ÉCONOMIE

Dérapage du déficit public: les oppositions fustigent « l’incompétence » du gouvernement

mars 20, 2024 16:25, Last Updated: mars 20, 2024 16:34
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Plusieurs figures des oppositions de droite comme de gauche ont fustigé mercredi « l’incompétence » de l’exécutif, désormais « au pied du mur » avec le dérapage attendu du déficit public, s’inquiétant d’un risque de « coupes aveugles » dans les dépenses sociales. Preuve de la sensibilité du sujet, plusieurs réunions sont programmées mercredi soir à l’Élysée.

L’Insee rendra son verdict le 26 mars, mais les chiffres ne sont pas bons et le gouvernement le sait : le déficit 2023 sera « significativement » supérieur aux 4,9% prévus, a déjà prévenu Bruno Le Maire. L’objectif d’un déficit ramené à 4,4% cette année apparaît hors de portée avec la révision de la croissance du PIB de 1,4 à 1%. Et ce malgré la hausse des économies portés de 12 à près de 20 milliards d’euros annoncée par le ministre délégué aux Comptes publics Thomas Cazenave.

Le pays « emprunte le même chemin que la Grèce »

« On lui avait dit “votre budget est truqué, il n’est pas sincère” (…) aujourd’hui on est au pied du mur », a déploré Bruno Retailleau sur Public Sénat.

Pas satisfait du tour de vis annoncé sur l’assurance chômage et les dépenses de santé, le patron des sénateurs Les Républicains a estimé que « c’est trop tard, parce qu’on va s’y prendre de la plus mauvaise façon, en faisant des coupes un peu aveugles ».

Dans le quotidien Les Échos, le président du parti des Républicains, Éric Ciotti, dénonce la « situation dramatique » des finances publiques françaises, assurant que le pays « emprunte le même chemin que la Grèce ».

Pas sur le dos des plus pauvres

La cheffe de file des députés du Rassemblement national, Marine Le Pen, s’est dite clairement « contre » la réduction de l’indemnisation des chômeurs, renvoyant le gouvernement à son « incompétence dans le domaine financier ».

« Ce sont des champions du monde de la dette, des déficits, des défaillances d’entreprise », a-t-elle affirmé sur France Inter, jugeant que « leurs résultats sont pitoyables » et qu’« ils n’ont plus le droit de donner de leçon dans ce domaine à quiconque ».

Pour Thomas Ménagé (RN), « le gouvernement essaye de trouver de nouveaux artifices de communication pour cacher son incompétence. En matière de déficit public, nous avons les pires chiffres de la zone euro », a-t-déclaré à LCP. Il ne se dit ne pas être attaché au « dogme des 3% » mais à contrôler les finances publiques.

Il faut faire des économies, nous dit-il, mais pas sur le dos des plus pauvres. Il cite le rapport de la cour des comptes disant que les industries gazières et pétrolières ont réalisé 30 milliards d’euros (de marges bénéficiaires nettes ndlr) l’an dernier.

Thomas Ménagé avait voté la mesure de taxe sur les superprofits proposé par le Modem, mesure également portée par le RN. Mais il y a également d’autres pistes, telles que les rachats d’action, l’immigration, la fraude, la réduction du train de vie de l’État, le montant de la participation française à l’UE ainsi qu’un impôt sur la spéculation financière à distinguer de la fortune immobilière, relative « à la propriété et l’enracinement, ce qui fait la France ».

À gauche également, Adrien Quatennens (LFI) a jugé sur CNews et Europe 1 que « ces gens-là sont de piètres économistes » qui « ont creusé le déficit et la dette pour faire des cadeaux toujours aux mêmes » et « n’ont pas à donner des leçons aux Français ». « Plutôt que de dire que la France est accro à la dépense publique », le député insoumis a pointé « les riches accros aux cadeaux fiscaux qui ont été faits de manière massive » depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017.

Pas question de toucher au levier fiscal

Cette dérive des comptes s’invite à l’agenda d’Emmanuel Macron, qui recevra à 17h30 son ministre de l’Économie, ainsi que ceux chargés des collectivités locales et des affaires sociales, Christophe Béchu et Catherine Vautrin. L’occasion de remettre sur la table certaines pistes déjà avancées par l’exécutif, notamment pour freiner les dépenses d’assurance chômage et de santé.

Le président a aussi convié mercredi à dîner les chefs des partis et groupes parlementaires qui composent sa majorité, pour tenter d’accorder les violons alors que des dissonances se font entendre. Quelques députés plaident, en effet, pour augmenter les impôts des « ultra-riches » ou des grandes entreprises, dont le chef du groupe MoDem Jean-Paul Mattei.

Mais pas question de toucher au levier fiscal, a rappelé mercredi Gabriel Attal. « Nous préférons augmenter la pression sur les fraudeurs plutôt qu’augmenter les impôts sur les Français », a déclaré le Premier ministre en présentant les « résultats historiques » du fisc, qui a recouvré plus de 15 milliards d’euros de fraude fiscale l’an dernier.

« Les coups d’éclat dans les médias, c’est bien. Mais être en cohérence dans les débats à l’Assemblée nationale, c’est peut être mieux », a répondu la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot à l’issue du conseil des ministres, accusant LR de multiplier les « propositions » qui « vont dans un sens d’augmenter les dépenses de l’Etat ».

L’exécutif, qui envisageait de présenter un budget rectificatif « à l’été », c’est-à-dire après les élections européennes du 9 juin, devra-t-il revoir son calendrier au risque d’un 49.3 et d’une censure?

A tout le moins, il faudra donner des gages avant le couperet des agences de notation : Fitch et Moody’s le 26 avril, et surtout S&P le 31 mai, une semaine avant le scrutin.

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