Joe Biden au Vietnam pour franchir un palier dans la relation bilatérale

Par Epoch Times avec AFP
8 septembre 2023 11:40 Mis à jour: 8 septembre 2023 11:48

La rivalité avec la Chine sur le devant de la scène, les droits humains en coulisse, ou tout du moins en arrière-plan : le président américain Joe Biden se rend dimanche au Vietnam avec l’intention de franchir encore un palier dans la relation bilatérale.

Depuis 1995, tous les présidents américains sont passés par le pays d’Asie du Sud-Est. « Depuis des décennies, les États-Unis et le Vietnam travaillent à dépasser le douloureux héritage commun de la guerre du Vietnam », a expliqué mardi Jake Sullivan, principal conseiller diplomatique de Joe Biden. Cet héritage sera bien présent pendant la visite de Joe Biden, qui doit se recueillir lundi à Hanoï devant le monument consacré à John McCain, ancien héros de ce conflit devenu par la suite une figure du parti républicain, et décédé en 2019.

Le président américain, qui s’est envolé jeudi pour le sommet du G20 à New Delhi, doit arriver dimanche à Hanoï, pour y rencontrer le chef du parti communiste au pouvoir, Nguyen Phu Trong, et donner une conférence de presse. Le démocrate de 80 ans rencontrera lundi le Premier ministre et le président vietnamiens, et participera à une réunion avec des chefs d’entreprise.

« Étape spectaculaire »

Ce voyage « est une étape spectaculaire », a assuré le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche. Les experts s’attendent à ce que les États-Unis et le Vietnam concluent un « partenariat stratégique étendu » (« comprehensive strategic partnership »), le plus haut degré de proximité diplomatique établi par Hanoï. « Cela sonne comme de la langue de bois pour nous autres Américains mais pour le Vietnam (…) c’est réellement important », selon Gregory Poling, spécialiste de l’Asie du Sud-Est du Center for strategic and international studies.

Jusqu’ici, le Vietnam n’a lié un tel partenariat qu’avec la Russie, l’Inde, la Corée du Sud, et la Chine. Et c’est bien la Chine que Joe Biden a en tête avec cette visite, lui qui mène une intense activité diplomatique en Asie afin de tenir tête à la deuxième puissance mondiale.

Laquelle ne reste pas passive : Pékin a dépêché cette semaine une délégation de haut niveau au Vietnam. Le Vietnam « a toujours dit ne pas prendre parti, ne pas choisir les États-Unis contre la Chine. Les Américains le savent très bien », note Nguyen Quoc Cuong, ancien ambassadeur du Vietnam aux États-Unis (2011-2014). Le président américain fait néanmoins le pari que le Vietnam n’est pas fâché de se rapprocher un peu de Washington, à l’heure où les revendications de Pékin en mer de Chine méridionale sont une source quasi permanente de tensions pour la région.

Joe Biden, en campagne pour sa réélection, pense aussi en termes économiques. Il veut établir des circuits industriels mondiaux moins dépendants de la Chine et pour cela, il a besoin du Vietnam, lequel est en quête de partenaires et de capitaux afin de monter en gamme sur le plan technologique.

Intérêt stratégique et défense des droits humains

Joe Biden, rompu à l’exercice dans ses relations avec l’Inde ou l’Arabie saoudite, va une nouvelle fois jongler entre intérêt stratégique bien senti et défense des droits humains – une pierre angulaire, selon la Maison Blanche, de sa diplomatie.

Sa visite intervient peu après la publication d’un rapport sévère de la commission gouvernementale américaine sur la liberté religieuse (USCIRF). Elle dénonce les violations « persistantes et semblant s’aggraver » de la liberté de religion au Vietnam. Le département d’État américain pointe quant à lui des « problèmes significatifs en matière de droits humains » dans le pays.

« Nous soulevons toujours les questions relatives à la liberté d’expression, à la liberté de religion, et à d’autres droits humains fondamentaux. (…) Ce voyage ne fera pas exception », a assuré Jake Sullivan.

Au Vietnam, les militants ne se font aucune illusion. « Je n’attends pas de pression sérieuse de la part des États-Unis et de l’Union européenne », déclare Le Cong Dinh, un ancien avocat vietnamien qui a été incarcéré pour subversion. Face aux intérêts stratégiques et commerciaux, « la protection des droits humains n’est plus une priorité. »

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