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Des survivantes d’attaques à l’acide inspirent le changement au Népal

novembre 9, 2018 18:39, Last Updated: novembre 8, 2019 8:08
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KATHMANDU, Népal – Un après-midi lorsqu’elles se prélassaient dans un café populaire sur la place du palais historique de la capitale népalaise Katmandou, Sangita Magar et Sima Basnet semblaient être des clientes ordinaires. Les jeunes femmes sirotaient un café et parlaient de leurs projets d’avenir, parfois en étouffant des rires.

Mais les circonstances qui les ont réunies étaient loin d’être ordinaires.

Un matin de février, il y a trois ans, les deux jeunes femmes attendaient que leur professeur arrive à un centre d’enseignement à quelques coins de rue du café quand un homme a pris d’assaut la classe et a aspergé Sangita d’un acide brûlant la chair, la laissant défigurée.

Sangita Magar (à gauche), 19 ans, et Sima Basnet, 20 ans, dans un restaurant à Katmandou, au Népal, le 30 octobre 2018 (Deepak Adhikari/Special to The Epoch Times)

Une partie de l’acide a éclaboussé Sima, qui était assise à côté de Sangita, lui brûlant le front et le cou.

Depuis l’attaque, Sangita, maintenant âgée de 19 ans, a dû subir de multiples chirurgies et des greffes de peau douloureuses.

« Il a tout à coup fait irruption dans la pièce et, quand nous avons levé la tête, il m’a jeté de l’acide au visage, au cou, sur la poitrine, aux bras et aux jambes », dit Sangita.

Cet horrible incident a stupéfié le Népal et a changé la vie des adolescentes, qui ont été attaquées en représailles à une dispute familiale.

Trois ans plus tard, Sangita et Sima, dont les familles avaient émigré à Katmandou de différents districts dans l’est du Népal, poursuivent leur vie.

Alors que la vie de Sangita tourne toujours autour des visites à l’hôpital, Sima, aujourd’hui âgée de 20 ans, se renseigne sur les survivantes des attaques à l’acide en Inde, où ces attaques sont répandues.

Inspirer le changement

Il y a un an, Sima a fait un séjour d’un mois en Inde pour rencontrer des survivantes. Sima a d’abord contacté le groupe de New Delhi Stop Acid Attacks (SAA), après avoir visionné une vidéo de Laxmi Agarwal, une survivante indienne de l’attaque à l’acide et militante du SAA.

Photo du dossier de Sima Basnet se préparant à un examen scolaire dans un hôpital de Katmandou, au Népal, le 18 mars 2015, trois semaines après avoir survécu à une attaque à l’acide. (Prakash Mathema/AFP/Getty Images)

Lors de sa visite à New Delhi, elle a rencontré Laxmi Agarwal et Pramodini Roul, une femme qui a été aspergée d’acide par un amant rejeté et qui a perdu la vue. Sima a également assisté à un défilé de mode organisé par des survivantes dans la ville de Dehradun, dans le nord du pays, et a visité un café tenu par des survivantes des attaques à l’acide à Agra.

Elle a dit que le voyage en Inde lui a donné le sentiment que ses problèmes étaient mineurs par rapport à la souffrance des survivantes indiennes.

« Leurs histoires m’ont motivée à faire quelque chose, n’importe quoi pour les autres survivantes au Népal », dit-elle.

Depuis son retour chez elle, elle s’est rendue dans plusieurs districts du Népal pour mener des campagnes de sensibilisation sur ces attaques. Elle a également aidé à recueillir des fonds pour aider les survivantes à payer leurs frais médicaux.

Jusqu’à il y a quelques mois, Sangita s’aventurait rarement à l’extérieur à cause de ses blessures, mais elle s’est jointe récemment à Sima. Elle voyage maintenant, bien que le côté droit de son visage soit couvert de bandages. Les deux jeunes femmes travaillent actuellement à la création d’une organisation sur le modèle de Stop Acid Attacks dans leur pays.

Attaques à la hausse

Ces dernières années, la violence à l’égard des femmes a connu une forte augmentation au Népal, la nation sud-asiatique étant souvent citée comme l’un des pays généralement associés aux attaques à l’acide, avec le Bangladesh, l’Inde et le Pakistan, pour n’en citer que quelques-uns.

