convenances. Un grand nombre de ces rituels impliquaient l’utilisation d’objets en céramique qui étaient toujours constitués de porcelaine blanche. Les jarres à placenta, les services funéraires et les jarres à décor bleu et blanc aux motifs de dragons constituent des exemples représentatifs des céramiques rituelles de la dynastie Joseon.

D’abord réservée exclusivement à la cour, la porcelaine bleue et blanche de Joseon est devenue progressivement accessible à l’aristocratie des lettrés puis aux familles aisées. Vers la fin de la période, la production et la diversité des formes des porcelaines bleues et blanches s’étaient considérablement élargies. Ainsi, leur utilisation s’étendait des objets de cour rituels à la vaisselle et aux objets du quotidien.

Tradition et modernité

La céramique traditionnelle a toujours beaucoup inspiré les artistes contemporains. C’est la raison pour laquelle cette exposition présente, aux côtés des chefs-d’œuvre traditionnels de la céramique coréenne, de grandes œuvres d’artistes coréens contemporains parmi les plus célèbres, tous actifs sur la scène artistique internationale.

Pour exemples : l’œuvre collaborative de Lee Ufan et Park Young Sook, qui utilise le style de la porcelaine bleue et blanche, une œuvre vidéo de Kimsooja intitulée Earth, Water, Fire, Air, qui analyse les quatre éléments constitutifs de l’univers (et de la céramique) sous un nouvel angle, ainsi qu’une œuvre vidéo originale des artistes Moon Kyungwon et Jeon Joonho, créée spécialement pour l’exposition, initulée A molden moon, life within a vase.

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