OPINIONS

Le « crime de la pensée » devient une réalité

mai 20, 2019 19:37, Last Updated: mars 19, 2021 8:29
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Dans plusieurs pays occidentaux, on constate un nombre croissant de cas où les gens reçoivent la visite de la police pour les interroger sur leurs opinions politiques. Certaines personnes ont même été arrêtées.

Des cas au Royaume-Uni et en Nouvelle-Zélande impliquent souvent des personnes qui font des commentaires contre la migration de masse et l’islamisme. On peut le voir, par exemple, dans une vidéo devenue virale sur Facebook le 4 mai dernier – elle montre un Néo-Zélandais interrogé par la police pour ses prétendus messages en ligne au sujet de la fusillade dans la mosquée de Christchurch.

Bien sûr, le vrai problème n’est pas « l’intolérance » religieuse. Il est largement accepté que les gens, y compris les dirigeants politiques, condamnent ouvertement des religions comme le christianisme. Il s’agit plutôt d’une question politique bien particulière, liée à la politique de l’État en matière de migration de masse qui provient souvent en grande partie de pays musulmans.

On constate l’attitude sélective et le double langage par rapport au terme « intolérance », pour ce qui peut ou non être punissable par l’État. En concentrant leurs politiques sur les questions sociales, les partis politiques ont trouvé un moyen de réduire au silence les gens qui les critiquent – ceci en utilisant les pouvoirs de l’État pour harceler et intimider.

Des pratiques semblables sont aujourd’hui mises en place également aux États-Unis, bien qu’elles soient appliquées par de grandes sociétés. La Chase Bank est accusée de fermer les comptes de ceux qui sont repérés comme ayant des opinions « de droite », Twitter et Facebook sont accusés de censurer les « conservateurs », tandis que Google est accusé de licencier les employés pour avoir remis en question la politique du « politiquement correcte » de cette société.

L’écrivain britannique George Orwell avait mis en garde contre de tels systèmes en parlant de la « police de la pensée » imaginée dans son célèbre roman 1984. Cette police secrète était chargée de rechercher des « criminels de pensée » et de les punir pour leurs « crimes de la pensée ».

Ces crimes, comme l’imaginait Orwell, consistaient en pensées illégales – des croyances cachées ou des pensées négatives envers le Parti au pouvoir du socialisme anglais ou de « l’Angsoc » en « novlangue » – une simplification de la langue anglaise inventée pour servir les besoins de l’État.

Selon George Orwell, dans le cadre de ce système, on attendait d’un bon citoyen « qu’il n’éprouve aucune émotion d’ordre privé et que son enthousiasme ne se relâche jamais. Il est censé vivre dans une continuelle frénésie de haine contre les ennemis étrangers et les traîtres de l’intérieur, de satisfaction triomphale pour les victoires, d’humilité devant la puissance et la sagesse du Parti ».

« Double pensée »

Bien sûr, même à l’époque où Orwell a publié son roman (en 1949), des exemples de régimes similaires existaient sous la direction du Parti national-socialiste des travailleurs allemands sous Hitler, du Parti communiste de l’Union soviétique de Staline et du Parti communiste chinois de Mao. Ces trois régimes avaient leurs propres formes de « crimes de la pensée », les gens risquaient l’emprisonnement et la mort s’ils s’y opposaient.

Comme l’idée de la lutte est la base et la nature profonde de l’idée socialiste, on s’attend à ce que les gens, tout comme ceux imaginés par Orwell sous le régime du socialisme anglais, vivent dans une « continuelle frénésie de haine ». Ce genre de systèmes repose sur l’identification par l’État d’un groupe de « privilégiés », présenté comme profitant des « opprimés », et quiconque dit le contraire est considéré coupable de trahison idéologique pour s’être aligné avec les « privilégiés ».

Dans l’État imaginaire d’Orwell, les gens passaient par une série de gymnastiques mentales pour éviter de commettre des « crimes de la pensée ». Il s’agissait notamment d’exercices de « double pensée » : les membres du Parti pouvaient avoir en même temps deux points de vue contradictoires. On le trouve également dans le monde d’aujourd’hui – les politiciens de gauche qui proclament que la critique de l’islamisme est « l’intolérance religieuse », tandis que la critique du christianisme est en quelque sorte une bonne chose ; voilà l’un des nombreux exemples.

« Tolérance répressive »

Pour comprendre la logique derrière cette « double pensée » moderne, il faut en connaître la racine. Les socialistes tiennent à l’idée de créer un État utopique – qui est le but ultime du « progrès » – et tout ce qui s’oppose à ce « progrès » est coupable de tout ce qui doit être éliminé.

Sous Mao Zedong, par exemple, ceux qui s’opposaient à sa théorie du « politiquement correct », lancée en 1967, et essayaient de protéger de la destruction la culture chinoise pendant la Révolution culturelle, pouvaient être qualifiés de « contre-révolutionnaires » et tués par le régime.

Aux États-Unis et en Europe occidentale, le concept que quiconque s’oppose aux objectifs socialistes devrait être attaqué par tous les moyens, provient de la théorie de « tolérance répressive » de l’école marxiste de Francfort. Selon l’idée du livre d’Herbert Marcuse Critique de la tolérance pure, publié en 1965, seules les choses qui soutiennent la cause socialiste doivent être tolérées, et quiconque s’y oppose se trouve confronté à l’intolérance.

Cela a créé un concept déformé de « tolérance » qui ne tolère que ce qui correspond à son propre point de vue.

Autocensure

L’objectif de ces politiques, comme l’imaginait Orwell, était de mettre les gens dans l’état où ils se censurent eux-mêmes – non seulement dans un discours public, mais même dans leurs propres pensées. Orwell appelait un tel état « arrêt du crime » et le décrivait comme « la faculté de s’arrêter net, comme par instinct, au seuil d’une pensée dangereuse ».

Il désignait également cette autocensure comme une forme de « stupidité protectrice » qui soutient le régime totalitaire, même au mépris de la logique. Dans ce contexte, George Orwell a aussi parlé du concept « blancnoir » qui avait deux significations : « Appliqué à un adversaire, il désigne l’habitude de prétendre avec impudence que le noir est blanc, contrairement aux faits évidents. Appliqué à un membre du Parti, il désigne la volonté loyale de dire que le noir est blanc quand la discipline du Parti l’exige. »

Nous voyons la même chose aujourd’hui : l’intolérance est mauvaise, à moins qu’elle ne soit dirigée contre ceux qui s’opposent aux « politiques socialistes » – dans ce cas elle est encouragée. Les attaques contre les religions sont mauvaises, à moins qu’il ne s’agisse d’attaques contre des religions auxquelles le régime s’oppose. Le racisme est mauvais, à moins qu’il ne s’attaque aux races soi-disant « oppressives ». On voit la même théorie du « crime de la pensée » envisagé par George Orwell, appliquée par un service similaire à la Police de la Pensée et les mêmes outils de « double pensée », « d’arrêt du crime » et de « blanc noir » utilisés pour le justifier.

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