Photo au dossier de Sangita Magar reposant sur un lit d’hôpital à Katmandou, au Népal, le 18 mars 2015, trois semaines après avoir survécu à une attaque à l’acide. (Prakash Mathema/AFP/Getty Images)

Selon Pratiksha Giri, la directrice exécutive de Burns Violence Survivors Nepal (BVS-Nepal), un organisme à but non lucratif qui soutient les survivantes, on rapporte en moyenne 40 cas de brûlures et d’attaques à l’acide chaque année. Toutefois, dit-elle, le chiffre réel pourrait être beaucoup plus élevé parce que beaucoup de cas ne sont pas signalés par honte et par crainte de représailles.

Lors d’un incident récent, Samjhana Das, âgée de 18 ans, et sa jeune sœur ont été attaquées à l’acide alors qu’elles dormaient chez elles dans le sud-est du Népal le 17 septembre. L’agresseur était un homme de 50 ans dont les avances non désirées avaient été rejetées par Samjhana.

Samjhana Das, qui avait subi de graves brûlures sur 35 % de son corps, a succombé à ses blessures après avoir lutté pour sa vie pendant deux semaines dans un hôpital de Katmandou.

Quelques jours plus tard, un homme de 37 ans a jeté de l’acide sur Basanti Pariyar, âgée de 30 ans, parce qu’elle avait rejeté sa demande en mariage. L’attaque lui a laissé des brûlures au visage. Basanti suit un traitement dans un hôpital gouvernemental à Katmandou.

Sima a déclaré que ces deux attaques l’ont inspirée à élever davantage la voix pour soutenir les survivantes. Sangita, pour sa part, était l’une des deux requérantes qui se sont adressées à la Cour suprême pour obtenir une meilleure indemnisation pour les survivantes. Par conséquent, un nouveau Code criminel prévoit jusqu’à huit ans d’emprisonnement pour les personnes reconnues coupables et une indemnisation de 300 000 $ (2 300 euros) pour les survivantes.

Stigmatisation

Pratiksha Giri dit que le sort des survivantes est aggravé par la stigmatisation sociale à laquelle elles sont confrontées ainsi que par le manque de services de réadaptation.

« Elles font l’objet de discrimination dans les services publics tels que les autobus. Les gens croient aussi à tort que leur présence porte malheur », a-t-elle dit.

Depuis 2010, BVS-Népal a enregistré 249 cas de brûlures violentes, dont les principales causes d’agression sont les mariages entre castes, les litiges de propriété, les dotes de mariage et les affaires extraconjugales.

Mohna Ansari, porte-parole de la Commission nationale des droits de l’homme, a souligné que le gouvernement devrait réglementer la vente de l’acide.

« L’acide ne devrait pas être facilement disponible. Le gouvernement contrôle peut-être ses ventes dans des villes comme Katmandou, mais il doit aussi réglementer les ventes dans les zones rurales », a-t-elle dit.

« Le problème était si grave que des campagnes, telles que les campagnes de sensibilisation, n’ont fait qu’effleurer la surface », a-t-elle ajouté.

« Il y a des facteurs sociologiques et familiaux derrière ces attaques. La plupart des jeunes ne reçoivent pas une éducation de bonne qualité, ce qui entraîne le chômage. Cela, à son tour, entraîne de la frustration », a dit Mohna Ansari.

« Répondre à leurs besoins financiers par le biais du bénévolat rémunéré et leur permettre d’explorer des possibilités pourraient contribuer à lutter contre ce fléau », a-t-elle suggéré…

Toujours inquiète

Alors que leur attaquant, Jiwan Bika, reste derrière les barreaux, Sangita et Sima s’inquiètent toujours pour leur sécurité.

« Je crains toujours que quelque chose n’arrive. Je continue de recevoir des menaces de sa famille », a dit Sangita.

Sima s’est fait l’écho du sentiment de sa compagne survivante. « Notre société blâme les femmes pour l’attaque. Mais ce sont les hommes qui attaquent les femmes. Après leur libération de prison, les criminels doivent être réformés et éduqués afin qu’ils ne commettent plus un tel crime », a-t-elle dit.

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