Eric Bazin : « en trouvant des solutions pour la planète, on se trouve soi-même »

14 juillet 2015 16:12 Mis à jour: 16 juillet 2015 21:38

 

Du 6 au 8 juillet, des intervenants de tous horizons professionnels, politiques ou géographiques se sont rencontrés dans le prestigieux domaine de Chantilly. Pourquoi ? Il s’agissait de débattre écologie et économie responsables. « Tous acteurs de la rupture », tel était le thème fondateur de la dixième édition de la Global Conference qui a réuni une centaine d’acteurs du développement durable. Placée sous le haut patronage du président de la République, la Global Conference a fait figure de pré-rentrée avant la grand-messe de la Conférence Climat en décembre à Paris.

Notre partenaire NTD Télévision a pu interroger quelques personnalités importantes pendant cet événement. Leurs messages, leurs volontés et leurs initiatives, voilà ce que vous pourrez suivre dans cette série d’interviews.

Eric Bazin est journaliste-reporter et cofondateur des Ateliers de la Terre avec Georges J. Gendelman.

Pourquoi cette question du climat est-elle importante en préparation de la COP21  ?
La COP21 va effectivement s’attacher aux questions du climat. Si on réfléchit un peu, on se rend vite compte que le climat influence aussi l’éducation, la santé, la pollution, le développement urbain, et ce qui relève de la relation entre les hommes et la planète.

Nous, Les Ateliers de la Terre, nous avons souhaité aborder d’autres thématiques attachées à celle de la COP21. Elles seront ensuite citées en décembre à Paris, au Bourget.

Nous n’avons donc pas une exclusivité sur le climat et l’environnement car le réchauffement climatique a des répercussions sur toute la société. On veut parler d’éducation, de la relation à l’autre, du bien être et surtout du mieux vivre ensemble.

C’est une réflexion sur le présent des hommes en tenant compte de notre passé. En tenant compte de notre passé, on peut mieux rêver de notre futur et améliorer notre présent. C’est de notre réflexion collective que doivent émerger des solutions, des réponses et des hypothèses qui seront à mettre en place sur le terrain. Tant sur le continent africain, que sur d’autres continents de cette planète, puisqu’aujourd’hui toutes les solutions peuvent être applicables dans différentes régions du monde.

Pourquoi avoir voulu réunir différents acteurs de la société ?
C’est très simple. On s’est rendu compte que de nombreuses personnes, des associations, de nombreux acteurs des pouvoirs publics, des experts du privé, des réseaux académiques, etc. faisaient des projets merveilleux dans leur coin, travaillant en solo. Mais ils ne se fédéraient pas, ne communiquaient pas non plus sur leurs bonnes pratiques.

On a anticipé sur le Grenelle de l’environnement de Jean-Louis Borloo. L’idée de Jean-Louis Borloo était de rassembler autour de la table tous les acteurs d’une société qui est en mal de vivre, une société qui a besoin d’être repensée et d’être remise en question, d’avoir des nouvelles perspectives et des prospectives du futur, avec l’homme au milieu de tout ça.

Dans les faits, il y a de multiples actions, de multiples de solutions mises en place sur le terrain. Christian Courtin-Clarins parlait tout à l’heure de ses projets en Australie et en Afrique. Tristan Leconte a rencontré plusieurs partenaires aux Ateliers de la Terre, notamment pour la déforestation. On a pu notamment travailler au Congo Brazzaville avec la mise en place et la mise à disposition de stations solaires pour des populations éloignées des centres urbains.

Il y a dans toutes ces rencontres des personnes qui sont là pour se rencontrer. Nous avons pour habitude de dire que nous sommes des accélérateurs de solutions, des passerelles entre les gens. Il est vrai qu’il existe déjà de nombreuses solutions, des initiatives positives, constructives et durables.

Est-ce que votre métier de journaliste vous permet d’aborder ces questions ?
Je suis journaliste mais je constate que le pouvoir du journaliste est éphémère. Je travaille notamment pour un hebdomadaire qui s’appelle Paris Match, je travaille aussi pour un mensuel. Avec une périodicité de 1 mois, j’ai l’impression que les informations et les populations que j’ai rencontrées sont oubliées rapidement.

Je dirais que j’ai quitté, sans jamais quitter le journalisme. Je me suis un peu éloigné de ce métier, qui est pour moi le plus beau métier du monde. Mais aujourd’hui, je suis mal à l’aise par rapport à cet oubli de l’information. Une information en chasse une autre, il faut dire les choses comme elles sont : tout va beaucoup plus vite.

Je fais des reportages de très longue haleine, des reportages sur le terrain pendant plusieurs semaines, plusieurs mois… aujourd’hui je n’en ai plus les moyens. Et les rédactions de journaux n’envoient plus autant de gens sur le terrain.

Ce n’est pas le pouvoir des médias de faire cela aujourd’hui. C’est le pouvoir des organisations de réunir toutes ces bonnes volontés, de réunir des gens qui ont envie de faire des choses, qui ont envie d’être dans la rupture et le changement. C’est ça notre force, réunir un chef amérindien avec des populations pygmées du Congo, réunir un Premier ministre béninois nommé il y a dix jours, avec des experts, des grands chefs d’industrie, des journalistes bien sûr et des étudiants. Nous avons besoin en effet de beaucoup d’étudiants car les solutions de demain, les solutions d’aujourd’hui vont émerger dans leur esprit.

Est-ce qu’il est question d’une rupture « brutale » dans cette conférence ?
Il doit y avoir une rupture des comportements, des habitudes, une rupture sur soi-même par rapport à des traditions qu’il faut parfois bousculer. Mais ce n’est pas une rupture brutale. On n’appelle pas à une rupture guerrière, frontale, etc… non.

C’est plus une évolution, qui amènera à un moment ou un autre à une rupture. Mais c’est une rupture qui doit être positive et constructive, bien qu’elle soit indéniable.

Vous avez commencé la conférence par le thème de la spiritualité…
Cela fait 5 ans qu’on dédie la première soirée de la série de conférences à la spiritualité. Pour nous, il vaut mieux être dans la connaissance que dans le savoir, dans ce sens la spiritualité est essentielle.

L’homme ne peut être épanoui que dans une spiritualité aboutie et réfléchie. On peut alors travailler et sans cesse s’interroger, se remettre en question avec cette notion de partage et de communion avec l’autre. Depuis toujours, on réunit à cette soirée un condensé des Ateliers de la Terre, puisqu’il y a toutes sortes de religions qui viennent échanger à ce moment là.

Je pense qu’il faut questionner l’homme dans ce qu’il a de plus vrai et de plus profond afin d’exhumer ce qu’il a de meilleur et qui fait défaut. Au moment de cette réflexion, en allant puiser au plus profond, je pense que l’on trouve des solutions et on se retrouve soi-même. On se découvre soi-même et la découverte de soi amène forcément de l’empathie et à la découverte de l’autre. C’est ainsi, avec Georges J. Gendelman, qu’on a voulu réaliser ces Ateliers de la Terre, c’est à chaque fois une main tendue.

Jean Paul Delevoye disait quelque chose de très émouvant sur le regard que l’on pose sur les autres. L’enfant qui est exclu, le jeune qui est exclu du système scolaire français – il y en a 140 000 par an quand même ! c’est un talent qui disparaît. Si on change notre regard pour que cet enfant se réintègre, on lui tend la main et de nouveau il existe grâce à un regard différent posé sur lui. Il aura lui aussi sa propre perception, et c’est comme ça que l’on doit changer les choses.

Reportage réalisé par NTD Télévision

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