Est-ce que les Chinois sont des esclaves ?

Par John Mac Ghlionn
14 juillet 2021 17:48 Mis à jour: 14 juillet 2021 21:09

Pour certains lecteurs, j’en suis sûr, le titre de cet article semblera provocateur. Cependant, lorsqu’un individu devient la possession d’un autre, il devient un esclave. Quand on pense à l’esclavage en Chine, on pense à des représentants des différentes minorités ethniques et religieuses enfermées dans des camps de travail – en particulier au Xinjiang où des prisonniers au sens propre sont torturés et violés depuis des années.

Mais qu’en est-il des citoyens chinois qui semblent être libres – fonctionnaires, étudiants, enseignants, personnes influentes sur les médias sociaux, etc. En apparence, ces gens vivent en liberté. Mais comme nous le savons tous, les apparences peuvent bien être trompeuses.

Prenez par exemple la culture du travail « 996 » : travailler de 9 heures à 21 heures, six jours par semaine. En Chine, le travailleur moyen est dévoré par le travail. Épuisée par le flot constant d’instructions sur WeChat et des dates limites sans fin, la vie en Chine offre une existence misérable à la plupart de ses citoyens ordinaires.

Le PIB par habitant du pays est peut-être en hausse, mais la mentalité de « travailler jusqu’à ce qu’on en meure » règne toujours en maître. Certains employés travaillant pour de grandes entreprises de Pékin, de Shanghai, de Nanjing et d’autres grandes villes reçoivent des salaires très décents.

Toutefois, on peut se demander à quoi sert d’avoir un bel appartement si vous n’avez jamais l’occasion de l’apprécier, ou d’avoir un bon lit si vous avez rarement la chance de profiter d’une bonne nuit de sommeil ? Ce n’est pas une façon normale de vivre sa vie. Après avoir trimé pendant 72 heures, du lundi au samedi, que faire le dimanche ? Rien, à part manger, dormir, faire une grimace et recommencer le cycle. Pour toujours. Jusqu’à ce que vous soyez trop vieux pour servir à quelque chose. Les écoliers ne sont pas traités différemment, beaucoup d’entre eux y consacrent plus de 50 heures par semaine (sans compter les devoirs).

L’esclavage est synonyme de violence. En Chine, les coups sont monnaie courante, tant pour les employés que pour les élèves. Les enseignants utilisent régulièrement des bâtons pour punir les jeunes enfants. Parfois, les punitions ont une fin tragique. L’année dernière, dans la province du Sichuan, une fillette de 10 ans a été sévèrement battue par son professeur. Quelques heures plus tard, l’écolière est morte à l’hôpital.

Il est bien compréhensible que des millions de Chinois en aient assez. Aujourd’hui, les fonctionnaires de Pékin font face à une nouvelle forme de résistance qui se propage en Chine. Toutefois, ce n’est pas une forme de révolte ou « révolution » ordinaire. Elle ne se déroule pas dans les rues. Elle se passe à domicile. Plus précisément, dans les chambres à coucher. En « s’allongeant à plat » un nombre croissant de Chinois se couchent littéralement dans leur lit et prennent un repos bien mérité, pour une période indéfinie.

Comme l’a expliqué Jane Li sur le site d’information économique Quartz, le concept du récent mouvement de « s’allonger à plat » encourage « une conduite presque monastique qui consiste à ne pas se marier, ne pas avoir d’enfants, ne pas avoir d’emploi, ne pas posséder de biens et consommer le moins possible ». En d’autres termes, ne pas contribuer à la société chinoise d’une manière jugée appropriée par les maîtres esclavagistes de Pékin. Pour de nombreux Chinois, souligne Mme Li, « c’est presque le seul moyen, dans un pays autoritaire, de lutter contre les pressions croissantes causées par les longues heures de travail, la montée en flèche des prix du logement et le coût toujours plus élevé de l’éducation des enfants ».

Le peuple chinois a levé le drapeau blanc ou, plus précisément, fait un bras d’honneur. Comment le Parti communiste chinois (PCC) va-t-il réagir ?

Si un esclave refuse de travailler, il est généralement puni. Le régime chinois, ce maître des châtiments cruels et inhabituels, est-ce qu’il permettra à ses citoyens de « s’allonger à plat » ?

La réponse, comme vous l’avez peut-être déjà deviné, est un « non » catégorique. Après tout, ce mouvement (ou l’absence de mouvement) représente une menace directe pour les plans du PCC de dominer et de contrôler le monde entier. Hélas, une personne qui veut échapper à la foire d’empoigne basée sur la culture du travail acharné ferait bien de se rappeler qu’elle est toujours prisonnière de l’État-parti chinois.

La Chine n’est, après tout, guère plus qu’une gigantesque prison. Tout le monde y est surveillé, du célèbre milliardaire Jack Ma aux simples balayeurs de rues. Dans ce panoptique de surveillance permanente, la vie privée n’existe pas. Les gens ne sont que des pions dans une partie d’échecs qui se joue à Pékin.

Comme l’a récemment noté Wei Shih-chang dans le Taipei Times, le PCC prend déjà des « mesures » nécessaires. « Les censeurs du Parti ont fermé tous les forums qui parlaient du ‘s’allonger à plat’ sur Douban et d’autres médias sociaux chinois », a-t-il écrit. « Les produits comportant les caractères chinois ‘s’allonger à plat’, y compris les T-shirts et les étuis pour smartphones, ont été retirés de la vente. » Et ce n’est, on peut bien l’imaginer, que le début.

N’oubliez pas qu’un esclave est la propriété de son maître. Il est privé des droits humains fondamentaux, y compris de la vie privée. Sa liberté, ou son absence de liberté, est déterminée par son propriétaire. Avec le système pervers du « crédit social » chinois – un système de surveillance électronique omniprésente et d’attribution de « notes » aux citoyens par un algorithme informatique –, ceux qui continuent à « s’allonger » pourraient être sévèrement punis.

Mais alors, ces gens pourraient toujours choisir de quitter le pays, n’est-ce pas ? Non, avec le système du « crédit social », ceux qui ont de mauvaises notes peuvent se voir refuser des billets d’avion ou de train. Tout comme un maître d’esclaves décide si son esclave peut être libéré ou non, le PCC décide si un citoyen chinois peut quitter le pays ou non. C’est pourquoi le mouvement de « s’allonger à plat » est voué à l’échec. Espérons que je me trompe.

John Mac Ghlionn est un chercheur et un essayiste. Ses écrits ont été publiés dans des journaux comme le New York Post, Sydney Morning Herald, American Conservative, National Review, Public Discourse et d’autres médias respectables. Il est également chroniqueur à Cointelegraph.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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