Guinée: tirs nourris dans la capitale, théâtre d’une probable tentative de coup d’Etat militaire

Par Epoch Times avec AFP
5 septembre 2021 15:12 Mis à jour: 5 septembre 2021 15:13

Des tirs nourris d’armes automatiques retentissaient dimanche dans le centre de Conakry, théâtre d’une probable tentative de coup d’Etat mené par des militaires en Guinée, en proie depuis des mois à une grave crise économique et politique, ont rapporté plusieurs témoins à l’AFP.

Aucune explication officielle n’était disponible dans un premier temps sur les raisons de cet accès de tension sur la presqu’île de Kaloum, centre de Conakry, où siègent la présidence, les institutions et les bureaux d’affaires.

« Aucun doute » sur le fait d’une tentative de coup d’Etat

Un diplomate occidental a dit à l’AFP n’avoir « aucun doute » sur le fait qu’une tentative de coup d’Etat était en cours, conduit par les forces spéciales guinéennes. Selon ses informations, cette unité d’élite a pris au moins temporairement le palais présidentiel.

Aucune information n’était disponible sur la situation du président Alpha Condé, rentré en Guinée récemment.

Les rues résonnent de tirs intenses.

Les autorités sont restées jusqu’alors silencieuses sur une situation très confuse, malgré la prolifération des rumeurs. La télévision nationale diffusait ses programmes habituels à la mi-journée.

Des habitants joints au téléphone à Kaloum ont fait état de tirs soutenus. S’exprimant sous le couvert de l’anonymat pour leur sécurité, ils ont dit avoir vu de nombreux soldats intimant aux résidents de rentrer chez eux et de ne pas en sortir.

L’opposition a fait circuler abondamment sur les réseaux sociaux des vidéos tournées selon elle par des résidents à la dérobée et dans lesquelles les rues résonnent de tirs intenses.

L’accès à la presqu’île de Kaloum est restreint du fait de sa géographie. Les forces de sécurité peuvent aisément la bloquer.

Les tensions pourraient avoir été provoquées par le limogeage ou la tentative d’arrestation ou de marginalisation du commandant des forces spéciales, unité bénéficiant de moyens supérieurs aux autres forces de sécurité et susceptible d’avoir suscité des jalousies, a dit le diplomate occidental s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, selon les pratiques établies dans de telles circonstances. Les forces spéciales seraient alors passées à l’action, a-t-il ajouté.

Parmi les plus pauvres du monde

L’avant-veille de la présidentielle du 18 octobre 2020, le centre de Conakry s’était réveillé avec ses accès bloqués par les forces de sécurité, tandis que la presse faisait état d’une mutinerie dans un camp militaire à Kindia, à une centaine de kilomètres à l’est de la capitale.

Le 19 juillet 2011, Alpha Condé, élu l’année précédente, était sorti indemne d’une attaque menée par des militaires contre sa résidence. Il avait accusé plusieurs personnalités, et mis en cause le Sénégal et la Gambie, qui avaient démenti.

Depuis des mois, ce pays d’Afrique de l’Ouest parmi les plus pauvres du monde malgré des ressources minières et hydrologiques considérables est en proie à une profonde crise politique et économique, aggravée par la pandémie de Covid-19.

Une dérive autoritaire

La candidature du président Alpha Condé à un troisième mandat le 18 octobre 2020 a provoqué des mois de tensions qui ont causé des dizaines de morts dans un pays coutumier des confrontations politiques sanglantes. L’élection a été précédée et suivie par l’arrestation de dizaines d’opposants.

M. Condé, 83 ans aujourd’hui, a été définitivement proclamé président pour un troisième mandat le 7 novembre, malgré les recours de son principal challenger, Cellou Dalein Diallo, et de trois autres candidats qui dénonçaient des « bourrages d’urnes » et des irrégularités de toutes sortes.

Des défenseurs des droits humains fustigent une dérive autoritaire observée au cours des dernières années de la présidence Condé et remettant en cause les acquis du début.

M. Condé, ancien opposant historique, emprisonné et même condamné à mort, était devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu après des décennies de régimes autoritaires.

Les militaires s’étaient emparés du pouvoir par la force en 2008 après la mort du président Lansana Conté.

Se maintenant au pouvoir au-delà du terme prévu

M. Condé a rejoint aux yeux de ses adversaires et de maints défenseurs de la démocratie les rangs des dirigeants africains se maintenant au pouvoir au-delà du terme prévu, de plus en plus souvent en usant d’arguments légaux.

Il avait fait adopter en mars 2020, malgré une contestation déjà vive, une nouvelle Constitution pour, disait-il, « moderniser (les) institutions » et, par exemple, accorder une plus grande place aux femmes et aux jeunes.

L’opposition dénonçait un « coup d’Etat » constitutionnel. La contestation a été à plusieurs reprises durement réprimées.

M. Condé se targue d’avoir fait avancer les droits humains et d’avoir redressé un pays qu’il dit avoir trouvé en ruines.

Il se défendait en octobre 2020 sur Radio France Internationale et France 24 de vouloir instaurer une « présidence à vie ». La nouvelle Constitution lui permet théoriquement de se représenter dans six ans, une éventualité sur laquelle il s’est gardé de se prononcer.

 

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