Équilibre politique, géographique, parité… ce qui fait débat dans le nouveau gouvernement

Par Epoch Times avec AFP
9 février 2024 14:50 Mis à jour: 9 février 2024 14:59

Une équipe pas si paritaire, une ministre de l’Éducation déjà ciblée par la droite, une aile gauche de la Macronie mécontente, un parti centriste toujours présent malgré Bayrou, une présence accrue d’élus locaux. Voici cinq choses à retenir sur le nouveau gouvernement de Gabriel Attal. 

Sur le papier, les chiffres sont probants : 18 femmes et 17 hommes dont le Premier ministre. Mais à y regarder de plus près, la hiérarchie du gouvernement n’est pas du tout en faveur des femmes. Sur 13 ministres de plein exercice, 5 seulement sont des femmes, aucune à un portefeuille régalien. Dans le bas du tableau à l’inverse, sur 5 secrétaires d’État, 4 sont des femmes.

Le gouvernement compte 35 membres (dont 14 ministres de plein exercice) contre 40 dans le gouvernement Borne. Emmanuel Macron et Gabriel Attal avaient pourtant répété qu’ils souhaitaient un exécutif « resserré » à 30. À noter une ministre sans attribution, Agnès Pannier-Runacher, déléguée auprès du ministre de l’agriculture Marc Fesneau.

Le Modem obtient quatre postes, malgré le refus de François Bayrou 

Le refus fracassant de François Bayrou d’entrer au gouvernement, faute « d’accord politique profond » avec l’exécutif, n’a finalement pas eu de conséquences sur la place du Modem. Comme dans le gouvernement Borne, le Modem obtient quatre postes : Marc Fesneau (Agriculture), Jean-Noël Barrot (Europe), Sarah El Haïri (enfance, jeunesse et famille) et la nouvelle entrante Marina Ferrari (Numérique). L’affaire risque néanmoins de laisser des traces, à la fois au sein du Modem et de la majorité.

Plus discret, le parti Horizons d’Édouard Philippe n’a que deux portefeuilles, mais importants : Transition écologique (Christophe Béchu) et Santé (Frédéric Valletoux).

L’aile gauche de Renaissance espérait un rééquilibrage au sein d’un gouvernement marqué à droite avec les entrées de Rachida Dati et Catherine Vautrin d’un côté et les départs d’Élisabeth Borne, Olivier Véran et Olivier Dussopt de l’autre. Mais elle n’a guère été étendue, avec la seule arrivée de l’ex-garde des Sceaux Nicole Belloubet, un temps élue socialiste, à l’Éducation nationale.

« Mes regrets se confirment quant à la décision assumée de positionner ce gouvernement à droite de l’échiquier politique », a déploré la députée Stella Dupont.

Les frondeurs de la loi immigration ont perdu Clément Beaune, même si Roland Lescure (industrie et énergie) et Patrice Vergriete (passé du logement au transport) sont gardés.

L’arrivée de Nicole Belloubet, une ancienne socialiste, à l’Éducation nationale, a déclenché une tempête à droite. Le président du RN Jordan Bardella et le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau l’ont tous deux accusée de « laxisme » lorsqu’elle était Garde des Sceaux. Ils lui reprochent notamment de n’avoir pas soutenu Mila, une adolescente qui avait été cyber-harcelée après avoir répondu à des injures sur les réseaux sociaux sur son orientation sexuelle par le biais d’une vidéo véhémente sur l’islam.

Mais la gauche n’est pas en reste, furieuse de voir le porteur de la loi durcissant les peines pour les squatteurs qu’elle avait combattue bec et ongles, Guillaume Kasbarian, promu au Logement. Pour le chef de file du PS Olivier Faure, il a été « nommé pour faire le sale boulot sur la loi SRU qui oblige les communes riches à construire des logements sociaux » que Gabriel Attal veut assouplir.

Le retour des ministres politiques

Le gouvernement Attal marque le retour des ministres politiques, au détriment de la société civile, qui avait la part belle au début de l’ère Macron. Seulement quatre ministres – Éric Dupont-Moretti, Amélie Oudéa-Castera, Agnès Pannier-Runacher et Sylvie Retailleau – n’ont jamais été élus, soit 11% du gouvernement. Cette proportion oscillait entre 20% et 40% depuis 2017.

Si de nombreux élus locaux sont entrés au gouvernement, la région parisienne reste surreprésentée : sur les 31 ministres ayant déjà occupé des fonctions électives, onze, soit plus d’un tiers, sont des élus franciliens. À l’inverse, la moitié sud de la France – Auvergne-Rhône-Alpe, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, PACA et Corse – est sous-représentée, avec seulement six ministres. Les Outre-mer n’ont aucun représentant.

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