Les jeunes Chinois se disent pauvres, sales et moches

21 janvier 2019 18:26 Mis à jour: 21 janvier 2019 18:26

Selon le Parti communiste chinois (PCC), la Chine connaît une croissance économique, tandis que les inégalités de revenus et de richesse se réduisent et les citoyens mènent tous une vie satisfaisante. Mais au-delà de la propagande du Parti, on trouve une société aux prises avec l’inégalité – au point que la jeunesse instruite a tendance à se dire « pauvre, sale et moche » à cause de la dure vie qu’elle est forcée d’avoir.

Qiou, la nouvelle identité

Cette tendance a commencé dans les médias sociaux où le caractère chinois « qiou » a connu un succès immédiat. Qiou est composé de trois caractères qui désignent le sale (tu), le pauvre (qiong) et le laid (chou). Le mot est devenu très en vogue après qu’un canal d’information chinois a commencé à le favoriser. En fait, beaucoup considèrent désormais « qiou » comme le « mot non officiel de l’année 2018 ».

Les spécialistes des sciences sociales voient dans la popularité de ce mot parmi les jeunes Chinois une indication du désespoir que beaucoup d’entre eux ressentent. Certains le perçoivent également comme une sorte de défaitiste dans le sens que les jeunes qui adoptent ce mot ont renoncé aux attentes que leur impose la société. Bien que les jeunes d’aujourd’hui disposent de beaucoup plus de richesse que ceux des générations précédentes, il leur est difficile d’avoir du succès.

Selon les chiffres officiels, le taux de chômage en Chine n’oscille qu’autour de 4 %. Mais ce que les statistiques ne révèlent pas, c’est le fait que ceux qui ont un emploi font face à une concurrence acharnée pour le préserver. La hausse du coût de la vie ajoute également à la pression. La plupart des jeunes se retrouvent coincés avec leur emploi actuel sans jamais réaliser leurs rêves. L’échec finit par écraser leurs âmes, faisant de beaucoup d’entre eux des solitaires qui se retirent de la société.

« J’ai pensé que j’étais un être humain, alors pourquoi je ne vis pas comme tel ? J’ai pensé à ma famille. J’ai pensé à mon avenir. J’ai eu mal au cœur… et puis je me suis endormi… Le lendemain matin, je me suis réveillé et j’ai commencé à travailler comme un fou pour obtenir une promotion et gagner plus d’argent – mais aujourd’hui je ne suis toujours qu’un employé de niveau inférieur », a confié lors d’un forum Wang Yaling, qui se considère être un « qiou ».

Cependant, le PCC semble complètement ignorer cette tendance, car il a choisi le caractère « fen » comme « mot officiel de l’année ». « Fen » se traduit par un travail acharné, ce dont les jeunes Chinois sont clairement fatigués.

Les spécialistes des sciences sociales voient dans la popularité du mot « qiou » parmi les jeunes Chinois une indication du désespoir que beaucoup d’entre eux ressentent. (Image : pexels/CC0 1.0)

L’inégalité en Chine

Selon le Fonds monétaire international (FMI), l’inégalité des revenus en Chine augmente rapidement, beaucoup plus rapidement qu’aux États-Unis. Un rapport de l’Université de Pékin montre que 1 % des ménages chinois possèdent plus d’un tiers de la richesse du pays. En revanche, les 25 % des ménages, considérés comme les plus pauvres, ne possèdent que 2 % de cette richesse.

La situation est aggravée par le fait que la Chine a introduit un système obligeant ses citoyens à n’utiliser que les écoles et autres services publics appartenant à leur lieu de naissance. Ainsi, ceux qui migrent des zones rurales vers les grandes villes ne peuvent pas donner à leurs enfants une éducation adéquate. La nouvelle génération reste donc souvent coincée au bas de l’échelle sociale.

À la suite du conflit commercial entre la Chine et les États-Unis, les particuliers et les entrepreneurs chinois sont devenus très pessimistes, ce qui ajoute à l’impuissance générale ressentie par les jeunes. « Les gens ont commencé à réduire leurs dépenses ou même à cesser de dépenser de l’argent parce qu’ils ne s’attendent pas à ce que l’économie marche bien… Les entreprises et les particuliers se méfient de l’économie », a déclaré à The Guardian Ye Tan, un économiste indépendant basé à Shanghai.

Les économistes estiment la croissance économique de la Chine en 2018 au niveau d’environ 6,6 %. Pour l’année en cours, la croissance devrait ralentir à 6,3 %. Toutefois, les choses pourraient bien empirer en fonction de l’évolution du conflit commercial américano-chinois.

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