La Chine envoie la police anti-émeute pour étouffer les manifestations contre la politique zéro Covid

Par Frank Fang
1 décembre 2022 23:39 Mis à jour: 1 décembre 2022 23:39

La police anti-émeute chinoise, vêtue de combinaisons blanches, a affronté les manifestants de la ville de Guangzhou le 29 novembre au soir, selon des vidéos mises en ligne et consultées par Reuters.

Dans une vidéo diffusée sur Twitter, des dizaines de policiers anti-émeutes munis de boucliers avancent en formation sur ce qui ressemble à des barrières de confinement démolies, tandis qu’ils sont la cible d’une pluie d’objets. Ensuite, on voit la police escorter des personnes menottées.

Une autre vidéo montre une foule en train d’envoyer tous types de projectiles sur les forces de l’ordre. Enfin, dans une troisième vidéo, on peut voir s’abattre des bombes lacrymogènes et des manifestants qui prennent la fuite.

Les vidéos ont été filmées dans le district de Haizhu à Guangzhou, a déclaré Reuters. L’agence de presse n’a pas réussi à retracer les événements avec précision. Elle n’a pas été en mesure de déterminer exactement ce qui a déclenché les affrontements.

Mais les messages sur les médias sociaux auraient laissé entendre que tout a commencé par une mobilisation contre les mesures de confinement locales.

Le district de Haizhu a déjà été le théâtre d’une importante manifestation à la mi-novembre. Plus de 1000 habitants sont descendus dans la rue pour réclamer un meilleur accès à la nourriture, aux fournitures essentielles et aux soins médicaux.

Ce week-end, des manifestations ont éclaté dans toute la Chine. Le facteur déclencheur de toutes ces mobilisations est un terrible incendie survenu dans le Xinjiang, qui a fait 10 morts selon un rapport officiel (quatre fois plus selon les sources non officielles). C’est un immeuble confiné qui a pris feu. Les habitants se sont retrouvés coincés, sans pouvoir sortir de leurs appartements verrouillés ou de leur bâtiment aux portes soudées. Les premiers secours sont arrivés extrêmement tard, bloqués par des barrières de confinement et des voitures parquées anarchiquement.

La raison principale de ces manifestations est le mécontentement croissant de la population à l’égard de la politique zéro Covid implacable du régime, qui condamne les populations à des tests répétés et des confinements interminables.

Les manifestants ont profité de ces rassemblements pour réclamer davantage de libertés, tandis que certains demandaient la démission de Xi Jinping et la fin du Parti communiste chinois (PCC).

Depuis l’incendie meurtrier, il y a eu 43 manifestations dans 22 villes chinoises, selon un décompte de Nathan Ruser, chercheur à l’Australian Strategic Policy Institute.

(Noel Celis/AFP via Getty Images)

Répression

Face à la plus importante désobéissance civile qu’ait connu le PCC depuis des décennies, les autorités chinoises ont commencé à traquer les manifestants pour les arrêter.

« Un de mes amis qui a posté une vidéo montrant des personnes appelant Xi Jinping à se retirer a été emmené par la police la nuit dernière », a déclaré pour Reuters un habitant de Pékin (anonyme).

« D’autres amis qui ont posté des vidéos similaires ont dû se rendre au poste de police. La plupart ont été gardés quelques heures. Ils ont dû signer un papier attestant qu’ils ne recommenceraient pas. La plupart ont maintenant supprimé leurs posts. »

Le 28 novembre, une manifestante de Pékin (anonyme), a déclaré à l’AFP qu’elle et cinq de ses amis avaient été contactés par la police locale.

« Il a prononcé mon nom et m’a demandé si je me trouvais près de la rivière Liangma hier soir… Il s’est enquis très précisément du nombre de personnes présentes, de l’heure à laquelle j’y suis allée, de la façon dont j’en ai entendu parler. »

Au moins 1000 personnes, séparées en deux groupes, se sont rassemblées le long du 3e périphérique de Pékin, à proximité de la rivière Liangma, tôt le 28 novembre.

« Nous ne voulons pas de masques, nous voulons la liberté. Nous ne voulons pas de tests Covid, nous voulons la liberté », scandait l’un des groupes, selon Reuters.

Le 29 novembre, la Commission centrale des affaires politiques et juridiques, principal organe chargé de l’application des lois du régime chinois, a publié une déclaration mettant en garde contre ce qu’elle appelle des « forces hostiles », à la suite d’une réunion présidée par son secrétaire du Parti, Chen Wenqing.

« La réunion a insisté sur la nécessité pour les organes politiques et juridiques de prendre des mesures efficaces pour (…) sauvegarder résolument la sécurité nationale et la stabilité sociale », indique le communiqué, selon l’Associated Press.

« Nous devons réprimer résolument les activités d’infiltration et de sabotage menées par des forces hostiles conformément à la loi, réprimer résolument les actes illégaux et criminels qui perturbent l’ordre social et maintenir efficacement la stabilité sociale globale », poursuit le communiqué.

Bien que la déclaration ne fasse pas référence aux manifestations, Hu Xijin, ancien rédacteur en chef du journal d’État chinois Global Times, a déclaré sur Twitter qu’il s’agissait d’une mise en garde contre les manifestants.

« Les responsables chinois ont utilisé un langage implicite, mais ils ont également transmis un message d’avertissement clair », a écrit Hu Xijin. « Les manifestants ont dû le comprendre. S’ils réitèrent ces contestations, les risques augmenteront sévèrement. »

Manifestation à Shanghai, le 27 novembre 2022. (Hector Retamal/AFP via Getty Images)

Préoccupations

Les parlementaires du monde entier ont exprimé leur solidarité avec les manifestants chinois.

Entre-temps, les groupes de défense des droits de l’homme ont appelé les autorités chinoises à respecter le droit des citoyens à manifester.

« Au lieu de pénaliser les manifestants, le gouvernement doit prêter attention à leurs revendications. Les autorités doivent laisser la population exprimer librement ses opinions et manifester pacifiquement sans craindre de représailles », a déclaré Hana Young, directrice régionale adjointe d’Amnesty International, dans un communiqué publié le 27 novembre.

« Le gouvernement chinois est tenu de revoir immédiatement sa politique zéro Covid pour s’assurer qu’elle est adaptée et limitée dans le temps. Toutes les mesures de quarantaine qui menacent la sécurité des personnes et restreignent inutilement leur liberté de mouvement doivent être suspendues. »

« Le gouvernement se doit également de mener une enquête rapide, efficace et approfondie sur l’incendie d’Urumqi, afin d’éviter qu’il ne se reproduise, de rendre justice aux victimes et à leurs familles, et de montrer à la population qu’il est sensible à ses doléances. »

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.