Les industries européennes fuient aux États-Unis

Par Élodie Messéant
27 décembre 2022 16:22 Mis à jour: 27 décembre 2022 16:22

Face à l’Inflation Reduction Act (IRA) de Joe Biden, un plan massif de 369 milliards de dollars de subventions aux entreprises américaines, la France et l’Allemagne envisagent de riposter par l’assouplissement des règles relatives aux aides d’État, ainsi que des « subventions ciblées et des crédits d’impôt » pour les secteurs stratégiques.

Il faut le dire : la stratégie protectionniste de Washington a montré sa relative efficacité dans son objectif initial. Depuis l’adoption de l’IRA en août dernier, de nombreuses entreprises européennes délocalisent outre-Atlantique. En plus des subventions massives, la guerre en Ukraine les incite fortement à s’implanter aux États-Unis, où les coûts de l’énergie sont cinq à six fois moins chers. « Les industriels voient un signal prix qui les conduit à arrêter leurs usines, à déplacer des productions dans d’autres régions du monde » explique Jean-Pierre Clamadieu, PDG d’Engie.

Cette réaction de Paris et Berlin est révélatrice de l’absence totale de réflexion sur les réels facteurs qui poussent les entreprises à quitter l’Union européenne. Si, ces dernières années, la part d’entreprises européennes affichant les plus fortes capitalisations s’est réduite au profit des entreprises américaines et asiatiques, ce n’est pas le fruit du hasard. Les contraintes réglementaires et fiscales imposées par Bruxelles pèsent lourdement sur les industries européennes.

Dernier exemple en date : l’adoption de la taxe carbone aux frontières, qui impose aux importateurs de marchandises d’acheter des certificats dont les prix seraient indexés sur celui du CO2 dans le marché carbone européen. Une menace bureaucratique qui pousse certaines entreprises à relocaliser leur production en dehors de l’UE. Cet exemple s’ajoute à l’adoption récente de l’impôt minimal de 15 % sur les multinationales – une mesure qui vient notamment réduire la compétitivité des petits pays européens.

Au lieu de résoudre les problèmes rencontrés par les industriels, un nouveau plan de réindustrialisation, à l’instar du Fonds de Souveraineté européen, risque d’intensifier les tensions commerciales avec les États-Unis. Pour éviter cette situation et limiter la dette commune, la stratégie envisagée consiste donc, pour l’instant, à réorienter des fonds européens non utilisés, comme ceux du plan de relance post-Covid.

Si l’UE souhaite rattraper son retard sur les États-Unis, une meilleure piste consisterait à lever les freins à l’investissement industriel, comme les droits de douane sur les importations en provenance de pays qui n’ont pas l’intention de réduire leurs émissions de carbone. Et pourquoi pas renouer avec l’idéal d’une assemblée de nations autonomes coopérant les unes avec les autres, embrassant une véritable économie de marché, de concurrence et d’innovation.

Article écrit par Élodie Messéant, avec l’aimable autorisation de l’IREF.

L’IREF est un « think tank » libéral et européen fondé en 2002 par des membres de la société civile issus de milieux académiques et professionnels dans le but de développer la recherche indépendante sur des sujets économiques et fiscaux. L’institut est indépendant de tout parti ou organisation politique. Il refuse le financement public.

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