Un professeur de physique «climato-sceptique» reçoit une indemnité de 740.000€ après avoir été licencié de son université

Par Tom Ozimek
8 septembre 2019 12:30 Mis à jour: 9 septembre 2019 15:39

Un tribunal a accordé à l’universitaire australien Peter Ridd plus de 1,2 million de dollars australiens (740.000€) de dommages et intérêts. Son arrêt conclut que le professeur de physique a été illégalement licencié du fait de son scepticisme sur certains des impacts du changement climatique.

Dans un jugement (pdf) rendu le 6 septembre, la Cour d’appel fédérale australienne décide d’accorder à P. Ridd « la somme de 125 000 AUD[77 000 €] à titre de sanction » plus « 1 094 214,47 AUD[670 000 €] en réparation du préjudice » que l’ancien employé de la James Cook University a subi.

Le journal WAToday explique que P. Ridd a déclenché la colère de son université pour avoir remis en question les recherches de ses collègues sur la façon dont la Grande Barrière de corail a été affectée par le réchauffement climatique. Les arguments qu’il a présentés dans la publication, Changement climatique – Les faits, illustrent son point de vue (pdf) selon lequel le corail est « le moins menacé de tous les écosystèmes par les changements climatiques futurs ».

Questions au sujet d’une « science douteuse »

« Il n’y a peut-être aucun écosystème sur terre qui soit mieux à même que la Grande Barrière de corail de faire face à la hausse des températures », écrit Peter Ridd dans sa publication. « Indépendamment de nos opinions sur le rôle du dioxyde de carbone (CO2) dans le réchauffement climatique, il est remarquable que la Grande Barrière de corail soit devenue l’écosystème, plus que presque tous les autres, utilisé pour illustrer et revendiquer la catastrophe environnementale liée au modeste réchauffement que nous avons vu au cours du siècle dernier. »

« Je n’ai mis en lumière que quelques exemples de science douteuse – la liste est longue », poursuit M. Ridd, ajoutant qu’à son avis, les pratiques et les institutions scientifiques actuelles ne sont pas fiables et ont besoin d’une réforme.

« Le problème fondamental, dit-il, est que nous ne pouvons plus compter sur la ‘science’, ni d’ailleurs sur nos grandes institutions scientifiques. Il y a d’importantes lacunes en matière d’assurance de la qualité dans la façon dont nous menons ce que j’appellerai la ‘science des politiques’, c’est-à-dire la science utilisée pour éclairer les politiques publiques. »

En particulier, P. Ridd plaide en faveur d’une assurance de la qualité plus rigoureuse en ce qui concerne les études scientifiques de ce type.

« La science des politiques concernant la Grande Barrière de corail n’est presque jamais vérifiée », écrit-il. « Au cours des prochaines années, les futurs gouvernements australiens dépenseront plus d’un milliard de dollars pour la Grande Barrière de corail ; les coûts pour l’industrie pourraient largement dépasser ce montant. Pourtant, les principaux documents de recherche [soutenant ces décisions] n’ont pas fait l’objet d’un examen minutieux. Au lieu de cela, on se fie entièrement au processus d’examen par les pairs, qui est manifestement inadéquat. »

Il conclut : « L’assurance de la qualité pose de sérieux problèmes dans de nombreux domaines scientifiques, et peut-être plus encore sur le sujet de la Grande Barrière de corail. Non seulement il y a les facteurs habituels de distorsion scientifique, comme le fait pour les chercheurs de n’obtenir de financements que lorsqu’il y a des problèmes à résoudre, mais il y a aussi le fait que de nombreux biologistes marins sont émotionnellement attachés à leur sujet. Le monde a besoin de gens qui prennent soin de l’environnement ; bon nombre de ces scientifiques se sont engagés dans une carrière relativement mal payée pour poursuivre des études en biologie marine. Cependant, étant donné ces biais émotionnels ainsi que l’absence d’un mécanisme formel d’assurance qualité, il y a des exemples documentés de mauvaise interprétation des taux de calcification [du corail]. Nous pouvons donc être sceptiques face aux affirmations selon lesquelles la Grande Barrière de corail est en péril. »

Peter Ridd a également fait part de son scepticisme à l’égard du consensus général sur la science du climat, après que l’ancien président Barack Obama a déclaré en 2008 que « peu de défis auxquels les États-Unis et le monde sont confrontés sont plus urgents que la lutte contre le changement climatique. La science est incontestable et les faits sont clairs. » Le professeur est l’un des signataires d’une annonce pleine page financée par le Cato Institute qui conteste cette déclaration, notant que « les arguments en faveur de l’alerte sur le changement climatique sont largement surestimés ».

