Démunie de sa marine, l’Ukraine face aux manœuvres navales russes

Par Epoch Times avec AFP
12 février 2022 13:30 Mis à jour: 12 février 2022 13:58

En patrouille dans la mer d’Azov, le capitaine ukrainien Olexandre Sourkov regarde de travers les mitrailleuses de son navire et déplore à quel point elles seront futiles en cas d’attaque russe. 

« Nos armes sont conçues pour protéger la frontière, pas pour faire la guerre », déclare à l’AFP le capitaine de 32 ans en tenue de camouflage bleue à bord du bateau qui avance au large de Marioupol, ville portuaire et industrielle dans l’est de l’Ukraine.

« Mais s’ils attaquent, nous nous défendrons avec toutes les armes dont nous disposons. » 

La Russie a lancé samedi de nouvelles manœuvres navales d’ampleur à proximité, dans la mer Noire, avec plus de 30 navires qui ont pris la mer depuis Sébastopol et Novorossiïsk.

La Russie a saisi les navires ukrainiens en 2014

Un patrouilleur quitte la base frontalière du port ukrainien de Marioupol sur la mer Noire le 11 février 2022. Photo par ALEKSEY FILIPPOV/AFP via Getty Images.

L’ancienne force navale ukrainienne, stationnée presque entièrement à Sébastopol, en Crimée, a pratiquement disparu lorsque la Russie a annexé la péninsule et saisi les navires ukrainiens en 2014.

Selon les analystes militaires, l’Ukraine ne dispose désormais que d’un seul navire de guerre et d’une dizaine de patrouilleurs du type de celui commandé par le capitaine Sourkov.

« La présence de patrouilleurs russes augmente. Nous les voyons souvent à la limite de notre territoire », explique Olexandre Sourkov. « Ils attisent les tensions. »

Marioupol se trouve tout près de la ligne de front séparant le territoire sous contrôle du gouvernement ukrainien de celui contrôlé par les séparatistes prorusses soutenus par la Russie dans la région de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine.

-Le navire de guerre russe BSF 158 navigue dans le détroit du Bosphore au large des côtes de la ville d’Istanbul en route vers la mer Noire. Photo OZAN KOSE/AFP via Getty Images.

La ville a subi des attaques répétées au cours des premiers mois du conflit en 2014 alors que les séparatistes tentaient de s’emparer de son port.

Le conflit dans l’est de l’Ukraine a fait plus de 14.000 morts

Kiev a pu résister, à un coût élevé. Selon les estimations de l’ONU, le conflit dans l’est de l’Ukraine a fait plus de 14.000 morts et plus de 1,5 million de déplacés.

Les garde-côtes qui patrouillent dans les eaux au large de Marioupol doutent d’être en mesure de repousser un assaut russe qui pourrait accompagner une invasion terrestre depuis l’est et le nord de l’Ukraine.

Les navires russes qui sont entrés dans cette région de la mer Noire « ont des armes qui peuvent être utilisées aussi bien sur terre qu’en mer. Ils ont des missiles », dit le capitaine des garde-côtes ukrainiens Igor Tchernov.

Les tensions entre l’Ukraine et la Russie ont augmenté le 25 novembre 2018 lorsque Les forces russes ont ouvert le feu et saisi trois navires de la marine ukrainienne,  arrêtant les 24 membres d’équipage. Photo GENYA SAVILOV/AFP via Getty Images.

« Nous comptons sur une solution diplomatique de la crise, mais il faut se préparer au pire », souligne Olexandre Sourkov.

Pour Nick Childs, expert des forces navales de l’Institut international d’études stratégiques à Londres, un assaut contre l’Ukraine ne serait pas facile à réaliser, même pour une puissance militaire comme la Russie.

Le Kremlin se prépare à une telle attaque depuis près d’un an

« On a accordé beaucoup d’attention aux mouvements de navires amphibies russes dans la mer Noire pour renforcer les forces déjà présentes », dit-il à l’AFP. « Cependant, ce type d’opérations présenteraient des dangers pour les forces russes et l’Ukraine possède certaines capacités de défense côtière, notamment des missiles anti- navires en développement« , ajoute-t-il.

« Nous avons de bonnes défenses le long de la côte de la mer Noire », souligne Mykola Beleskov, analyste ukrainien du Centre des études stratégiques.

« Ce serait une opération très compliquée pour la Russie », affirme-t-il, « Si l’opération se limite à l’envoi de fusiliers-marins, on survivra ».    

Selon l’analyste militaire russe Pavel Felgenhauer, le Kremlin se prépare à une telle attaque depuis près d’un an.

Deux canonnières ukrainiennes, similaires à celles saisies par la Russie, sont vues dans le port de Marioupol, sur la mer d’Azov, le 2 décembre 2018. Photo GLEB GARANICH/AFP via Getty Images.

« Ils ont organisé un exercice d’atterrissage sur le champ de tir d’Opouk, en Crimée, en avril dernier », dit-il. « Le plan est de concentrer une force d’assaut amphibie massive de 10.000 soldats dans la première vague. Les Ukrainiens ne pourraient jamais repousser cela ». 

« Et puis la deuxième vague viendrait. Un débarquement amphibie serait très difficile à surmonter car la Russie est supérieure non seulement en mer, mais aussi dans l’air ». 

L’idée qu’une guerre puisse éclater à tout moment est source d’anxiété pour la famille du capitaine Sourkov, qui passe la quasi-totalité de son temps en mer depuis le début de l’année.

« Ma femme est angoissée parce que je passe si peu de temps à la maison. Elle me demande tout le temps si tout va bien ». 

 

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