5G : de nouvelles publications scientifiques alertent sur les risques

Par Aurelien Girard
1 juin 2020 11:46 Mis à jour: 1 avril 2021 15:41

Le débat sur la potentielle dangerosité de la 5G est loin d’être clos. Malgré les messages officiels rassurants, les données de la littérature scientifique ne permettent pas de croire à une totale innocuité ; en particulier, de nouvelles données scientifiques publiées entre mars et mai 2020 alertent vivement les autorités sanitaires.

Jusqu’à maintenant, des avis officiels prudents, mais une presse (trop) rassurante

Le journal en ligne FrAndroid, référence des amateurs de smartphones animés par le système d’exploitation de Google, en est certain : « C’est confirmé, la 5G est sans danger pour votre santé. »  De même, Le Figaro considérait fin d’année dernière que les inquiétudes d’associations de protection des usagers sont infondées puisque « ces ondes n’ont pas suffisamment d’énergie pour s’attaquer à nos cellules ou à notre ADN, contrairement aux rayons X ou aux ultraviolets (ondes ayant une fréquence – et donc une énergie – beaucoup plus élevée), qui peuvent notamment provoquer des cancers à partir d’un certain niveau d’exposition. Elles transportent d’ailleurs beaucoup moins d’énergie qu’une autre onde électromagnétique que nous connaissons bien : la lumière. »

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) n’ose pourtant pas trancher aussi nettement : le 27 janvier, elle a publié un rapport complet d’évaluation des risques pour la santé de la 5G. Ce document, qui fait la revue des études scientifiques existantes conclut à « un manque de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels liés à l’exposition aux fréquences autour de 3,5 GHz. »  Ceci signifie que, sur la base de la littérature scientifique, rien ne permettait, en date du 27 janvier et d’après l’agence, de conclure définitivement ni au danger de la 5G, ni à son absence de danger. Dans le détail, certaines études ont montré des effets toxiques à court terme de ces ondes, mais ont été contredites par d’autres n’en montrant pas. Aucune par contre n’a pu répondre à la question de l’impact à long terme de cette possible « amiante ondulatoire. »

De nouvelles études évoquent un risque potentiel important

A ce sujet, le Dr Helmut Keller de la Narda Safety Test Solutions, en Allemagne, fait dans un article du journal Health Physics la comparaison des outils utilisés pour comprendre l’impact des ondes de la 5G. Il conclut que : « Plusieurs méthodes d’évaluation de l’exposition humaine aux champs électromagnétiques transmis par les nouvelles stations d’ondes radio 5G ont été examinées. Il n’existe actuellement aucune méthode permettant d’extrapoler l’exposition théorique maximale. » Ce qui, dit différemment, signifie qu’il n’est pas aujourd’hui possible de prévoir les conséquences de l’exposition à la 5G.

Plus récemment au mois de mars, Lennart Hardell  de l’Université d’Orebrö en Suède et son collègue Rainer Nyberg  de l’université Åbo Akademi en Finlande, ont expliqué dans le journal Molecular Oncology (spécialisé dans la recherche sur les cancers) que « le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classe depuis 2011 les radiofréquences (RF) dans la gamme de fréquences 30 kHz-300 GHz comme un cancinogène humain « possible », du groupe 2B. Les preuves ont depuis été renforcées par des recherches supplémentaires ; ainsi, les radiofréquences peuvent maintenant être classées comme cancérigènes pour l’homme, groupe 1 [niveau de danger le plus élevé]. Malgré cela, ces radiations micro-ondes se développent [dans le monde] avec une augmentation de l’exposition individuelle et ambiante. L’un des facteurs contribuant à cette situation est que la majorité des pays s’appuient sur les directives formulées par la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP), une organisation non gouvernementale allemande et privée. L’ICNIRP se fonde uniquement sur l’évaluation des effets thermiques (échauffement) des radiations RF, et rejette un grand nombre de publications scientifiques qui démontrent les effets néfastes des radiations non thermiques. »