« Les changements de température de surface au cours du dernier siècle ont été épisodiques et modestes et il n’y a pas eu de réchauffement planétaire net depuis plus d’une décennie maintenant », peut-on lire dans cette publicité. « Après avoir tenu compte de la croissance démographique et des différentes variables, il n’y a pas eu d’augmentation des dommages causés par les phénomènes météorologiques violents. Les modèles informatiques qui prédisent des changements rapides des températures n’expliquent pas du tout le comportement récent du climat. Monsieur le Président, votre caractérisation des faits scientifiques concernant les changements climatiques et le degré de certitude qui éclaire le débat scientifique est tout simplement erronée. »

Parmi les autres opinions controversées exprimées par M. Ridd, on peut citer le fait que, dans une interview accordée à The Bolt Report, il considère que le débat sur le changement climatique est injustement biaisé en faveur d’une partie et le compare à un « procès en Chine ». Ceux qui représentent le mouvement vert moderne sont d’après lui « moins un mouvement environnemental qu’une mobilisation d’extrême gauche consacrée essentiellement aux questions de justice sociale ».

Interdiction de plaisanter

Dans sa décision, la Cour d’appel fédérale a énuméré un total de 18 « infractions » dont l’université avait déjà été reconnue coupable en avril, y compris l’injonction au silence faite à M. Ridd « pour préserver la confidentialité du processus disciplinaire » ; l’interdiction de plaisanter sur le sujet, traduisant la volonté de « l’empêcher de faire tout commentaire ou d’avoir une conduite qui banalise directement ou indirectement les mesures disciplinaires de l’université contre[lui] », ou encore, son licenciement.

Le juge Salvatore Vasta écrit dans le jugement que M. Ridd sera maintenant considéré [sur le marché du travail] comme un « bien endommagé » et que l’université a donc « détruit » de l’employabilité future du professeur.

« Le fait que JCU [L’Université] n’ait retiré aucun de ses communiqués de presse (malgré mon jugement) équivaut presque à une tentative de s’assurer que le professeur Ridd n’obtienne plus d’emploi dans ce domaine », note le juge Vasta.

Le juge laisse de plus entendre que la conduite de l’université frise la « paranoïa et l’hystérie alimentées par la vindicte systémique » et que Peter Ridd a dû avoir l’impression d’être persécuté. Il constate que la liberté intellectuelle de l’universitaire a été minée par « les actions myopes et injustifiées de son employeur ».

Réagissant à la décision du tribunal, M. Ridd a déclaré : « Cette affaire est un sujet de liberté académique. C’est un combat qui n’aurait jamais dû avoir lieu. » Il a rappelé ses travaux sur la Grande Barrière de corail, ré-affirmant sa « conviction sincère qu’il existe des problèmes systémiques d’assurance qualité dans les recherches scientifiques sur la grande barrière ». « J’avais le droit, le devoir de le dire. L’Université n’a toujours pas accepté ce droit fondamental malgré l’importance du débat pour la région du nord du Queensland. »

L’université a trois semaines pour faire appel de la décision. Si c’est le cas, M. Ridd dit qu’il continuera à défendre son cas.

« Mes avocats disent qu’il s’agit d’une affaire historique et qu’il est donc impératif que nous poursuivions la lutte si nécessaire », a-t-il dit.

WAToday a rapporté que vendredi dernier, l’université avait déjà annoncé son intention de faire appel.

« L’université a déjà indiqué clairement son intention de faire appel de la décision de Son Honneur dans cette affaire. En tant que partie au litige, elle a le droit de le faire. La position de l’université sera abordée dans son appel », a déclaré un porte-parole.

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