La compassion favorise la santé mentale, confirme une étude

Une étude internationale révèle que les personnes qui se détournent de la compassion se sentent plus déprimées et plus anxieuses

Par Elizabeth Svoboda
19 novembre 2021 11:27 Mis à jour: 3 mai 2023 14:57

Alors que le Covid-19 se propageait autour du globe, des millions d’entre nous ont cherché à se retirer, à se mettre à l’abri. Soumis au confinement, nous avons commencé à érigé des murs intérieurs face à l’immense souffrance perceptible de par le monde. Ainsi, pendant plus d’un an, avons-nous davantage porté notre attention vers nous-mêmes que vers les autres.

Cependant, une nouvelle étude suggère que négliger la compassion au nom de sa propre sécurité pourrait ne pas avoir l’effet protecteur escompté. Selon les chercheurs, le fait de ne pas réagir avec compassion pendant la pandémie pourrait fragiliser notre santé mentale et effilocher les liens sociaux qui soutiennent notre bien-être.

Cette recherche démontre l’effet corrosif que peut engendrer la suppression du lien instinctif qui nous lie aux autres, explique Leah Weiss, membre fondateur du programme de formation au développement de la compassion de l’université de Stanford.

« Lorsque nous adoptons une perspective fondée sur la peur et l’anxiété, nous sommes portés à nous retirer et à nous isoler. Se mettre à l’écart et s’isoler, nous rend encore plus anxieux. Cela entraîne un cercle vicieux », explique Mme Weiss. « Tout cela fait monter la tension en nous, et ensuite notre résilience, nos ressources, s’affaiblissent. »

Négliger la compassion peut se retourner contre nous

Pour étudier l’impact des attitudes compatissantes sur le bien-être des personnes pendant la pandémie, Marcela Matos, psychologue à l’université de Coimbra, et son équipe ont recruté plus de 4 000 participants en provenance de 21 pays, dont le Brésil, l’Australie, l’Arabie Saoudite et les États-Unis. Tous les participants ont répondu à un sondage en ligne au printemps 2020. On leur a demandé de décrire leurs croyances à l’égard de la compassion, leur état psychologique et la solidité de leurs liens sociaux.

L’équipe s’est particulièrement intéressée aux concepts de la peur de la compassion, qui se présentaient sous différentes formes, explique Mme Matos. Par exemple, certaines personnes craignent que la compassion ne les submerge d’émotions et les fasse chuter. D’autres estiment qu’être compatissant est une marque de faiblesse, ou que leur entourage ne mérite pas qu’on soit compatissant à leur égard.

Lorsque les gens entretiennent ce genre de croyances, ils peuvent, consciemment ou inconsciemment, bloquer leur propre capacité à être compatissant, ne pas remarquer la souffrance des autres ou ne pas leur venir en aide en cas de détresse.

« D’une certaine manière, ils ont un inhibiteur qui empêche cette motivation à être compatissant d’être activée ou d’agir », déclare Mme Matos.

En analysant les réponses au sondage, les chercheurs ont constaté que les participants qui étaient réticents à être compatissants envers eux-mêmes ou envers les autres étaient plus susceptibles de se sentir déprimés, anxieux et stressés pendant la pandémie. La peur d’être compatissant semblait également exacerber le danger que les gens pouvaient ressentir face au Covid-19. Si la menace du virus a provoqué une certaine détresse psychologique, cette détresse était exacerbée chez ceux qui étaient réticents à être compatissants ou qui avaient du mal à apprécier la compassion qu’on pouvait leur témoigner.

« Ce qui est vraiment important de noter, c’est que ce facteur risque – cet effet qui amplifie la peur de la compassion – semble être universel », a déclaré Mme Matos. « En termes de santé mentale, [ces participants] étaient plus vulnérables à l’effet négatif du sentiment de menace lié au virus ». Les personnes ayant peur de la compassion ont également déclaré se sentir moins connectées aux autres.

Les conclusions de Mme Matos rejoignent des recherches antérieures montrant que l’isolement et le repli sur soi entraînent des effets négatifs sur la santé mentale.

« L’isolement social est associé non seulement à la solitude, l’anxiété et la dépression, mais aussi à un risque accru d’hypertension, d’inflammation, de déclin cognitif et de vulnérabilité aux dépendances », déclare le psychologue australien Hugh Mackay. Ce dernier est l’auteur de The Kindness Revolution (La révolution par la bienveillance).

« La nécessité de restaurer la cohésion sociale est notre plus grand défi sociétal », ajoute-t-il.

Inverser la spirale descendante de l’isolement

Inversement, les personnes qui sont compatissantes dans des situations stressantes semblent avoir un sentiment de bien-être plus durable. D’après les résultats préliminaires d’une autre étude de Mme Matos, les programmes de formation qui favorisent le développement de la compassion semblent réduire la peur que peuvent éprouver les gens à être compatissant pendant la pandémie. D’autres études suggèrent que ce type de formation favorise l’activation du système nerveux parasympathique, qui aide à trouver le calme et à se rétablir d’événements stressants.

« La compassion est cette motivation à être attentif et sensible à la souffrance », déclare Mme Matos. « L’activation de cette motivation est liée à des régulateurs physiologiques très importants pour notre propre bien-être. »

Les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale en raison de la pandémie peuvent également recourir à la thérapie axée sur la compassion (TAC). Cette dernière aide les clients à développer leur compassion pour guérir de leurs traumatismes et clarifier leurs objectifs. Lors des séances de thérapie, on aide les patients à développer leur capacité à être compatissant en les guidant à travers des exercices, tels que se souvenir de moments où ils ont pris soin des autres ou les ont aidés à traverser des périodes difficiles.

En outre, les thérapeutes compétents peuvent aider les personnes à échapper au piège de l’isolement en les aidant à se sentir à l’aise de différentes façons en faisant preuve de compassion et d’interaction avec les autres.

« Dans le contexte du Covid », dit Mme Weiss, « nous avons davantage peur de la proximité physique. Peut-être que l’attitude a adopter serait la suivante : ‘Eh bien, par quels moyens puis-je entretenir des liens virtuellement ?’. Ou bien, ‘puis-je aménager un environnement avec des coussins placés pour moi, pour mes enfants, à une distance raisonnable ?’ Parce que plus l’on s’isole, moins l’on est résilient en fin de compte. »

Au niveau communautaire et organisationnel, les messages de santé publique qui mettent l’accent sur la protection de l’ensemble de la communauté (par exemple : « Aidez à protéger les plus vulnérables. Ensemble, nous pouvons arrêter le coronavirus » plutôt que « Le coronavirus vous attend ») sont très efficaces pour motiver les gens à se conformer aux mesures sanitaires visant à freiner la propagation du Covid-19, selon une nouvelle étude.

Selon Mme Matos, outre le fait qu’ils ralentissent la propagation du virus, ces messages compatissants axés sur la communauté encouragent les gens à s’occuper des autres d’une manière qui profite à tous.

Lorsque les gens réalisent que la compassion peut leur être bénéfique dans les moments difficiles, de la même façon qu’elle l’est pour les autres, ils sont plus motivés à sortir de la spirale de l’isolement.

« Nous sommes interconnectés socialement, dans notre communauté, par la gentillesse et la compassion. Ce sont les voies de l’harmonie sociale et de la coopération », explique Mme Mackay. « Si vous pouvez trouver les ressources nécessaires pour répondre aux besoins des autres, vos propres angoisses auront tendance à fondre. »


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t.me/Epochtimesfrance

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