Un jeune homme de 21 ans torturé pour des messages publiés concernant la fille du dirigeant chinois

Par Eva Fu
9 mars 2021 20:09 Mis à jour: 9 mars 2021 20:10

Un homme de 21 ans a été condamné à 14 ans de prison en Chine et a subi des tortures répétées pour avoir prétendument publié des informations personnelles sur la famille proche du leader chinois Xi Jinping, a déclaré sa mère au journal Epoch Times.

« L’avocat m’a dit, après qui l’a rencontré, qu’il avait vu des brûlures de cigarettes sur son bras. Il ne peut pas bouger son bras droit et doit manger avec sa main gauche », a déclaré dans une interview la mère de celui qui est emprisonné, Niu Tengyu, administrateur du forum Esu Wiki, basé sur un Wiki. « Ils lui ont injecté des substances inconnues dans les pieds qui ont causé du pus. C’est si douloureux qu’il ne peut pas dormir la nuit. »

L’infraction supposée de Niu provient de messages datant de mai 2019 qui ont révélé des photos, le numéro d’identification et la photo de passeport Xi Mingze, la fille de Xi Jinping, qui a fait ses études à l’université Harvard, ainsi que des détails sur son beau-frère Deng Jiagui. Le forum, caractérisé par des parodies de célébrités et des mèmes nationalistes, a depuis été fermé.

Niu, un codeur autodidacte, a reçu la peine la plus sévère parmi les 24 personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire. Toutes sont des étudiants ayant un accès administratif au forum, dont neuf ayant moins de 18 ans.

En décembre dernier, le tribunal populaire du district de Maoming Maonan, dans la province de Guangdong, dans le Sud de la Chine, l’a jugé coupable d’avoir « provoqué des querelles et des troubles », un délit général que le régime chinois applique fréquemment pour étouffer la dissidence. Outre une peine de 14 ans de prison, le tribunal lui a également infligé une amende de 130 000 yuans (environ 16 760 euros).

La lourde peine de prison a fait subir un tel choc à la mère de Niu qu’elle s’est effondrée sur le sol, se cassant la jambe, a-t-elle déclaré.

Xi Mingze
Un post qui prétend révéler des détails personnels sur la fille du leader chinois Xi Jinping, Xi Mingze. (Capture d’écran)

Elle a insisté sur le fait que Niu n’avait pas participé à la divulgation de données personnelles. Les informations sur la famille de Xi étaient apparues sur deux autres sites similaires basés à l’étranger, dont l’un nommé Zhina Wiki, ont écrit les parents de dix personnes arrêtées, dans une lettre ouverte datée du 8 février. Ils affirment que leurs enfants sont devenus des boucs émissaires parce que la police n’a pas pu atteindre les coupables qui sont basés à l’étranger.

Niu a « disparu » en octobre 2019, après avoir été retenu pendant des semaines dans le centre de détention local Maoming n° 1. Ce n’est que quelques mois plus tard que sa mère a appris que Niu avait été secrètement transféré au centre de détention du district de Foshan Nanhai, où il a reçu un nom de code « MM20 ». Il a été enfermé dans une pièce isolée dans un village éloigné, a-t-elle dit.

« C’était comme s’il s’était soudainement évaporé de ce monde. »

Le but de la police était d’obtenir des aveux de Niu. Quand il a refusé d’admettre sa culpabilité, ils ont doublé la tactique pour le forcer à se soumettre, a dit sa mère.

Les policiers ont déshabillé Niu, ont mis la climatisation au plus bas et l’ont battu, a dit la mère de Niu. Un policier surnommé Chen l’a également agressé verbalement et a fait des enregistrements vidéo et des photographies des séances de torture.

Il a été suspendu et aspergé d’eau froide lorsqu’il s’est effondré, après avoir été battu. Ils l’ont également électrocuté avec des matraques électriques au moment où il s’est endormi.

« Ils ont dit que cet enfant était trop ‘endurci’ et qu’il avait besoin d’un traitement spécial », a-t-elle déclaré.

Trois détenus libérés de ce centre de détention l’avaient appelée pour lui en dire plus sur les épreuves que vivait Niu, a-t-elle dit.

« Une personne suffoquait à force de sangloter, affirmant qu’elle ne pouvait pas parler », a-t-elle dit. En larmes, la personne a décrit comment Niu « a été battu au point d’avoir des douleurs à la poitrine et d’être asphyxié à cause de ses difficultés à respirer. » Plusieurs fois, il est tombé inconscient et a été envoyé à l’hôpital, a dit la personne, ajoutant que Niu « ne pouvait pas s’allonger sur le lit pour dormir », à cause de ses blessures.

Dans une note manuscrite récemment rendue publique, Niu a déclaré qu’il avait été forcé de « fabriquer et d’inventer un tas de faits inexistants et délibérément concoctés » en se basant sur les titres et les grandes lignes donnés par la police. Lorsqu’il n’avait pas terminé dans les délais impartis, il a été battu, privé de sommeil et n’a eu rien d’autre que du riz blanc à manger.

Niu a dit qu’il avait écrit des dizaines de milliers de mots qui remplissaient plusieurs centaines de feuilles de papier A4.

« Entre le 10 décembre 2019 et le 20 janvier 2020, je n’ai pas dormi plus de 30 heures », a-t-il écrit. Il a déclaré que ces documents ont été « falsifiés, sous la contrainte des responsables du dossier » et ne peuvent donc pas représenter ses propres pensées.

La mère de Niu fait appel de la décision du tribunal. Plusieurs avocats ont abandonné l’affaire sous la pression des autorités. L’un d’entre eux avait été convoqué par la police, après avoir fait une déclaration affirmant l’innocence de son client. L’avocat actuel de Niu, Bao Longjun, a déclaré qu’il prévoyait de poursuivre les enquêteurs pour les mauvais traitements subis.

La mère de Niu se remet encore de sa chute et souffre d’une détérioration de sa vue et de problèmes cardiaques, étant anxieuse pour Niu. Mais avec la lourde amende et l’absence de source de revenus, elle n’a pas pu se faire soigner correctement, a-t-elle dit.

Malgré les difficultés, elle a déclaré qu’elle resterait forte mentalement et qu’elle dirait au monde entier ce que la police chinoise a fait.

« Que le ciel m’aide, afin que je puisse vivre jusqu’au jour où je pourrai revoir mon enfant », a-t-elle déclaré.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.