Les Instituts américains de la santé (NIH) compromis dans le financement des expériences de gain de fonction du laboratoire de Wuhan

Par Zachary Stieber
24 octobre 2021 23:10 Mis à jour: 24 octobre 2021 23:10

Les Instituts américains de la santé (NIH) ont financé des recherches en Chine qui ont permis de créer un coronavirus de chauve-souris à virulence renforcée, selon certains documents récemment divulgués.

Une expérience menée à l’Institut de virologie de Wuhan, non loin du site où les premiers cas de Covid-19 ont été signalés, consistait à comparer des souris infectées par le coronavirus original de la chauve-souris à des souris infectées par une souche modifiée par les chercheurs, selon les documents.

Au 20 octobre, Lawrence Tabak, le principal directeur adjoint du NIH a soutenu dans une lettre adressée aux parlementaires américains (pdf) que les souris infectées par la version modifiée « étaient plus malades que celles infectées » par le virus original.

L’« expérience limitée » visait à déterminer si « la protéine spike des coronavirus de chauve-souris circulant naturellement en Chine était capable de se lier au récepteur ACE2 humain dans un modèle souris », a écrit Lawrence Tabak, ajoutant que le « résultat inattendu » n’était pas « du tout ce que les chercheurs poursuivaient ».

Selon certains experts, que cela ait été voulu ou non, la recherche entre dans la catégorie des expériences dites de « gain de fonction ».

« La manipulation génétique du MERS et du SRAS réalisée à Wuhan constituait clairement des expériences de gain de fonction », affirme pour Epoch Times Jonathan Latham, directeur exécutif du Bioscience Research Project, dans un courriel. « De plus, il est absurde de la part des Instituts américains de la santé de décrire la pathogénicité virale accrue qui a été observée dans les expériences qu’ils ont financées comme ‘inattendue’ alors que clairement ces expériences étaient expressément conçues pour détecter une pathogénicité accrue. »

Richard Ebright, biologiste moléculaire à l’université Rutgers a publié sur Twitter, les NIH « rectifient les affirmations mensongères du directeur des NIH, M. Collins, et du directeur du NIAID, M. Fauci, selon lesquelles les NIH n’ont pas financé de recherches de gain de fonction à Wuhan ».

Les documents nouvellement publiés consistent principalement en un cinquième et dernier rapport d’activité (pdf) pour la série de subventions. Ce rapport a été soumis le 3 août, soit plus de deux ans après la fin des recherches.

Le rapport final d’EcoHealth contient également une description des expériences menées sur des clones du MERS-CoV, le virus à l’origine en 2012 de l’épidémie au Moyen-Orient avec un taux de mortalité d’environ 35 % (selon les données de l’OMS).

Les scientifiques disent avoir utilisé une « stratégie de génétique inverse similaire » à celle utilisée dans les études sur les coronavirus de chauve-souris et, après avoir élaboré un « clone infectieux complet du MERS-CoV », ils ont remplacé le domaine de liaison au récepteur du virus par des domaines provenant de diverses souches de coronavirus identifiées chez des chauves-souris du sud de la Chine.

Jack Nunberg, virologue et directeur du Montana Biotechnology Center à l’université du Montana, a indiqué à Epoch Times dans un courriel que les deux virus utilisent la même protéine réceptrice.

« En s’en tenant à la même protéine réceptrice, je dirais que l’expérience est excessivement risquée (en raison de la structure pathogène et des constats antérieurs d’une virulence accrue chez certaines chimères), mais qu’il ne s’agit pas d’un gain de fonction flagrant », a-t-il écrit.

Le Dr Francis Collins, directeur sortant des NIH, et le Dr Anthony Fauci, qui dirige l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), ont tous deux nié le financement par l’agence de ces expériences de gain de fonction en Chine.

« Ni les NIH ni le NIAID n’ont jamais approuvé de subventions qui auraient soutenu une recherche de « gain de fonction » des coronavirus susceptible d’accroître leur transmissibilité ou leur létalité pour les humains », a affirmé M. Collins dans une déclaration en mai.

Ce terme désigne généralement toute recherche qui augmente la pathogénicité ou la transmissibilité d’un agent biologique tel qu’un virus.

Les recherches en question ont été financées par des millions de dollars de subventions accordées par les NIH à EcoHealth Alliance, qui a ensuite acheminé des fonds au laboratoire de Wuhan.

Les NIH ont refusé à plusieurs reprises de rendre publics les documents relatifs à ces recherches. Ce n’est qu’à la suite de poursuites judiciaires ou de pressions exercées par des membres du Congrès qu’ils en ont divulgué un certain nombre.

« Grâce au travail acharné des républicains de la commission de surveillance, nous savons maintenant que l’argent des contribuables américains a financé la recherche de gain de fonction au laboratoire de Wuhan », affirme James Comer (Parti républicain-Kentucky), membre de la commission de surveillance de la Chambre, dans un courriel adressé à Epoch Times.

