Crise au Liban: mission difficile de l’envoyé spécial français

Par Epoch Times avec AFP
22 juin 2023 12:55 Mis à jour: 22 juin 2023 13:11

L’envoyé spécial du président Emmanuel Macron, Jean-Yves Le Drian, mène jeudi une mission particulièrement difficile visant à convaincre les responsables libanais de surmonter leurs divergences pour élire un président.

« C’est une mission de concertation, une mission d’écoute pour faire en sorte que ce pays sorte de l’impasse politique », a déclaré à la presse jeudi matin l’émissaire français. Jean-Yves Le Drian, qui rencontre les représentants des différents partis politiques, a assuré qu’il venait « mener des consultations nécessaires avec tous les acteurs pour sortir immédiatement du blocage politique ».

Le Liban, en plein effondrement politique, est sans président depuis près de huit mois, le puissant Hezbollah pro-iranien et ses adversaires tentant chacun d’imposer un candidat au parlement où aucun des deux camps ne dispose d’une claire majorité. Le Parlement s’est déjà réuni à douze reprises sans succès. « Je ne viens porteur d’aucune option. Je veux écouter tout le monde », a ajouté M. Le Drian, martelant que « la solution vient d’abord des Libanais ». « Le plus important est de commencer un processus de négociation », estime l’analyste Michael Young, rédacteur en chef au centre Carnegie pour le Moyen-Orient, selon lequel « la mission de Le Drian pourrait être de mettre en marche un mécanisme » pour une négociation.

« Des espérances infondées »

Depuis 2020, la France s’est impliquée sans succès dans la recherche d’une solution au Liban et le président Macron s’y est rendu à deux reprises. « À Beyrouth, Le Drian face à une mission presque impossible », titre jeudi le quotidien indépendant L’Orient-Le Jour. « Pas de grands espoirs fondés sur la visite de Le Drian », écrit pour sa part le quotidien Al-Akhbar, proche du Hezbollah, s’attendant à une vacance présidentielle prolongée. « On a des espérances infondées », estime une source familière du dossier à Paris. « Ce n’est pas Le Drian qui va changer un système politique sclérosé, des politiques corrompus qui ne voient que leurs intérêts propres ». Pour cette source, une solution n’est pas possible « tant qu’il n’y a pas de pression sur le Hezbollah ».

L’émissaire français a rencontré mercredi soir dès son arrivée le chef du Parlement Nabih Berri, allié du Hezbollah, qui joue un rôle pivotal. Jeudi, il s’est réuni avec le Premier ministre Najib Mikati, qui dirige de facto le pays, avant de se rendre auprès du patriarche maronite Béchara Raï, chef spirituel de la communauté chrétienne la plus influente, dont doit être issu le président de la République.

Des responsables du camp chrétien ont reproché à la France d’avoir proposé dans un premier temps de soutenir le candidat du Hezbollah à la présidence, l’ancien ministre Sleiman Frangié, à condition qu’il soit flanqué d’un Premier ministre sunnite réformateur, conformément au partage communautaire du pouvoir. M. Le Drian n’a pas par le passé mâché ses mots à l’adresse de la classe politique libanaise, restée solidement en place malgré un soulèvement populaire à l’automne 2019 qui n’avait pas abouti.

« Un package deal » régional

Lors d’une visite en mai 2021 au Liban, alors qu’il était ministre des Affaires étrangères, il avait accusé les responsables politiques d’organiser un « suicide collectif ». Quelques mois plus tôt, il avait comparé le Liban au naufrage du « Titanic, sans l’orchestre ».  La France, ancienne puissance mandataire, est le pays s’impliquant le plus au Liban. Or il a fallu une intervention régionale ou internationale pour régler les précédentes crises ayant secoué le pays. La crise politique libanaise a été au centre des discussions le 15 juin à l’Élysée entre Emmanuel Macron et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Les deux dirigeants ont demandé « à mettre rapidement un terme à la vacance politique » au Liban.

Le récent rapprochement entre l’Iran et l’Arabie saoudite pourrait contribuer à une solution. Pour Michael Young, la solution doit se jouer à deux niveaux, local et régional, or l’Arabie saoudite n’a pas encore fait connaître ses exigences, selon lui. D’après l’analyste, « un package deal » régional comprendrait non seulement l’élection d’un président, mais aussi la nomination « d’un Premier ministre, d’un gouverneur de la Banque centrale » dont le mandat expire en juillet et d’un commandant en chef de l’armée, qui achève également sa mission à la fin de l’année.

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