Comment l’UE contribue à aggraver la crise énergétique

Siège de la Commission européenne - Bruxelles, Belgique -
Photo: by Mark Renders/Getty Images
Taxation des superprofits, nationalisation d’EDF ou encore bouclier tarifaire accordé aux petites entreprises, les propositions pour contrer les effets de la crise énergétique sont nombreuses. Loin de s’attaquer à la racine du problème, ces solutions court-termistes occultent le fait que la crise que nous traversons est, en partie, imputable à certaines politiques énergétiques de l’UE.
Problème : sur le marché de gros, le prix de l’électricité repose sur le prix moyen de la dernière centrale électrique (le plus souvent, des centrales à gaz). Un système censé favoriser les énergies renouvelables, mais la moindre tension d’approvisionnement en gaz risque de se répercuter sur l’ensemble des prix de l’énergie. Par conséquent, plusieurs États membres de l’UE ont été contraints d’appeler à une réforme structurelle afin de plafonner les prix du gaz, et rendre les prix de l’électricité moins dépendants. Des pays comme l’Espagne et le Portugal ont obtenu une dérogation exceptionnelle pour fixer eux-mêmes leurs prix, et ainsi soulager la facture des ménages et des industries. Si la guerre en Ukraine n’arrange rien, il ne fait alors aucun doute que les tensions du côté de l’offre sont liées à cette réglementation.
Ceux qui ont sabordé le nucléaire semblent ne pas avoir assez considéré certaines conséquences potentiellement néfastes. Le marché européen de l’électricité étant interconnecté, l’obsession du « tout renouvelable » de l’UE n’a fait qu’accroître la dépendance au gaz russe et au régime de Poutine. Certes, les prédictions alarmistes d’un hiver sans électricité ne se sont pas réalisées, mais les ménages et les entreprises ont subi une hausse fulgurante des prix de l’énergie et des matières premières. Là encore, les effets de la crise énergétique auraient certainement pu être atténués si le parc nucléaire en Europe n’avait pas été sabordé pour des motifs idéologiques, et si une énergie abondante et pilotable avait été disponible en plus grandes quantités.
Des erreurs stratégiques qui ne semblent pas faire réagir Bruxelles : le Conseil européen persiste à s’engouffrer dans des politiques irréalistes en portant son objectif à 40 % d’EnR d’ici 2030 (au lieu de 32 % initialement), et l’accélération du déploiement d’énergies renouvelables continue d’être présentée comme une proposition sérieuse par le commissaire européen à l’Énergie. La guerre en Ukraine a pourtant démontré qu’une telle politique ne permettra pas d’aboutir à une énergie fiable, abondante et bon marché ; et encore moins d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. Sans parler du fait qu’elle place l’Europe sous le joug de la Chine pour les décennies à venir.
Tout cela pour rien : en 2020, les États-Unis sont parvenus à faire passer la part de l’énergie fossile dans leur consommation primaire d’énergie de 85,7 à 80 % – soit quasiment la même réduction que celle qu’ont obtenue les Allemands, sans avoir recours aux très onéreux objectifs de l’Energiewende. Et pendant que le citoyen américain paye (en 2019 et en moyenne) 13 US cents pour un kWh, le citoyen français débourse 22 cents pour le même KWh, contre 34 cents pour son collègue allemand.

Articles actuels de l’auteur