Les documents ont été envoyés à M. Comer et à la députée Cathy McMorris Rodgers (Parti républicain-Washington), la tête de liste républicaine de la commission de l’énergie et du commerce de la Chambre des représentants.

Les NIH soutiennent qu’avant d’allouer le financement, un examen d’EcoHealth du projet de recherche avait déterminé que celles-ci n’impliquaient pas des « agents pathogènes améliorés à potentiel pandémique » parce qu’il n’avait pas été démontré que les coronavirus de chauve-souris « infectaient les humains ». Toutefois, « par excès de prudence », le libellé des modalités de la subvention indiquait qu’un examen secondaire serait mis en place face aux divers scénarios, comme, par exemple, EcoHealth déclarant une croissance d’1 log ou dix fois plus.

Le Dr Francis Collins, directeur des National Institutes of Health, comparaît devant le Sénat lors d’une audience consacrée aux vaccins, à Washington, le 9 septembre 2020. (Michael Reynolds/Pool/Getty Images)

« Cela signifie qu’EcoHealth aurait dû signaler si l’un des virus testés se développait 10 fois plus vite ou [au moins] plus que le virus analysé ne le ferait sans la nouvelle protéine spike », a expliqué un porte-parole du NIH à Epoch Times dans un courriel.

EcoHealth n’a pas respecté les conditions de la subvention, a fait remarquer M. Tabak. On lui a notifié qu’il avait 5 jours à compter du 20 octobre pour soumettre au NIH toutes les données non publiées issues des expériences et des travaux menés dans le cadre de la subvention.

Face à l’accusation de certains selon laquelle les nouveaux documents montrent que le Dr Fauci et le Dr Collins ont menti au Congrès, le porte-parole des NIH déclare en toute simplicité que cette allégation est inexacte.

Le débat est désormais axé sur les différentes définitions que l’on peut donner aux termes « recherche de gain de fonction ». Selon les NIH on peut s’attendre de ce type de recherche qu’elle confère de tels attributs aux virus que leur pathogénicité et/ou une transmissibilité (par voie respiratoire) soit accrue chez les mammifères. Le département de la santé et des services sociaux (HHS), définit dans son cadre d’orientation (pdf) les « agents pathogènes pandémiques potentiels renforcés » comme des agents pathogènes hautement transmissibles et hautement virulents qui sont renforcés par la recherche.

« Bien que les résultats de cette expérience limitée sur des souris aient été quelque peu inattendus, le NIAID a examiné le rapport d’activité et a déterminé que la recherche décrite dans le rapport d’activité n’aurait pas déclenché un examen dans le cadre du HHS P3CO parce qu’il n’a pas été démontré que les coronavirus de chauve-souris utilisés dans cette recherche infectent les humains et que les expériences ne devaient pas raisonnablement augmenter la transmissibilité ou la virulence chez les humains », a déclaré le porte-parole.

La subvention est suspendue tandis que le NIH procède à un examen qui comprend la collaboration avec EcoHealth pour obtenir plus d’informations sur sa non-conformité.

EcoHealth n’a pas répondu aux demandes de commentaires, notamment aux questions envoyées le mois dernier après qu’une autre série de documents, détaillant d’autres travaux financés par l’organisme à but non lucratif avec l’argent des contribuables américains, a été rendue publique.

Les nouvelles divulgations ne font qu’alimenter les inquiétudes concernant la transparence du gouvernement, explique Gary Ruskin, directeur exécutif de U.S. Right to Know, dans un e-mail à Epoch Times.

« Il est évident depuis des décennies que notre gouvernement fédéral n’est pas assez transparent, que la surveillance du Congrès est loin d’être suffisante et que la loi sur la liberté d’information doit être renforcée. Nous, citoyens, avons besoin de meilleurs outils de transparence pour découvrir toutes sortes de corruptions, mauvaises gestions, gaspillage, fraudes, abus de pouvoir et catastrophes imminentes », conclut-il en ajoutant que les NIH, en particulier, ont un bilan « épouvantable » en matière de transparence.

« Même si les recherches menées par EcoHealth dans le cadre de la subvention des Instituts américains de la santé ne correspondent pas précisément à la définition du gain de fonction, ce qui est du ressort des scientifiques et non des analystes politiques, la transparence du gouvernement exigeait certainement que les NIH révèlent cette information au tout début de la pandémie de Covid-19. À ce stade, il est évident que les NIH et les autres agences de santé gouvernementales doivent être réformés et faire l’objet d’une surveillance beaucoup plus importante de la part du Congrès, voire, dans certains cas, être purement et simplement supprimés », ajoute S. T. Karnick, directeur des publications du Heartland Institute.

Zachary Stieber couvre l’actualité américaine, notamment la politique et les affaires judiciaires. Il a commencé pour Epoch Times en tant que reporter à New York.


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