Festival d'Angoulême
Festival international de la BD d’Angoulême : un coup d’arrêt brutal pour la 53e édition
Le rendez-vous incontournable de la bande dessinée traverse une période sans précédent. Jeudi, les responsables du festival international de BD d'Angoulême ont annoncé à leurs partenaires la suspension de la préparation de l'édition 2026, comme le révèle un courrier électronique obtenu par l'AFP.

Le dessinateur de bandes dessinées Marcel Gotlib (à dr.) inaugure la statue érigée à son effigie sur la place de l'Hôtel de ville de Angoulême, le 23 janvier 1992, dans le cadre de l'édition 1992 du Salon international de la bande dessinée.
Photo: OLIVIER MORIN/AFP via Getty Images
Dans ce message dévoilé par Le Monde, Noémie de La Soujeole, directrice commerciale de la société organisatrice 9e Art+, informe les maisons d’édition partenaires que « la production de l’édition 2026 du Festival d’Angoulême est, à ce jour, mise à l’arrêt ». Une déclaration qui jette un froid sur l’avenir immédiat de cette manifestation culturelle majeure.
Une annulation pas encore actée
Malgré cette pause inattendue, la société 9e Art+, qui pilote l’événement depuis 2007, tient à rassurer : la 53e édition, programmée du 29 janvier au 1er février prochains, n’est pas officiellement supprimée. L’organisation affirme qu’aucune décision définitive n’a été prise concernant le sort du festival.
Cette position ambiguë ne fait qu’amplifier le climat d’incertitude qui enveloppe ce grand rassemblement international de la bande dessinée, aujourd’hui confronté à la plus sérieuse crise de son histoire. Entre appels à la mobilisation et signes de méfiance généralisée, l’événement vacille dangereusement.
Une vague de contestations sans précédent
Le festival fait face à un mouvement de boycott d’une ampleur inhabituelle. De nombreux créateurs et créatrices, dont Anouk Ricard, récipiendaire du Grand Prix 2025, ont pris position contre ce qu’ils dénoncent comme une commercialisation excessive de la manifestation.
Plus grave encore, la communauté artistique reproche vivement à 9e Art+ le licenciement d’une employée qui avait déposé plainte en 2024 pour un viol commis lors du festival. Cette affaire a profondément ébranlé la confiance entre les organisateurs et le monde de la BD.
Les financeurs appellent à l’abandon
Le 20 novembre dernier, un tournant décisif s’est opéré. Les institutions publiques qui soutiennent financièrement le festival, représentant la moitié de son budget évalué à environ 6 millions d’euros, ont ouvertement demandé l’annulation de l’édition 2026. Selon eux, maintenir l’événement dans ces conditions relève de la mission « plus que compliquée ».
Le désaveu des éditeurs
Les principales structures d’édition de bande dessinée avaient déjà exprimé leur position avant cette annonce. Estimant la 53e édition « compromise », elles ont déclaré que « la confiance était rompue » avec les organisateurs. Cette prise de distance des acteurs majeurs du secteur constitue un revers considérable pour la manifestation.
La gestion de 9e Art+ est désormais critiquée de toutes parts au sein de l’industrie de la bande dessinée, plaçant l’avenir même de l’organisation sous une lumière particulièrement critique.
Le ministère maintient le cap
Face à cette tempête, le ministère de la Culture adopte une position singulière en continuant de défendre l’organisation du festival à la date prévue fin janvier. Cette posture contraste fortement avec la mobilisation générale des autres acteurs du secteur, révélant les profondes divisions qui traversent actuellement le monde de la bande dessinée française autour de cet événement emblématique.
Avec AFP

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