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Donald Trump pense désormais au delà de Pékin

Il apparaît désormais clairement que le président américain Donald Trump considère, à la lumière de sa nouvelle stratégie de sécurité nationale, que la République populaire de Chine représente une menace ; le régime est d’ailleurs en cours de démantèlement.

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Un employé prépare des décorations de Noël destinées à l’exportation dans une usine près de Yiwu, dans la province du Zhejiang, en Chine, le 28 avril 2025.

Photo: Kevin Frayer/Getty Images

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Durée de lecture: 18 Min.

Dès lors, quelle est la suite ? Et qu’est‑ce que cela signifie pour le reste du monde ?
Le dirigeant du Parti communiste chinois (PCC), Xi Jinping, n’est plus réellement aux commandes. Il a régné pendant une douzaine d’années avant d’être acculé à une relative impuissance.
L’effondrement de la Chine communiste était devenu incontestable à l’approche de la fin de l’année 2025.
De même, à la fin de 2025, la RPC n’était plus la grande puissance économique ou militaire qu’elle avait été ces dernières années. Elle ne dispose plus désormais que d’un poids suffisant pour jouer les perturbateurs pendant quelques années encore, peut‑être même pas.
C’est donc le moment d’amorcer une réévaluation de l’équilibre mondial des puissances, et pas seulement en raison de l’implosion de la RPC et du PCC. Les États‑Unis ont eux aussi engagé une poussée de domination globale, mais minés par de profondes divisions internes. L’Union européenne s’enfonce dans un déclin et des fractures économiques, sociales et stratégiques, et des États jusqu’ici prospères comme le Royaume‑Uni, l’Australie et le Canada traversent ce qui pourrait être une crise terminale – ou du moins grave.
La puissance et la stabilité de puissances intermédiaires comme la Turquie, l’Iran, l’Égypte, le Pakistan ou le Nigeria sont incertaines, et le réalignement global semble annoncer, par défaut, l’émergence d’un nouveau monde. Même des astres prometteurs comme l’Arabie saoudite et l’Inde sont confrontés à des défis, et tous subiront les effets indirects de l’effondrement économique chinois. La Russie, elle aussi, en sera durement frappée.
Même à la fin de 2025, rares étaient ceux qui acceptaient l’idée que la RPC avait déjà implosé sur le plan économique, mais la prévision selon laquelle la Chine continentale réduirait probablement sa production d’acier de 50 % en 2026 mettait en lumière la réalité de la situation, en particulier pour des exportateurs de minerai de fer comme l’Australie et le Brésil.
Pourtant, les ressources de la RPC s’épuisent. La Chine importe une partie des « terres rares » qu’elle réexporte vers le reste du monde, signe qu’elle perd la maîtrise de cet atout. Ses importations de pétrole ont augmenté de 4,48 % en glissement annuel en novembre, atteignant leur plus haut niveau en 27 mois, alors même que ses achats en provenance de Russie reculaient. Et cela malgré la crise économique, qui aurait dû alléger la pression sur les ressources énergétiques. Aucun indicateur ne semble évoluer dans le bon sens pour la RPC.
Une grande partie de la recomposition mondiale de 2025‑2026 est, en réalité, liée au chaos économique provoqué par l’effondrement de la RPC. Il ne s’agit pas d’un événement soudain ou clairement circonscrit dans le temps, imputable à une date ou à un acte précis, mais d’un enchaînement d’actions et de symptômes dont les racines remontent à plusieurs décennies. La mise en évidence, récurrente, du déclin de la RPC en tant que puissance stratégique, géant économique ou menace militaire n’a suscité aucune inquiétude chez des États dépendants des investissements chinois.
On a assisté à une suspension volontaire de la logique, qui serait normalement caractéristique d’un sujet dépendant d’une drogue.
L’auteur de ces lignes a vu, dès 2006‑2007, les signes montrant que la RPC ne serait pas en mesure de se maintenir au‑delà de 2025 comme la grande puissance qu’elle ambitionnait d’être. La raison pour laquelle il l’a affirmé explicitement en 2007 – dans l’étude « Australie 2050 : Examen de la situation, des perspectives et des options de l’Australie pour la première moitié du XXIe siècle » – tient au fait que la RPC avait négligé de consolider sa base de stabilité avant de chercher, en « État à poudre », à atteindre l’égalité ou la suprématie militaire à l’échelle mondiale.
Elle n’a pas garanti ses lignes d’approvisionnement internes en nourriture, en eau ni en énergie, et a tenté d’intimider les États susceptibles d’influer sur ces flux vitaux. Une telle situation, à une telle échelle, a provoqué la chute de l’Empire romain d’Occident, lorsqu’il a été coupé de sa source d’approvisionnement en blé d’Égypte, jusque‑là considérée comme interne.
Cela ne signifie pas que la RPC – ou, plus exactement pour l’avenir, la Chine – ne pourrait pas renaître et se reconstruire, mais ce n’est pas une perspective de court terme. Le principal obstacle à une analyse « à partir d’une feuille blanche » de la nouvelle architecture mondiale n’est pas la RPC en tant que telle, mais le fait qu’une grande partie de la planète appréhende la réalité actuelle à travers des prismes anciens et des schémas mentaux forgés par des mythes et des demi‑vérités. Il en résulte une allocation défaillante des ressources en matière de défense, de diplomatie et de politique techno‑économique.
Plusieurs réalités doivent être reconnues à la clôture de l’année 2025.

