La chute et l’ascension de l’homme et de la femme

Une exploration artistique pour les jeunes et les moins jeunes

Par Andrea Nutt Falce
19 avril 2023 09:23 Mis à jour: 6 mai 2023 12:14

Ce monde est en proie à une lutte entre le bien et le mal. L’homme est engagé dans cette lutte depuis son origine. Cultiver la clarté nécessaire pour discerner le vrai du faux est la moitié de la bataille ; les êtres humains ont l’opportunité d’apprendre par l’expérience et de choisir avec sagesse. Aussi instinctivement qu’un enfant craint l’obscurité, l’humanité reconnaît la menace du mal qui la guette. Le monde étant truffé d’embûches et de pièges, il ne suffit pas de tomber sur le bien par un heureux hasard. Vivre une vie vertueuse requiert la grâce et l’exercice délibéré d’un libre arbitre bien rodé.

L’histoire biblique d’Adam et Ève, racontée, imprimée et peinte depuis des millénaires, témoigne du grand combat de l’homme. Bien que les hommes et les femmes d’aujourd’hui puissent être tentés de se considérer comme plus évolués que leurs ancêtres, les fondements de la condition humaine restent les mêmes : nous naissons, nous vivons, nous mourons et, entre les deux, nous avons le choix. A posteriori, l’histoire prouve souvent la justesse ou l’erreur des choix, des actions et des idées des hommes.

L’histoire d’Adam et Ève offre de nombreuses possibilités de réflexion. Qui ne frémit pas devant le choix terrible du premier homme et de la première femme – deux bouchées de pomme motivées par la curiosité, échangées contre le droit de rester dans le jardin d’Eden, avec tous ses fruits délicieux et son paradis sur terre ? Ce que le diable colportait n’en valait tout simplement pas la peine.

Tout a commencé par le scénario le plus insidieux. Dans un moment de faiblesse, un être maléfique a réussi à faire croire que l’amère désobéissance était délicieuse et désirable. Le serpent n’a pas fait le fruit dans le Jardin, et il ne pouvait offrir une meilleure version de ce qui n’était pas sien au départ. Il ne pouvait que suggérer l’inimitié, un mensonge tordu et tentant. Aujourd’hui encore, nous sommes trop nombreux à croire à ce mensonge. L’histoire d’Adam et Ève résonne parce que nous sommes tous sensibles à la suggestion que le diable a quelque chose de plus somptueux à offrir. Pourtant, il n’est pas l’auteur de la création, il n’a pas créé la vie et il ne peut rien améliorer. Le mal ne peut qu’imiter, déformer et détruire. Tout au long de l’histoire de l’humanité, le diable, aussi peu original qu’il soit, répète le même scénario.

Satan est reconnu et représenté dans le monde et dans les peintures depuis que l’homme travaille. Dans les premières œuvres chrétiennes, il était représenté sous une forme assez humaine, souvent en tant que vieil homme. Lorsqu’il est humanoïde, les artistes le dotent souvent d’ailes, symbole de sa démoniaque nature spirituelle. Tout au long de l’histoire, les hommes ont compris que le démon était à l’affût, agissant par le biais de tentations ou de distorsions de la logique du monde pour influencer les décisions de l’humanité. Ils semblaient également comprendre que le mal n’était pas toujours terrible en apparence ; il pouvait se présenter sous une forme superficiellement persuasive. Dans Le Seigneur des anneaux de Tolkien, Frodon Sacquet déclare : « Je pense qu’un serviteur de l’ennemi aurait l’air plus attrayant et se ressentirait comme plus vil. »

Des siècles avant que Tolkien n’écrive ces lignes, le tableau du Titien, La chute de l’homme, réalisé vers 1550, présentait une vision fascinante du diable. La créature a l’air presque agréable, comme un mignon chérubin. Des joues bien rondes et une douce prairie de boucles ne cachent que de petites cornes. La figure enfantine fixe les yeux sur Adam tout en tendant un fruit rond à Ève. L’artiste a habilement placé un arbre comme une division entre le premier couple, et ce n’est que derrière l’arbre – presque déguisé en branche – que l’on découvre la queue d’un serpent à l’endroit où devrait se trouver le bas du corps de l’angelot. Symbole de la malice et de la tromperie, un renard repose avec contentement aux pieds d’Ève.