Les auteurs continuent : « La cinquième génération, la 5G, pour les rayonnements micro-ondes est sur le point d’être mise en œuvre dans le monde entier, malgré l’absence d’études approfondies sur les risques potentiels pour la santé humaine et l’environnement. Dans un appel envoyé à l’Union Européenne (UE) en septembre 2017, plus de 260 scientifiques et médecins ont demandé un moratoire sur le déploiement de la 5G jusqu’à ce que les risques sanitaires associés à cette nouvelle technologie aient été entièrement étudiés par des scientifiques indépendants de l’industrie. L’appel [..] n’a suscité aucune réponse positive de la part de l’UE à ce jour. Malheureusement, les décideurs semblent être mal informés des risques. Les fonctionnaires de l’UE s’appuient sur les opinions des personnes au sein de la CIPRNI et du Comité scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux (SCENIHR), dont la plupart ont des liens avec l’industrie. Ils semblent dominer les organismes d’évaluation et réfutent les risques. Il est important que ces circonstances soient sues. » 

Un lobby industriel filtrerait donc les informations négatives pour ne laisser paraître que celles qui vont dans le sens d’une autorisation du déploiement rapide de la 5G ?

Au début du mois de mai, un groupe de scientifiques de la très renommée Georgia-Tech  (Université des technologies de Géorgie, USA), de l’Université Mc Gill à Montréal et du Einstein Center of Toxicology, ont enfoncé le clou dans un article de la revue Toxicology Letters. Les auteurs y soulignent que « la plupart des expériences de laboratoire menées à ce jour n’ont pas été conçues pour identifier les effets néfastes les plus graves reflétant l’environnement opérationnel réel dans lequel les systèmes de radiations sans fil fonctionnent. De nombreuses expériences n’incluent pas la pulsation et la modulation du signal porteur. La grande majorité ne tient pas compte des effets négatifs synergiques d’autres stimuli toxiques (tels que chimiques et biologiques) agissant de concert avec les radiations sans fil […] la technologie de réseau mobile 5G naissante n’affectera pas seulement la peau et les yeux, comme on le croit généralement, mais aura également des effets systémiques néfastes. »

Une question qui fâche : la 5G, pour quoi faire ?

Ces nouvelles publications scientifiques, étrangement peu relayées jusqu’à aujourd’hui, soulèvent une question de fond :  tenterait-on de conclure à la hâte qu’il est prouvé « scientifiquement » que la 5G est inoffensive ? Les expériences menées et analysées jusqu’à aujourd’hui ont-elles été conçues de manière à ne pas mettre en lumière de danger ? Les récents articles permettent de légitimement s’interroger.

Il faut cependant noter qu’il est habituel dans le débat scientifique que des controverses, parfois violentes, naissent et que seulement à travers la confrontation des arguments des uns et des autres émerge finalement une connaissance jugée fiable. Mais ce consensus scientifique se construit dans un temps long, non compatible avec la volonté actuelle de prises de décision rapide. Le monde politique doit donc s’attendre à des bienfaits majeurs de la 5G pour compenser ses risques potentiels.

Ceux qui promettent son déploiement national comprennent le fait de résoudre la question des « déserts numériques » où l’accès à internet haut-débit – considéré comme un droit fondamental du citoyen – n’est pas garanti. Elle doit aussi faciliter le déploiement de la télé-médecine, de véhicules autonomes, placer des dizaines de millions d’objets professionnels ou quotidien en relation les uns avec les autres pour créer de nouveaux services.

Pour l’utilisateur individuel, cette technologie promet de naviguer sur internet plus fort, plus vite, de consommer plus de données, vidéos, contenus divers. Plus de nouvelles applications, d’objets connectés à la maison, de calcul distant et de gigantesques salles serveur. Ceci sera, bien sûr, créateur d’emplois pour ceux qui déploieront la 5G, pour ceux qui créeront ces nouveaux objets connectés, nouvelles applications, jeux vidéos, téléphones portables.

Une économie « à fond les ballons » dans le marché de la distraction.

Un débat éthique pourrait cependant poser la question de savoir si la 5G ne fait pas alors subir une double-peine à tous : celle du danger des ondes à haute fréquence, couplée à celle de toujours plus de dépendance aux outils digitaux. Celle-ci touche d’après Les Echos plus d’un tiers des français. Un futur souhaitable ?

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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