Économie et population en recul

La RPC n’est peut‑être plus – si tant est qu’elle l’ait jamais été – la « deuxième économie mondiale ». Sa taille a été déterminée par des indicateurs statistiques – comme le PIB – davantage que par une véritable solidité ou richesse, y compris le fameux PIB par habitant.
Aucune de ses statistiques officielles ne peut être prise pour argent comptant et il faut partir du principe que tous ces chiffres et déclarations ont été déformés pour servir les objectifs politiques du PCC au pouvoir. Il en va de même de la population chinoise, encore généralement estimée à quelque 1,4 milliard d’habitants. De nombreux indices visuels et économiques laissent penser que la population réelle pourrait être largement inférieure au milliard, et peut‑être même comprise entre 500 et 600 millions.

Perte de pouvoir de Xi

Xi Jinping – qui, à la fin de 2025, conservait encore les titres de « secrétaire général » du PCC, de « président » de la Commission militaire centrale (CMC) et de « président » de la RPC – était en réalité marginalisé et n’avait plus de pouvoir effectif, hormis une certaine capacité de nuisance à travers les déclarations de « diplomatie du loup guerrier » sur la scène internationale.
Cette évolution a accompagné l’effondrement du PCC lui‑même, en grande partie parce que les adversaires de Xi au sein du Parti ont trop tardé à le défier. Par la suite, tous les prétendants au pouvoir – Xi et ce qui restait de ses fidèles, l’Armée populaire de libération (APL), les réformateurs, et les anciens du PCC – se sont attachés à maintenir l’illusion d’un Parti toujours « aux commandes », alors même que l’effondrement économique et social était devenu irréversible.
À la fin de 2025, une réalité s’est imposée : l’APL, sous l’autorité du vice‑président de la CMC, le général Zhang Youxia, débattait de la manière d’aboutir à une configuration dans laquelle l’armée ne serait plus l’otage d’un dirigeant politique. Si le pouvoir – comme le disait Mao Zedong – « sort du canon d’un fusil », et que Zhang contrôle ce fusil, alors la seule voie pour assurer la continuité d’un vernis de domination du PCC en 2026 passait par un accord avec Zhang.

