En déroute, First Republic Bank est rachetée par JPMorgan Chase, la banque la plus puissante des Etats-Unis

Par Michel Pham
3 mai 2023 15:56 Mis à jour: 3 mai 2023 18:46

Les autorités américaines ont pris lundi le contrôle de la banque régionale First Republic et en ont revendu la grande majorité à JPMorgan Chase. Ainsi, la plus grande banque du pays va récupérer tous les dépôts de First Republic et presque tous ses actifs, tandis que ses agences continuent à fonctionner selon les modalités habituelles. 

La banque First Republic était sous forte pression depuis les défaillances rapprochées de deux établissements au profil similaire, Silicon Valley Bank et Signature. Afin d’éviter que First Republic ne connaisse le même sort que ces deux dernières, les autorités bancaires américaines et d’autres grandes banques étaient intervenues en mars : onze établissements financiers, dont JP Morgan, y ont déposé au total 30 milliards de dollars. La plus grande banque des États-Unis y a injecté à elle seule 5 milliards de dollars, soit beaucoup plus que les autres.

La deuxième plus grosse faillite bancaire de l’histoire des États-Unis

Mais la banque First Republic n’est pas parvenue à mettre en place un plan de sauvetage satisfaisant. Elle a en effet confirmé lundi 24 avril que de nombreux clients avaient retiré plus de 100 milliards de dollars de dépôts au premier trimestre.

Vendredi dernier, son action a plongé encore une fois avant d’atteindre un niveau historiquement bas, à environ 3,5 dollars l’action, soit 97% de perte en un an. La valeur boursière de la banque n’est que de 640 millions de dollars, contre 21 milliards de dollars il y a douze mois.

Il s’agit de la deuxième plus grosse faillite bancaire de l’histoire des États-Unis après celle de Washington Mutual en 2008. Les actifs de cette dernière avaient, eux aussi, été en grande partie acquis par JPMorgan qui, sous la houlette de son patron Jamie Dimon, a plusieurs fois secouru des établissements en difficulté.

JPMorgan absorbera 173 milliards de dollars de prêts de la First Republic Bank ainsi que 30 milliards de dollars de ses titres

« Notre gouvernement nous a invités, ainsi que d’autres, à intervenir, et nous l’avons fait », a déclaré Jamie Dimon dans un communiqué. L’opération permet, selon lui, de « minimiser les coûts » pour le fonds d’assurance-dépôts.

L’opération implique en effet que les prêts de First Republic doivent être réévaluées à la baisse, et l’agence en charge de garantir les dépôts, la FDIC, a accepté d’assumer une partie de ces pertes. Cela va coûter à JPMorgan environ 13 milliards de dollars, une somme qui proviendra des cotisations versées par les banques. Par ailleurs, il est à prévoir aussi que JPMorgan devra verser 10,6 milliards de dollars à la FDIC.

En contrepartie, JPMorgan absorbera 173 milliards de dollars de prêts de la First Republic ainsi que 30 milliards de dollars de titres. Le géant bancaire américain prendra également en charge « environ 92 milliards de dollars de dépôts, dont 30 milliards de dollars de dépôts bancaires importants, qui seront remboursés après la clôture ou éliminés dans le cadre de la consolidation ».

« [Nous] obtenons essentiellement une banque très propre », s’est félicité le patron de JPMorgan Jamie Dimon après l’annonce officielle de rachat de la First Republic Bank. Le directeur financier de JPMorgan, Jeremy Barnum, a quant à lui souligné : « Nous ne cherchions pas cet accord mais il présente des avantages financiers et nous permet de nous renforcer sur le marché », notamment dans la gestion de patrimoine.

Un super-pouvoir qui inquiète

Cependant, le rachat de la First Republic Bank par JPMorgan a aussi suscité des critiques. Par exemple, Elisabeth Warren, figure emblématique de l’aile gauche des Démocrates a écrit sur Tweeter : « Une banque mal supervisée a été rachetée par une banque encore plus grande – en fin de compte, ce sont les contribuables qui devront payer. »

Tandis qu’Elisabeth Warren porte sa critique sur les mesures de déréglementation bancaire sous l’ère de Donald Trump, la plupart des autres critiques se concentre sur le super-pouvoir des entreprises financières face à l’administration de Joe Biden et ses agences de régulation. En effet, la banque la plus grande et la plus dominante des États-Unis devient maintenant encore plus puissante après avoir absorbé la First Republic Bank, avec l’aide active de la FDIC.

« JPMorgan Chase est maintenant autorisé à acheter First Republic Bank, la deuxième plus grande faillite bancaire de l’histoire des États-Unis », ont écrit Pam Martens et Russ Martens sur le blog « Wall Street on Parade ». Ils ont notamment dénoncé que cela « va à l’encontre » du décret de la Maison-Blanche de 2021 promettant de « se prémunir contre un pouvoir des marchés excessif ».

« Nous finançons les pays, nous finançons le FMI, nous finançons la Banque mondiale »

« Je ne me soucie pas vraiment des commérages des autres », déclare le patron de JPMorgan Jamie Dimon en répondant à la question d’un journaliste sur les critiques anonymes sur le rachat de la First Republic Bank. « Nous avons besoin de grandes banques prospères dans [notre] économie [qui est] la plus vaste et la plus riche du monde. Nous avons la capacité d’aider nos clients qui se trouvent être des villes, des écoles, des États, des hôpitaux, des gouvernements ».

« Nous finançons les pays, nous finançons le FMI, nous finançons la Banque mondiale », souligne Jamie Dimon. Et d’ajouter : « Vous avez besoin de grandes banques prospères, et quiconque pense qu’il serait bon pour les États-Unis de ne pas avoir cela devrait me téléphoner directement. »

Suite au rachat de la banque First Republic par JPMorgan, la réaction du marché boursier a été positive, non seulement pour la plus grande banque américaine (+2,13%), mais aussi pour d’autres grandes banques comme Wells Fargo (+1,58%) ou Citigroup (+0,39%). Cependant, elle était négative pour les banques régionales ou de taille inférieure comme Truist (-3,28%), Citizens Financial (-6,84%) ou PNC (-6,36%).

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