Du socialisme à la liberté : Les élections primaires en Argentine reflètent un changement idéologique

Par Antonio Graceffo
23 août 2023 06:54 Mis à jour: 23 août 2023 06:54

Alors que les pays d’Amérique latine penchent vers le socialisme, la victoire du libertaire de droite Javier Milei aux primaires argentines pourrait indiquer que le paysage politique est en train de changer.

Au cours des dernières années, les socialistes ont gagné du terrain lors des élections en Amérique latine. La Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, Cuba, le Honduras, le Mexique, le Nicaragua et le Venezuela ont tous des gouvernements socialistes.

Le président équatorien Guillermo Lasso a été le premier candidat de droite élu en deux décennies. L’Équateur, l’Uruguay et le Paraguay sont donc les seuls pays d’Amérique latine à avoir un gouvernement de droite.

Il est possible qu’après des années de développement bloqué et de problèmes endémiques, les Latino-Américains soient à la recherche de changements. De nombreux pays d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale souffrent de corruption, de violence, de problèmes de sécurité, de monnaies instables, d’inflation, d’une dette élevée et d’un faible niveau de vie.

Le manque de développement a ouvert des opportunités pour la diplomatie chinoise grâce au piège de la dette, la plupart des nations latino-américaines ayant signé l’initiative Belt and Road de Pékin et annulé leur reconnaissance de Taïwan. La Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Amérique du Sud, et elle est également impliquée dans des projets énergétiques et d’infrastructure. Outre son engagement économique, la Chine a renforcé ses liens militaires avec plusieurs pays d’Amérique latine en offrant des bourses et des formations aux membres de la police et de l’armée.

Malgré les investissements de la Chine, les problèmes économiques persistent. Avant les élections primaires en Argentine, 40 % de la population vivait dans la pauvreté. L’Argentine est en proie à une inflation de 115 % et à une monnaie qui ne vaut quasiment rien. Pour ne rien arranger, les réserves de devises étrangères de l’Argentine sont devenues négatives alors que le pays risque de se retrouver en défaut de paiement sur sa dette massive.

L’Argentine pourrait emprunter auprès du Fonds monétaire international, mais les pays doivent s’engager à modifier leur politique économique pour pouvoir bénéficier d’un renflouement. Les tentatives de satisfaire aux normes du FMI ont entraîné une nouvelle dévaluation du peso argentin et une augmentation de l’inflation. Par conséquent, un plan de sauvetage par le FMI est peu probable.

L’enseigne du Fonds monétaire international à Washington le 5 avril 2016 (Karen Bleier/AFP via Getty Images).

Ces problèmes économiques poussent les Argentins à se tourner vers Javier Milei, un libertarien que les médias dominants ont qualifié d' »extrême droite« . Son parti, Liberty Advances Party, a critiqué la « caste politique ». Faisant écho au slogan « Make America Great Again » (Rendre sa grandeur à l’Amérique) de l’ancien président Donald Trump, son parti appelle à la reconstruction de l’Argentine. Avec un clin d’œil au « drain the swamp » (drainer le marais ) du président Trump, M. Milei veut purger le gouvernement des « voleurs ».

Il prévoit également de faciliter la possession d’armes à feu, d’adopter le dollar américain comme monnaie officielle et de réduire la masse salariale du gouvernement en supprimant les ministères de la Santé, de l’Éducation et de l’Environnement. Les entreprises publiques seront fermées ou privatisées. M. Milei s’engage également à réduire les impôts et à commencer à rendre payants les services publics tels que le système de santé. Dans le même temps, il entend mettre en œuvre un programme d’austérité plus strict que les normes du FMI afin d’assainir les finances du pays.

M. Milei a pour objectif de supprimer la banque centrale. Cet objectif est en accord avec ses deux décennies d’expérience en tant que professeur d’économie, au cours desquelles il a intégré l’École autrichienne d’économie à la pensée économique conventionnelle.

La plupart des économistes autrichiens et des libertariens considèrent la banque centrale comme une entité gouvernementale non élue ayant trop de pouvoir sur la vie des citoyens ordinaires. Ils attribuent des problèmes tels que l’inflation et les fluctuations économiques à des banques centrales comme la Réserve fédérale. La manipulation des taux d’intérêt par la banque centrale provoque l’inflation et la dévaluation de la monnaie.

À la lumière de l’inflation constante et de la dévaluation de la monnaie, les économistes autrichiens soulèvent la question suivante : Si l’on fait confiance aux forces du marché pour créer le prix et la quantité optimaux de tout ce qui existe dans la société, pourquoi la masse monétaire et les taux d’intérêt doivent-ils être dictés par le gouvernement plutôt que par les marchés libres ? Cette idéologie est la raison pour laquelle M. Milei vise la banque centrale d’Argentine.

Les libertariens et les économistes autrichiens croient également aux libertés individuelles. En accord avec cette valeur, M. Milei souhaite adopter une législation autorisant les adultes consentants à vendre leurs organes. En revanche, il prévoit de renforcer les restrictions à l’avortement. Même si cela semble contradictoire, les libertariens et les économistes autrichiens considèrent l’avortement comme une atteinte aux droits du bébé à naître.

Les élections générales du pays se tiendront en octobre. On ne sait pas si M. Milei gagnera, mais son succès jusqu’à présent prouve que les gens veulent du changement.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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