France: la fuite des cerveaux se poursuit

24 mai 2016 07:00 Mis à jour: 25 mai 2016 10:27

En 2013, l’INSEE estimait à trois millions le nombre de personnes nées en France vivant à l’étranger, la majorité étant des actifs entre 25 et 55 ans. Qu’est-ce qui incite ces personnes à quitter la France ? Changement de climat, exil fiscal, fuite des cerveaux ?

Le Conseil d’analyse économique a publié le 17 mai dernier une étude intitulée Préparer la France à la mobilité internationale croissante des qualifiés. Placé auprès du Premier ministre, le Conseil d’analyse économique (CAE) est une instance chargée de conduire des recherches dont les résultats sont rendus publics afin « d’éclairer, par la confrontation des points de vue et des analyses, les choix du gouvernement en matière économique ».

Des diplômés qui s’expatrient

Le premier constat est qu’en France, si le phénomène d’expatriation est en pleine expansion – le flux net d’émigration a doublé entre 1980 et 2010 –, son niveau reste pourtant nettement inférieur à ce que l’on observe dans d’autres pays européens, deux fois moindre que l’Allemagne ou quatre fois moindre que le Royaume-Uni.

Quant au solde migratoire, le flux sortant de personnes nées en France et le flux entrant de personnes nées à l’étranger sont globalement du même ordre de grandeur.

Pourtant, si l’on entre dans les détails, on constate que le niveau d’études du flux sortant est sensiblement différent de celui du flux entrant. En effet, les personnes retournant en France après une période d’expatriation sont davantage diplômées que les personnes nées à l’étranger et immigrant en France : 44% des premières ont un diplôme bac + 5, contre 27% des secondes. Ce nouveau solde migratoire, tenant compte des « talents », devient alors négatif.

Le deuxième constat, corroboré par une étude de Bono et Wasmer en 2014, est que le nombre de travailleurs diplômés qui s’expatrient est en hausse depuis 2000. Si le taux d’émigration des travailleurs français qualifiés est également en augmentation, il demeure nettement inférieur à celui des autres pays européens.

« 21% des jeunes diplômés situent leur avenir professionnel à l’étranger. »

-OpinionWay

L’exemple des grandes écoles est particulièrement édifiant. Des enquêtes pratiquées par la Conférence des grandes écoles indiquent une mobilité internationale en forte hausse en sortie d’école : alors que 12% des diplômés 2003 étaient en poste à l’étranger en 2005, on en comptait 17% pour la promotion 2014 un an après leur sortie, rectifié à 15% si l’on enlève les 10% des diplômés étrangers.

Et cette tendance semble s’installer. Le Baromètre 2015 de l’humeur des jeunes diplômés, réalisé pour le cabinet Deloitte par OpinionWay, révélait que 21% des jeunes diplômés en recherche d’emploi, tous diplômes confondus, situaient leur avenir professionnel à l’étranger. C’est moins que 2014 et 2013, recensant 27% des interrogés, mais plus que 2012 qui n’affichait que 13% du nombre. À la question ouverte de nommer deux pays où ils souhaiteraient s’expatrier, 53% d’entre eux souhaiteraient partir en Amérique du Nord (36% aux États-Unis et 33% au Canada) et 47% demeureraient en Europe – le Royaume-Uni et la Suisse étant les destinations phares (14% chacune), suivies de l’Allemagne (8%). L’Océanie et l’Asie se révèlent aussi être des destinations en pleine expansion.

Renforcer l’attractivité

Avec quelque 299 000 étudiants étrangers présents en 2014, la France accueille 6% de l’effectif total des étudiants en mobilité internationale, ce qui la place au quatrième rang mondial des pays d’accueil, derrière les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie. Les programmes tels qu’Erasmus ont permis de doubler ce nombre entre 1990 et 2014. Mais le taux de « rétention » de ces étrangers à l’issue de leurs études sur le territoire national demeure bas (4%), soit bien moins qu’au Royaume-Uni (47%) et que dans les autres pays anglo-saxons (100%).

L’étude du CAE propose ainsi trois solutions : renforcer l’attractivité des universités françaises, réduire les freins à la mobilité et renforcer le lien avec les nationaux non-résidents. L’idée étant d’inverser le flux et que les « cerveaux » arrivent plus en France qu’ils n’en partent.

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