Frappes sur le sud de Gaza, querelle sur un futur État palestinien

Par Epoch Times avec AFP
19 janvier 2024 10:40 Mis à jour: 19 janvier 2024 14:07

L’armée israélienne bombarde intensément vendredi le sud de bande de Gaza sur fond d’un important différend entre Israël et Washington à propos d’un éventuel État palestinien et d’une régionalisation croissante du conflit jusqu’au large du Yémen.

Aux premières heures de vendredi, des témoins ont fait état de tirs et des frappes aériennes à Khan Younès, principale ville du sud de la bande de Gaza où se cachent selon Israël de nombreux membres de la direction locale du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Le Croissant-Rouge palestinien a déploré « d’intenses » tirs d’artillerie « dans les environs » de l’hôpital local al-Amal, le ministère de la Santé du Hamas faisant état de 77 morts dans des frappes nocturnes incluant à Khan Younès, épicentre désormais des combats.

« Les soldats appuyés par l’artillerie et l’aviation ont éliminé des dizaines de terroristes (dans des combats) au corps à corps » à Khan Younès, a indiqué l’armée israélienne, affirmant avoir atteint le secteur « le plus au sud » de Gaza depuis le début de son déploiement terrestre qui avait commencé tout au nord du territoire palestinien.

À Gaza, où environ 80% de la population a été déplacée par les raids ou les combats, la situation humanitaire demeure critique. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé dans la nuit avoir recensé 24 cas d’hépatite A, une infection virale du foie et des « milliers » de cas de jaunisse « probablement » liées à la propagation de cette hépatite.

« Les conditions de vie inhumaines – presque pas d’eau potable, de toilettes propres et de possibilité de garder les environs propres – permettront à l’hépatite A de se propager davantage », a écrit sur X le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, évoquant un contexte sanitaire « explosif ».

La sécurité pour Israël en « contradiction avec l’idée de souveraineté » palestinienne

« Nous ne nous satisferons pas de moins qu’une victoire totale, ce qui signifie l’élimination des chefs terroristes, la destruction des capacités opérationnelles et militaires du Hamas, le retour de nos otages à la maison, la démilitarisation de Gaza avec un contrôle sécuritaire d’Israël total et sur tout ce qui entre dans » ce territoire palestinien, a déclaré jeudi le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

« La victoire prendra de longs mois », a-t-il martelé. Et d’ajouter : « Israël doit avoir le contrôle de la sécurité sur l’ensemble du territoire situé à l’ouest du Jourdain. Il s’agit d’une condition nécessaire, qui est en contradiction avec l’idée de souveraineté (palestinienne) ».

Une photo prise depuis une position dans le sud d’Israël le 18 janvier 2024, montre un hélicoptère de l’armée israélienne et des ambulances militaires dans la bande de Gaza. (Photo JACK GUEZ/AFP via Getty Images)

Pour les États-Unis : « sans un État palestinien indépendant » pas de « véritable sécurité »

« Nous voyons évidemment les choses de façon différente », a lâché le porte-parole du Conseil national de sécurité John Kirby, interrogé sur des propos de M. Netanyahu semblant apporter une fin de non recevoir aux sollicitations américaines.

Les États-Unis, principal allié d’Israël et soutien clé dans son opération contre le Hamas, répètent de leur côté que la création et la reconnaissance d’un État palestinien viable est nécessaire pour envisager une « véritable sécurité ».

Au cours de la nuit, l’armée a mené des raids dans différents secteurs de la Cisjordanie occupée, notamment à Tulkarem où le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne dénombre au moins six morts depuis mercredi.

« Sans un État palestinien indépendant, il n’y aura ni sécurité ni stabilité dans la région. La région entière est sur le bord d’une éruption volcanique en raison de politiques agressives des autorités d’occupation israélienne contre le peuple palestinien et ses droits légitimes », a déclaré le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas dans une réaction aux propos de Benjamin Netanyahu.

Les États-Unis requalifient les Houthis d’entité « terroriste »

Les États-Unis ont à nouveau qualifié mercredi les rebelles yéménites Houthis, soutenus par l’Iran, d’entité « terroriste », ces derniers revendiquant peu après une attaque contre un navire américain dans le golfe d’Aden au large du Yémen.

Dans un communiqué, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a annoncé avoir décidé de requalifier les Houthis d’entité « terroriste » avec effet dans les 30 jours. Il s’agit de « faire en sorte que le groupe rende des comptes pour ses activités terroristes », a affirmé M. Blinken. « Si les Houthis cessent leurs attaques en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, les États-Unis réévalueront cette désignation », a-t-il dit.

Pour faciliter l’aide humanitaire, les États-Unis avaient en février 2021 retiré de leur liste d’« organisations terroristes » les Houthis, un mouvement en guerre depuis près d’une décennie contre le gouvernement yéménite.

Des combattants yéménites passent devant un grand portrait du leader huthi Abdulmalik al-Huthi dans une rue de Sanaa le 18 janvier 2024. (Photo MOHAMMED HUWAIS/AFP via Getty Images)

Multiplication des attaques des Houthis contre les navires marchands

La communauté internationale redoute déjà un débordement du conflit avec les échanges de tirs quotidiens à la frontière israélo-libanaise, la multiplication des attaques des Houthis contre les navires marchands en mer Rouge et dans le golfe d’Aden et l’intensification des frappes américaines au Yémen.

Tôt vendredi, les rebelles yéménites ont revendiqué des tirs contre un pétrolier américain, le Chem Ranger, circulant dans le Golfe d’Aden, nouvelle attaque en date de ce groupe soutenu par l’Iran contre des navires marchands en « solidarité » avec Gaza. Selon le site spécialisé Marine Traffic, le Chem Ranger est un pétrolier battant pavillon des îles Marshall qui se trouvait ces derniers jours au large des côtes du Yémen.

Le commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) a confirmé que les Houthis avaient bien visé le Chem Ranger, sans toutefois l’atteindre comme le prétendent les rebelles. L’équipage « a vu les missiles toucher l’eau près du navire », a indiqué le Centcom, assurant qu’il n’y avait eu ni dommages, ni blessés.

Plus tôt, jeudi, les États-Unis avait bombardé des missiles Houthis, estimant qu’ils étaient prêts à « être lancés de manière imminente en mer Rouge ». C’était la cinquième fois que Washington, parfois avec l’appui de Londres, bombardaient des positions des Houthis, mouvement remis mercredi par Washington sur une de ses listes des organisations « terroristes ».

Désormais aucun navire des États-Unis et du Royaume-Uni « ne pourra franchir une des principales voies commerciales au monde », a déclaré vendredi Mohammed al-Bukhaiti, un membre de la direction politique des Houthis, au quotidien russe Izvestia. Et d’ajouter, en sens inverse, que les navires de la Russie et de la Chine ne sont pas menacés : « nous sommes même prêts à assurer leur passage sécurisé en mer Rouge ».

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