La chute de l’homme, vers 1550, par Titien. (Domaine public)

Le mal peut être très subtil. C’est pourquoi il est très illustratif de se pencher sur une œuvre d’art qui révèle progressivement la véritable nature du diable, telle qu’elle n’a été révélée à Adam et Ève qu’a à posteriori. L’histoire de l’art garde en quelque sorte les traces visuelles de la lutte humaine et spirituelle entre le bien et le mal. C’est dans l’art chrétien que l’on trouve certaines des œuvres les plus fascinantes qui juxtaposent les deux camps. Dans l’austère représentation de Vasily Surikov, La tentation du Christ, un dessin au fusain et à la craie réalisé en 1872, la lumière et l’obscurité contrastent fortement avec la douceur de la scène du jardin du Titien. Le diable se profile avec une livide agressivité au-dessus du Christ, qui se détourne, résistant à la tentation.

La tentation du Christ, 1872, par Vasily Surikov. (Domaine public)

Les scènes de la tentation du Christ établissent une forte comparaison entre Jésus et l’homme originel, Adam. Alors qu’Adam avait profité du paradis et cédé au diable dans son confort, Jésus venait d’endurer 40 jours de jeûne et avait refusé le diable malgré la faim et l’épuisement. Pourquoi Jésus a-t-il passé 40 jours dans le désert ? La leçon est importante. Choisir le bien demande de l’exercice. Le Christ a démontré que pour avoir la force de porter la croix, il faut être fort dans la souffrance, l’abnégation et la résistance au mal.

L’art religieux offre un riche répertoire pictural. Les scènes tirées des passages de l’Évangile relatifs à la tentation du Christ sont nombreuses et variées. Créée au début des années 1300, la magnifique Tentation du Christ sur la montagne de Duccio offre une leçon plus évidente. Les grandes proportions du Christ et du diable décrivent la dimension spirituelle par rapport aux choses inférieures du monde. Le diable est une figure d’apparence méchante qui est rejetée, tout comme le Christ rejette les royaumes du monde.

La tentation du Christ sur la montagne, entre 1308 et 1311, par Duccio di Buoninsegna. (Domaine public)

Le miniaturiste flamand du XVIe siècle Simon Bening a représenté des scènes similaires, de nature plus discrètes. Dans l’une d’elles, le diable s’approche de Jésus avec des pierres à transformer en pain. Satan apparaît comme un vieil homme ordinaire, sa véritable nature étant illustrée principalement par l’apparition d’oreilles pointues et de pieds griffues semblables à celles d’un oiseau. Le diable de Bening dans le désert rappelle le chérubin du Titien dans le jardin. L’un est vieux, l’autre est jeune, mais chacun a l’air assez bénin en apparence et fait une suggestion apparemment inoffensive. L’option en question, cependant, est en réalité le choix entre le bien et le mal. Adam et Ève ont été persuadés de désobéir à Dieu. Le Christ a reconnu la dépravation de l’offre et l’a rejetée sur la base de la loi de Dieu.

La tentation du Christ, XVIe siècle, par Simon Bening. (Domaine public)

Dans l’expérience ordinaire, le choix entre le bien et le mal est rarement présenté par un démon dévoilé. Au contraire, il peut être terriblement subtil. Des voix nous incitent à faire des compromis ou à accepter un petit mensonge de convenance. Pourquoi souffrir pour la vérité si l’on peut apaiser le monde et éviter la persécution ? Comme le dit Frodon de Tolkien, « Cela ressemblerait à de la sagesse si ce n’était l’avertissement dans mon cœur. »

Le Christ a transformé l’eau en vin à la demande de sa mère, mais il a refusé de changer des pierres en pain pour calmer sa propre faim et apaiser les vils désirs du diable. Le caractère se forge par des décisions quotidiennes, souvent petites et simples, mais lourdes de conséquences pour façonner la personne que l’on choisit d’être.

L’homme et la femme ont peu changé par rapport à l’homme et à la femme originels décrits dans le jardin d’Eden. Nous avons plus d’outils, et nous en avons besoin, car nos fardeaux se sont accrus. Cependant, quelle que soit la tentation de l’homme moderne de considérer son évolution comme supérieure à celle des hommes d’autrefois ou de se lamenter sur ses souffrances et sa victimisation comme les plus grands de tous les temps, le cœur de la vertu et du vice demeure le même. L’orgueil reste l’orgueil, le mensonge reste le mensonge et la prudence reste la prudence.

Il suffit de quelques heures passées à regarder les nouvelles à la télévision, la radio ou sur Internet pour se rendre compte que nous sommes toujours dans le même combat. Le mal s’introduit sous des formes insidieuses et dit toujours des mensonges. Il nous reste à choisir le bien de la vérité.

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