Logo Epoch Times
Conflit avec la Russie

Conflit potentiel avec la Russie : le chef d’état-major assure que « la France se prépare correctement »

Dans un entretien accordé à Ouest-France à l'occasion du 107e anniversaire de l'armistice de 1918, le général Fabien Mandon alerte sur la nécessité de préparer l'armée française à une confrontation potentielle avec Moscou d'ici trois à quatre ans. Un message d'autant plus marquant qu'il intervient après ses récentes auditions devant les commissions parlementaires.

top-article-image

Le chef d'état-major des armées, Fabien Mandon, assiste à une cérémonie à l'Arc de Triomphe à Paris, le 11 novembre 2025, dans le cadre des commémorations marquant le 107e anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918.

Photo: BENOIT TESSIER/POOL/AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 7 Min.

Le général d’armée aérienne Fabien Mandon, 56 ans et chef d’état-major des armées françaises depuis juillet 2025, multiplie les avertissements concernant une menace russe grandissante. Lors d’un entretien publié mardi 11 novembre dans Ouest-France, il a réaffirmé la nécessité pour la France d’être « prête à un choc dans trois, quatre ans » face à la Russie, un message déjà délivré en octobre devant les députés de la commission de la Défense.

Une escalade militaire russe scrutée de près

Le plus haut gradé français s’appuie sur une analyse factuelle de l’évolution de la posture russe. « Je vois l’évolution de la Russie : en 2008, elle attaque la Géorgie ; en 2014, elle s’empare de la Crimée ; en 2022, c’est l’Ukraine », détaille-t-il dans Ouest-France. Selon lui, « la Russie considère que l’Europe est faible » et « se réorganise militairement pour être capable d’engager un combat contre les pays de l’Otan ».
Cette appréciation ne repose pas uniquement sur des observations françaises. Le général Mandon précise que ses alliés – États-Unis, Allemagne et Royaume-Uni – partagent ce constat établi sur la base de renseignements militaires. Devant les parlementaires, il avait d’ailleurs souligné que « le responsable du renseignement allemand s’est exprimé très récemment : la perception de l’Allemagne est la même que la nôtre ». Les services secrets allemands ont ainsi mis en garde contre une Russie prête à « entrer en conflit militaire direct avec l’Otan », une menace qui pourrait se concrétiser avant 2029, rapporte Le Figaro.
Devant les députés en octobre, Fabien Mandon avait pointé la mondialisation du conflit ukrainien : « Des Nord-Coréens se battent contre l’Ukraine sur notre continent ! La Russie a déjà mondialisé le conflit ukrainien. »

Des exercices majeurs pour tester la résilience nationale

Pour faire face à cette menace, les armées françaises participent régulièrement à « des exercices majeurs dans des conditions d’affrontements de puissances qui seraient très sérieuses, de type russe », indique le chef d’état-major dans Ouest-France. Un exercice inédit baptisé Orion 2026 est notamment prévu, associant les armées, la nation et des États alliés. « Plusieurs partenaires internationaux nous ont demandé de participer ou d’observer l’exercice, parce qu’ils partagent nos préoccupations et constatent que la France se prépare correctement », affirme-t-il.
Cette préparation ne concerne pas uniquement les forces armées. Le général Mandon insiste sur l’implication nécessaire de toute la société : « Un choc de cette nature sollicite bien plus que les armées, il faut tout un pays derrière ». Il estime que « la Russie a étudié nos sociétés et sait que notre force, c’est l’unité. Si elle réussit à nous fragmenter et à nous désunir, elle peut gagner ».

Des tentatives de déstabilisation déjà à l’œuvre

Le chef d’état-major cite plusieurs exemples de ce qu’il considère comme des tentatives de déstabilisation : les faux cercueils déposés devant la tour Eiffel, des têtes de cochon devant des mosquées, ou encore l’amplification de la panique autour des punaises de lit. Face à ces menaces hybrides, il plaide pour un double réarmement : « Le réarmement militaire est nécessaire, le réarmement moral de la nation aussi, chaque Français doit se sentir concerné ».

Depuis plus d’un an, la France est la cible d’une campagne de déstabilisation multiforme orchestrée par la Russie, dont les méthodes mêlent provocations dans l’espace public, manipulation de symboles et actions clandestines. Parmi les épisodes marquants, la découverte de « mains rouges » peintes sur plusieurs sites emblématiques à Paris ou dans d’autres villes a semé le trouble, cette pratique étant interprétée par les services français comme un message d’intimidation sur fond de guerre psychologique.​

Dans le même temps, plusieurs Moldaves ont été arrêtés à Paris et en région parisienne : ils sont soupçonnés d’avoir participé, sur instruction d’intermédiaires liés aux réseaux russes, à la mise en scène d’actes de vandalisme, notamment la pose de croix gammées sur des monuments ou des édifices publics, ou encore le dépôt de faux cercueils couverts de terre ou aux couleurs du drapeau ukrainien, devant la tour Eiffel par exemple. Ces actions visent à choquer l’opinion, alimenter la peur et créer des fractures sociales.

Un effort budgétaire indispensable

L’augmentation du budget militaire apparaît comme un levier essentiel. « Si nos rivaux potentiels, nos adversaires perçoivent que nous consacrons un effort pour nous défendre et que nous avons cette détermination, alors il peut renoncer », a-t-il déclaré devant les parlementaires, ajoutant : « S’il a le sentiment qu’on n’est pas prêt à se défendre, je ne vois pas ce qui peut l’arrêter ». Le projet de budget de la défense prévoit 57,1 milliards d’euros pour 2026, soit une hausse de 13 %.
Interrogé sur la préparation psychologique des Français, le général Mandon reconnaît dans Ouest-France qu’il ne pense pas qu’ils soient prêts à jouer un rôle dans un tel conflit, « mais les choses changent vite ». Il conclut sur un appel à la responsabilité collective : « Nous sommes à un moment de l’histoire où, collectivement, nous devons réapprendre à accepter le risque et à défendre par la force, ce qui, pour nous, est le plus précieux. »