HUAWEI – la directrice financière accusée de fraude pour avoir dissimulé ses relations d’affaires avec l’Iran, entendu à la Cour

8 décembre 2018 22:44 Mis à jour: 10 avril 2020 13:38

Les produits Huawei sont utilisés par des opérateurs téléphoniques dans le monde entier, notamment en Europe, en Afrique et au Canada. Mais plusieurs pays craignent l’utilisation de ces produits, citant la sécurité nationale et l’espionnage au profit de Pékin.

VANCOUVER – Meng Wanzhou, la directrice financière du géant chinois des télécommunications Huawei, était recherchée pour fraude aux États-Unis, a-t-on appris lors de son enquête sur le cautionnement.

Meng Wanzhou est accusée de fraude car elle aurait menti à plusieurs banques américaines au sujet des liens qui existent entre Huawei et Skycom, une société basée à Hong Kong qui ferait des affaires avec l’Iran. Elle a affirmé qu’il n’y avait aucun lien entre Huawei et Skycom. Cependant, un avocat de la Couronne a informé la cour que Huawei contrôle Skycom.

L’accusée de 46 ans a d’abord obtenu une ordonnance de non-publication de la Cour suprême de la Colombie-Britannique au Canada, qui a ensuite été levée avant son audience.

Elle a été arrêtée à Vancouver le 1er décembre et est recherchée pour extradition par les États-Unis. Les États-Unis ont émis son mandat d’arrestation le 22 août, et la Colombie-Britannique a émis un mandat d’arrestation provincial contre elle le 30 novembre.

Meng Wanzhou, directrice du conseil d’administration du géant chinois de la technologie Huawei, assiste à une session du VTB Capital Investment Forum « Russia Calling ! » à Moscou le 2 octobre 2014. Meng a été arrêtée au Canada le 1er décembre 2018 car elle est soupçonnée d’avoir enfreint les sanctions commerciales américaines. (Alexander Bibik/Reuters)

Les avocats de la Couronne ont fait valoir que la directrice Meng n’avait aucun lien significatif avec Vancouver et que ses énormes ressources rendaient le montant de sa promesse de caution non pertinent. Mme Meng s’est engagée à verser une caution de 1 million $ CA, soit environ 658 930 €.

« Si vous avez des ressources infinies, la valeur des promesses diminue », a déclaré l’avocat représentant le procureur général du Canada. Le père de Mme Meng vaut 3,2 milliards $ (2,1 milliards €).

La « malhonnêteté généralisée » chez Mme Meng a été citée comme une autre raison de refuser sa libération sous caution, tout comme le fait qu’elle a cessé de voyager aux États-Unis après avoir pris connaissance de l’enquête à son égard.

L’avocat de Mme Meng a déclaré que la directrice exécutive de Huawei ne violerait pas les ordonnances du tribunal à cause de sa « dignité personnelle ». Il a fait valoir que sa fortune ne devrait pas l’empêcher d’obtenir une libération sous caution et a suggéré d’utiliser plutôt des outils tels la surveillance électronique pour s’assurer qu’elle ne quitte pas le pays.

Les avocats du procureur général soutiennent que la surveillance électronique réduirait le risque de fuite de Meng Wanzhou, mais ne pourrait l’empêcher de faire à sa guise.

Meng Wanzhou a deux passeports valides, a fait savoir son avocat. Son passeport de Hong Kong a été saisi lors de son arrestation, alors que son passeport chinois est arrivé tard hier soir, et elle est prête à le remettre avec ses passeports expirés, a déclaré son avocat.

Meng Wanzhou risque jusqu’à 30 ans d’emprisonnement pour chacune des infractions présumées.

La Couronne a comparé le cas de Mme Meng à celui de Su Bin, un homme d’affaires chinois accusé d’avoir volé des secrets militaires américains et qui s’est vu refuser la libération sous caution devant un tribunal de la Colombie-Britannique en 2014, présentant l’affaire comme un précédent pour refuser également la libération sous caution à Meng Wanzhou.

L’enquête sur le cautionnement de Meng Wanzhou reprendra le 10 décembre.

Le 6 décembre, le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a déclaré aux journalistes qu’il avait été informé de l’arrestation quelques jours avant qu’elle n’eut lieu. M. Trudeau a déclaré à l’époque qu’il n’avait été en contact ni avec la Chine ni ses ambassadeurs au sujet de cette affaire, a-t-on appris de la chaîne CBC.

Liens avec Pékin

Meng Wanzhou, qui porte également les noms de Cathy et Sabrina, n’est pas seulement la directrice financière de Huawei, mais aussi la vice-présidente du conseil d’administration et la fille aînée de son fondateur.

Ren Zhengfei, PDG et fondateur de Huawei, est un ancien membre de l’Armée populaire de libération de la Chine (APL), où il a travaillé comme ingénieur pour l’aider à construire son réseau de communication.

La société fait l’objet d’un examen minutieux en raison de ses liens avec le régime chinois, ce qui a suscité des inquiétudes dans les milieux du renseignement quant à l’utilisation de son équipement pour espionner au profit de Pékin.

« Huawei est essentiellement sous le contrôle du gouvernement chinois », a déclaré l’ancien chef du Service canadien du renseignement de sécurité Ward Elcock à CBC.

Une femme marche près du logo Huawei dans un centre commercial de Shanghai, en Chine, le 6 décembre 2018. (Aly Song/Reuters)

Les États-Unis et l’Australie, tous deux membres de l’alliance Five Eyes (littéralement « Cinq yeux », traduit comme Groupe des cinq par la Défense canadienne), qui comprend également le Canada, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni, ont rejeté Huawei de leurs réseaux 5G, la prochaine génération de technologies sans fil. Le mois dernier, la Nouvelle-Zélande a refusé la demande d’une société de télécommunications d’utiliser la technologie 5G de Huawei, invoquant des préoccupations de sécurité nationale.

Au Royaume-Uni, BT Group a annoncé ce mois-ci qu’il retirait les équipements Huawei de ses activités mobiles 3G et 4G et qu’il n’utiliserait pas la technologie Huawei dans son réseau 5G.

Dans une interview accordée à l’Australian Financial Review, l’ancien chef de la CIA Michael Hayden a déclaré qu’il y a des preuves que Huawei espionne au profit de Pékin.

Un article récent du journal The Australian rapporte que des responsables australiens ont reçu des informations selon lesquelles des espions chinois auraient utilisé Huawei pour infiltrer un « réseau étranger ».

En vertu de la loi chinoise sur le renseignement national, les organisations chinoises doivent soutenir, aider et coopérer au travail de renseignement de l’État.

Les responsables de six agences de renseignement américaines, dont la CIA, le FBI et la NSA, ont mis en garde contre l’utilisation de produits Huawei pour des raisons invoquées de sécurité.

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