Une armée affaiblie

À la fin de 2025, l’APL consacrait l’ensemble de ses ressources au contrôle du territoire et ne pouvait se permettre de le compromettre en se lançant dans des « aventures militaires extérieures » destinées à détourner l’opinion de ses difficultés économiques internes. De toute façon, d’un point de vue stratégique, l’APL se révélait incapable de constituer une force cohérente capable de mener un affrontement militaire majeur à l’étranger, y compris contre le Vietnam, et a fortiori contre le Japon ou la République de Chine (ROC : Taïwan).
Pourtant, l’arsenal de l’APL en matière d’armes nucléaires et de missiles balistiques ou hypersoniques suffit à garantir que les puissances extérieures lui laissent les mains libres pour faire ce qu’elle juge nécessaire sur le territoire continental chinois. La corruption, l’hyper‑politisation par le Parti et par Xi Jinping, ainsi que les insuffisances techniques, ont empêché l’APL de se fondre en une force militaire mondiale crédible ; le pouvoir et le prestige qu’elle avait accumulés se sont évaporés.

La Russie

La Russie, habituellement prudente lorsqu’il s’agit d’afficher clairement sa position vis‑à‑vis de la Chine, a pris parti, en octobre et novembre, en faveur du général Zhang Youxia, considéré comme le véritable détenteur du pouvoir en RPC.
Zhang a bénéficié d’un traitement protocolaire réservé aux chefs d’État lors de sa visite à Moscou, les 20‑21 novembre, bien supérieur à celui accordé au Premier ministre Li Qiang lors de son déplacement à Moscou, les 17‑18 novembre. Il s’agissait d’une gifle publique et délibérée infligée par le président russe Vladimir Poutine à Xi Jinping. Ce geste montrait aussi que la Russie n’était pas – si tant est qu’elle l’ait jamais été – un « partenaire junior » dans sa quasi‑alliance avec la RPC.

Une situation pré‑révolutionnaire

Comme en Russie à la veille du putsch de 1917 qui déboucha sur la guerre civile, ou dans les 13 colonies britanniques d’Amérique du Nord en 1776, parmi d’autres exemples, la situation qui prévalait en Chine à la fin de 2025 montrait que de vastes pans de la société continuaient à fonctionner « normalement » et à produire, mais que les éléments les plus dynamiques de la société chinoise continentale se trouvaient dans un état de flux et d’angoisse, en raison du chômage, de la pauvreté et de l’absence de logement.
En conséquence, le pays – notamment dans le contexte d’un vaste mouvement de remigration des « travailleurs migrants » des campagnes, qui quittaient les villes pour retourner dans leurs villages – pouvait être décrit comme se trouvant dans une situation pré‑révolutionnaire. Il convient de rappeler qu’à la mort de l’impératrice douairière Cixi, le 15 novembre 1908, ce sont précisément les troubles provoqués par les travailleurs ruraux « migrants » dans les villes chinoises qui ont exploité la chute de la dynastie Qing et déclenché la guerre civile, mise en suspens – mais jamais vraiment résolue – en 1949.
L’un des effets immédiats de l’effondrement de la RPC en 2026 sera qu’elle ne sera probablement plus en mesure de récupérer les investissements qu’elle a consentis dans le cadre de son initiative « la Ceinture et la Route », laissant aux pays débiteurs un certain répit. De même, les détenteurs étrangers d’obligations d’État de la dynastie Qing ont vu leurs placements réduits à néant par l’effondrement et la révolution.
Les paris et les investissements tournent à la déconvenue lorsque la réalité stratégique finit par s’imposer. Mais les vastes avantages économiques dont la Chine a profité en achetant nourriture, énergie et matières premières aux pays fournisseurs (et des biens manufacturés à d’autres) sont désormais révolus, privant des pays comme l’Australie, le Brésil ou la Russie – entre autres – de débouchés pour leurs exportations.
Les conséquences de cette rupture des échanges se feront pleinement sentir en 2026 ; et même si la RPC a été largement remplacée dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, l’impact sur la richesse planétaire sera tel que la demande globale diminuera.

