Des survivantes du trafic sexuel partagent des histoires déchirantes, mais communes

Par Charlotte Cuthbertson
20 janvier 2020 00:05 Mis à jour: 20 janvier 2020 00:09

WASHINGTON – Barbara Jean Wilson avait 8 ans quand elle a été victime de trafic sexuel pour la première fois. Sa mère était la proxénète.

« Au lieu de me laisser sortir, elle ramenait les hommes à la maison », a déclaré Barbara lors d’un sommet sur la traite au ministère de la Justice le 14 janvier.

« On me donnait de la drogue. J’étais nourrie à l’alcool. La seule fois où j’ai eu le courage de dire ‘Non’, l’un d’eux m’a mis un pistolet sur la tempe et a dit : ‘Personne ne me dit non.’ »

Barbara Wilson a raconté qu’elle avait supplié sa mère pour que cela cesse, mais sa mère lui a répondu que c’était ainsi que le loyer était payé.

« Et donc je n’avais nulle part où chercher de l’aide et j’ai juste fait avec. C’est comme ça que je vivais », a-t-elle dit.

Barbara Wilson a finalement été jetée hors de chez elle et, pour survivre, elle s’est enfoncée dans la drogue et a fait la seule chose qu’elle connaissait – vendre son corps.

À 15 ans, elle avait une fille à charge. Vers 17 ans, Barbara a fait une overdose de drogue, et ironiquement, c’est ce qui l’a sauvée, selon elle.

« Le Saint-Esprit est venu à moi et a dit : ‘Assez, c’est assez’ », a-t-elle dit. « Et j’ai fait la promesse à Dieu que s’il me faisait traverser cette épreuve, je passerais le reste de ma vie à partager mon histoire pour aider d’autres victimes… [et] apporter la compréhension et la prise de conscience à ceux qui ne savent pas ce que nous traversons. »

Elle le fait depuis, mais la douleur est toujours présente. Malgré ce que sa mère lui a fait subir, elle dit qu’elle lui a pardonné.

« Elle a demandé pardon. Je lui ai pardonné. J’ai pardonné à mes agresseurs. […] Pour que je puisse aller de l’avant, je devais pardonner », a-t-elle dit. « Mais ça m’a fait du tort de bien des façons, ça m’a fait du tort de bien des façons. »

Barbara Jean Wilson, survivante du trafic sexuel, lors d’un événement sur la traite des personnes au ministère de la Justice à Washington, le 14 janvier 2020. (Samira Bouaou/The Epoch Times)

L’itinérance et la traite des personnes

Bill Bedrossian, PDG de Covenant House en Californie, a déclaré que son organisation est le plus grand prestataire de services pour les jeunes sans-abri aux États-Unis.

« Et par défaut, nous sommes devenus le plus grand pourvoyeur de logements pour les victimes de la traite des êtres humains », a-t-il dit. « Pour beaucoup de ces jeunes, ils ont littéralement commencé à être victimes de la traite à 8 ou 9 ans par les membres de leur famille, par les gangs, par la vie de rue à laquelle ils ont été exposés. »

Une étude récente menée par Covenant House a révélé que 20 % des jeunes qui se retrouvent sans-abri font l’objet d’un trafic sexuel, a expliqué M. Bedrossian.

Il a déclaré avoir remarqué un changement au cours des cinq à dix dernières années, tant dans la sophistication des trafiquants que dans le caractère insidieux du crime.

Kay Duffield, directrice exécutive de la Northern Virginia Human Trafficking Initiative, a déclaré que dans environ 84 % des cas de trafic sexuel, le trafiquant utilise Internet pour vendre ses victimes.

« Un client a affirmé qu’acheter du sexe était aussi facile que d’aller sur Internet et de commander une pizza. »

Les trafiquants sont des prédateurs

Barbara Amaya a grandi à Fairfax, en Virginie, dans une maison qu’elle disait magnifique à l’extérieur, mais qui ne l’était pas à l’intérieur.

Barbara a affirmé avoir été abusée et a fini par passer par « tous les systèmes », y compris la protection de l’enfance, le placement en famille d’accueil et la justice pour mineurs. À 12 ans, elle avait déjà fait une fugue.

« Je ne fuyais pas seulement, je courais pour trouver quelque chose », a-t-elle dit. « Et les trafiquants sont des prédateurs. Ils s’attaquent aux personnes vulnérables. »

Un jour, elle a été approchée par une jeune femme de Dupont Circle, à Washington, qui lui a suggéré de rentrer à la maison avec elle pour trouver de quoi manger.

