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Carburants

Essence près de trois fois moins chère aux États-Unis : pourquoi la France paie le prix fort

Le gallon d’essence vient de repasser sous les 3 dollars aux États-Unis, soit environ 68 centimes le litre, contre 1,75 euro en France, un écart qui tient beaucoup plus à la fiscalité et aux choix politiques qu’au seul prix du baril.

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Un panneau affiche le prix de l'essence dans une station-service de Chicago, le 21 mai 2024.

Photo: Scott Olson/Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Sous l’administration Biden, les prix de l’essence avaient atteint des pics historiques, notamment en 2022 suite à l’invasion de l’Ukraine, dépassant les 5 dollars le gallon (1,13 euro le litre), selon BFMTV. Pour contenir cette flambée, Washington avait dû puiser dans ses réserves pétrolières stratégiques.
À l’inverse, Donald Trump a placé la baisse des prix de l’énergie au cœur de son programme, promouvant une stratégie de déréglementation et d’expansion massive du forage pour maintenir les prix contenus à la pompe.

Aux États-Unis, le prix moyen de l’essence est tombé à 2,99 dollars le gallon début décembre, son plus bas niveau depuis 2021, selon AAA – l’agence publique chargée de suivre les prix du secteur. Cela revient à environ 0,68 euro le litre, quand la fourchette moyenne en France tourne autour de 1,70 à 2,05 euro le litre pour l’essence en 2025, d’après le site Ornikar.

Les taxes représentent plus de 50% du prix de l’essence en France

En France, les taxes représentent une part majoritaire du prix à la pompe, avec accise (ex‑TICPE) et TVA à 20%, appliquée y compris sur le montant de la taxe, créant un effet de « taxe sur la taxe ». L’accise sur les carburants est un « droit d’accise », c’est-à-dire un impôt dont le montant fixe est voté par le parlement. Hors majorations régionales, le taux d’accise par litre de carburant est de 0,69 centimes par litre pour l’essence (0,61 centimes pour le gazole), selon Fipeco. Cela explique pourquoi la baisse du brut se répercute moins brutalement en station que de l’autre côté de l’Atlantique.

La part des taxes dans le prix de l’essence atteint 56 % (contre 53 % pour le gazole) au 28 novembre 2025, selon les chiffres de l’union française des industries pétrolières. Aux États-Unis, les taxes représentent entre 15 et 18 % du prix de l’essence selon les États.

La France applique l’une des fiscalités les plus élevées en Europe

La plupart des pays européens appliquent une structure de taxation similaire, combinant droits d’accise élevés et TVA, ce qui place le continent parmi les zones les plus chères du monde pour les carburants routiers. Les comparateurs internationaux montrent régulièrement les États-Unis nettement en dessous des grands pays européens, tant pour l’essence que pour le diesel.

La France applique l’une des fiscalités les plus élevées sur les carburants en Europe, dépassant la plupart des pays hormis l’Italie et les Pays-Bas pour l’essence. L’Espagne, la Suède et la Pologne affichent les accises les plus basses. Dans tous les pays sauf la Belgique, le gazole subit une taxation inférieure à l’essence.

Les accises sur les carburants (hors TVA) en juin 2025 en euros par hectolitre

Source : Fipeco, Epoch Times

Les États-Unis misent sur le « forage à tout prix »

Washington a fait du soutien aux énergies fossiles et de la déréglementation un axe central de sa politique énergétique, encourageant la production intérieure de pétrole et de gaz.

Cette stratégie limite la dépendance aux importations et augmente la disponibilité de carburant sur le marché intérieur, ce qui contribue à maintenir les prix à la pompe à des niveaux bas par rapport à l’Europe.

Raffinage, logistique et concurrence à la pompe

Le réseau de raffineries, l’importance de la production domestique et la concurrence entre distributeurs renforcent la sensibilité des prix américains aux variations du brut, à la hausse comme à la baisse.

En France, la combinaison d’infrastructures plus concentrées, de coûts logistiques élevés et de marges de distribution régulées ou surveillées réduit l’ampleur des variations immédiates, même si les mouvements du baril finissent toujours par se refléter en station.

Un baril sous pression, entre surabondance et transition

Dans un environnement marqué par la transition énergétique mondiale, les capacités de production pétrolière excèdent les besoins. Malgré cet excédent d’offre, l’OPEP persiste dans sa stratégie d’augmentation des volumes extraits. Selon les experts de JPMorgan, cette persistance du déséquilibre risque de faire chuter le Brent jusqu’à 40 dollars le baril d’ici la fin de 2026, contre environ 63 dollars actuellement.

Cette abondance bénéficie surtout aux États-Unis, où elle se traduit directement par des prix bas grâce à une production nationale dynamique et une fiscalité légère. En France et en Europe, les taxes absorbent l’essentiel de cette détente pétrolière, maintenant un prix du litre près de trois fois supérieur malgré la baisse mondiale du brut.