L’effondrement de la RPC

C’est la supposée « puissance ascendante » de la RPC qui a alimenté, dans une large mesure, les estimations de menace pour de nombreux pays, et beaucoup ont cherché à définir leur propre identité par la stature de leur adversaire. Pour nombre d’États, cet adversaire était la RPC ; pour d’autres, cela incluait en outre la volonté de considérer la Russie comme le prolongement de l’URSS.
Autrement dit, dans l’ère post‑guerre froide, les États occidentaux se sont définis non par leurs propres caractéristiques, mais par le calibre de leurs adversaires. Or si, à la mi‑2026, la réalité est que ni la RPC ni la Russie ne ressemblent plus aux menaces écrasantes qu’on a voulu en faire, comment les alliances et postures de défense de demain seront‑elles formulées ?
L’effondrement de l’URSS en 1990‑1991 a été présenté de manière tellement simpliste comme une grande victoire de « l’Occident », à la fin de la présidence de Ronald Reagan et au début de celle de George H. W. Bush aux États‑Unis, alors que Margaret Thatcher quittait le pouvoir au Royaume‑Uni, que l’Occident s’est cru autorisé à encaisser un « dividende de la paix ». Ce « dividende » s’est traduit non seulement par une réduction des dépenses de défense, mais aussi par une perte totale de cohésion et de crédibilité des analyses de menace, entraînant un affaiblissement de l’identité et de la cohésion occidentales.
L’effondrement de la RPC, annoncé depuis plus d’une décennie en raison de ses faiblesses propres, était, quant à lui, déjà présenté en 2025 comme une victoire des seuls États‑Unis, à l’exclusion de tout autre pays. Dès lors, comment les États‑Unis utiliseront‑ils – ou pourront‑ils utiliser – cette image de « seule superpuissance restante » dans les années à venir ?
« Le président américain George W. Bush (2001‑2009) considérait les États‑Unis comme une puissance globale, ce qui les a laissés sans véritable focalisation stratégique. Lorsque les attentats terroristes du 11 septembre 2001 perpétrés par al‑Qaïda ont frappé le territoire américain, M. Bush a déclaré une “guerre contre le terrorisme”, élevant de fait al‑Qaïda au rang de superpuissance. En un sens très concret, c’est donc al‑Qaïda qui a contribué à définir les États‑Unis. »
Comment les États‑Unis se définiront‑ils dans l’ère post‑RPC ? Et comment leurs alliés percevront‑ils les États‑Unis lorsqu’aucune menace claire à l’encontre de « l’Occident » ne sera plus évidente ? Donald Trump sera‑t‑il capable de convaincre une grande partie du monde – ce qu’il devra faire – de la validité d’une vision qui amène la communauté internationale à accepter la prépondérance américaine en l’absence de menace ?
La nouvelle doctrine Trump, exposée dans la Stratégie de sécurité nationale, s’abstient délibérément de désigner un adversaire stratégique pour les États‑Unis. C’est, pourrait‑on dire, le geste audacieux par lequel les États‑Unis définissent leur raison d’être par leur propre ethos, et non par l’existence d’une menace.
Ce faisant, Donald Trump a déjà acté la fin de l’ère PRC‑PCC et posé les bases d’une Amérique définie par elle‑même. Reste à savoir si cette stratégie survivra à Trump.
Mais avant cela vient le chaos de l’après‑RPC.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Gregory Copley est le président de l’International Strategic Studies Association, basée à Washington. Né en Australie, Copley est membre de l’ ordre d’Australie, entrepreneur, auteur, conseiller au gouvernement, et éditeur de revues spécialisées dans la défense. Son livre le plus récent s’intitule « The New Total War of the 21st Century and the Trigger of the Fear Pandemic » [La nouvelle guerre hors limite au 21e siècle et le déclencheur de la panique pandémique, ndt.]

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