« Elle m’a ramenée chez elle. Et il y avait son petit ami, qui était en fait son proxénète », a raconté Barbara. « Ils ont commencé à me faire travailler comme prostituée. J’avais 12 ans. »

Peu après, elle a été vendue à un homme qui l’a emmenée à New York pour la prostituer avec d’autres mineurs qu’il avait achetés dans tout le pays.

« Il avait beaucoup d’autres jeunes dans différents hôtels de New York. Il avait deux appartements à Manhattan de chaque côté – East Side et West Side, et il déplaçait toujours tout le monde pour garder chacun en situation de déséquilibre et d’isolement », a-t-elle dit.

Son proxénète est devenu violent lorsqu’elle ne ramenait pas assez d’argent.

« Il me battait avec un cintre en fil de fer […] me jetait dans les escaliers, me jetait d’une voiture », raconte Amaya.

« La violence s’est produite entre ses mains et aussi entre celles des clients. On m’a tiré dessus, on m’a poignardée. J’ai été tout ce à quoi vous pouvez penser, ou ne pas penser. Quand quelqu’un pense qu’il vous achète, il pense qu’il peut vous faire ce qu’il veut. »

Barbara Amaya, survivante du trafic sexuel, au Sommet sur la lutte contre la traite des êtres humains au ministère de la Justice à Washington le 14 janvier 2020. (Samira Bouaou/The Epoch Times)

Vers 15 ou 16 ans, Barbara Amaya était toxicomane à l’héroïne lorsqu’elle a été incarcérée à la prison de Rikers Island. Elle s’est échappée de ce brouillard infernal assez longtemps pour révéler aux autorités son vrai nom et son âge et leur a demandé d’appeler ses parents. Ils sont revenus et ont dit que ses parents étaient en route.

« J’ai eu tout ce flot d’émotions parce que j’étais partie depuis tant d’années, et je ne sais pas ce qu’ils ont dit à mes parents. J’avais honte, une honte horrible – ‘Tout cela est de ma faute.’ », se souvient-elle.

« J’ai ouvert la porte de la chambre. Et je suis entrée dans la pièce, il y avait mon proxénète qui se tenait là. »

Barbara a expliqué qu’elle ne sait toujours pas comment le proxénète a su qu’elle était là. Mais elle était en manque d’héroïne et est partie avec lui, ses parents sont arrivés 10 minutes plus tard. Ça l’a remise dans le circuit pendant sept ans.

« Les drogues ont engourdi mon cerveau et mon corps dans l’existence que je vivais. Donc, à 23 ou 24 ans, je mesurais 1,75 m, pesais 99 kg et j’allais probablement mourir. Je le savais », a-t-elle dit. « Je savais que je devais faire quelque chose, et je me suis arrêtée dans une clinique pour drogués dans le Lower East Side. »

Elle se rappelle très bien comment la réceptionniste l’a traitée « comme un être humain ».

« Elle se préoccupait de moi. J’ai senti que je comptais. Je ne me souviens pas avoir déjà ressenti ça avant, peut-être que ce n’était jamais arrivé », a dit Barbara. « Et grâce à elle, prenant le temps de me traiter comme un être humain, elle m’a propulsée hors de New York. »

Sortir

Selon Barbara Jean Wilson, les victimes de la traite des personnes à des fins sexuelles devraient savoir qu’elles peuvent s’en sortir et mener une existence normale.

« N’ayez pas honte de ce que vous avez subi, car vous n’êtes pas à blâmer », a-t-elle dit. « Ce n’est pas la vie que quelqu’un devrait avoir à vivre. Et surtout pas un enfant. »

« Quand vous voyez ces jeunes filles et ces jeunes garçons dans la rue, ils ne sont pas là parce qu’ils le veulent. Ils sont là parce qu’ils n’ont nulle part où aller. Ils n’ont confiance en personne. »

Selon Bill Bedrossian, le point commun entre les jeunes sans-abri et les jeunes victimes du trafic sexuel est qu’ils ont un grand désir d’amour et d’appartenance.

« Nous voulons tous que nos vies aient un sens », a-t-il dit. « La meilleure façon de dissuader un jeune de devenir une victime du trafic sexuel est pour lui de vivre une relation constructive avec un adulte dans sa vie. »

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