La foi attaquée : la persécution des chrétiens dans la Chine de Xi Jinping

Le PCC, sous la houlette de Xi Jinping, a intensifié la répression des chrétiens.

Par Michael Zhuang
9 novembre 2023 01:26 Mis à jour: 15 novembre 2023 05:33

Les chrétiens de Chine, qui sont constamment persécutés par le Parti communiste chinois (PCC), se réunissent dans des églises clandestines depuis des années, l’État communiste ayant officiellement interdit toutes les églises en dehors de celles du « Mouvement patriotique des trois autonomies » contrôlé par le PCC. Ceux qui refusent de fréquenter l’église d’État continuent de se réunir illégalement dans des maisons privées et dans d’autres lieux.

Selon ChinaAid, en 2022, la persécution des chrétiens clandestins par le PCC s’est intensifiée jour après jour. L’environnement est devenu de plus en plus hostile aux missionnaires étrangers, depuis que le PCC considère leurs activités comme relevant d’une « influence occidentale ». En juillet, la nouvelle loi chinoise contre l’espionnage a défini les « activités religieuses illégales » comme relevant de l’espionnage et les ressortissants étrangers peuvent être condamnés à de longues peines d’emprisonnement en vertu de cette nouvelle loi.

Le christianisme sous le régime de Xi

Sous l’égide du dirigeant chinois Xi Jinping, le PCC a mis en œuvre une répression sans précédent à l’encontre des chrétiens. ChinaAid a exprimé son inquiétude, le PCC exigeant que les églises reconnues par l’État fassent preuve d’une grande loyauté à l’égard de Xi Jinping. La situation des « églises de maison », selon eux, est bien pire encore.

Sous le PCC, le régime a mis en œuvre le « Mouvement patriotique des trois autonomies » qui a organisé les églises chrétiennes sous l’égide d’une entité supervisée par le PCC. Ce qui est enseigné dans ces églises sanctionnées par l’État doit être approuvé par le PCC. D’autre part, les églises de maison, ou églises clandestines, fonctionnent indépendamment de l’État, souvent dans des maisons et des appartements privés, et sont la cible du régime.

« La situation a toujours été mauvaise, mais elle a commencé à s’aggraver en 2018 lorsque le président Xi a modifié la constitution et est devenu président à vie », a déclaré à Epoch Times le pasteur Luigi Bilucaglia, missionnaire baptiste indépendant du Québec, au Canada, en Chine depuis 18 ans. « Il est devenu empereur et la dynastie Xi a débuté. Ils ont commencé à attaquer sévèrement les églises dans la foulée. Je devais me rendre tôt à notre église le dimanche et je vérifiais si la police était présente là où nous nous trouvions. »

M. Bilucaglia et sa famille ont été expulsés de Chine fin 2021 après avoir vécu dans le pays depuis 2003 en tant que missionnaire. Les autorités du PCC ont fait une descente dans son église et l’ont placé en détention pour l’interroger sur ses activités en Chine.

« Ils m’ont amené pour un interrogatoire », a-t-il raconté. « L’interrogateur principal m’a donné un coup de poing derrière la tête et a dit aux autres (chrétiens chinois) qu’ils étaient là à cause de moi. Ils essayaient de nous diviser pour que quelqu’un puisse s’incriminer. Après avoir décidé de m’expulser au lieu de m’emprisonner, on m’a donné sept jours pour quitter le pays, et pendant ces sept jours, ils m’ont amené dans cinq postes de police différents pour m’interroger, dans l’espoir de me piéger pendant mes témoignages et de m’associer à une entité étrangère, de sorte que je puisse être accusé d’espionnage ».

Bob Fu, président de ChinaAid, explique que le PCC souhaite réécrire la Bible, en modifiant le texte pour dire que Jésus était un « transgresseur de la loi » et un « tueur ». Ces propos ont été corroborés par M. Bilucaglia en Chine.

Une autre tendance préoccupante est celle de rapports faisant état de tests sanguins pratiqués sur des personnes détenues. En général, ce genre de pratique indique que les prisonniers d’opinion sont scannés en vue de potentiels prélèvements d’organes. Si leur groupe sanguin correspond à celui d’un « acheteur », la personne risque d’être tuée pour ses organes. M. Bilucaglia a entendu des témoignages faisant état de prélèvements sanguin par la police sur des chrétiens chinois. Il a également ajouté : « J’entends souvent parler de prisonniers qui ont été tués par des médecins qui souhaitent prélever leurs organes et les vendre ».

Attaque contre les œuvres caritatives et les écoles chrétiennes

Mme D. Smith, qui vit désormais aux États-Unis, a été missionnaire en Chine avec mari pendant plus de vingt ans. Ils ont érigé une église dans le centre de la Chine, mais celle-ci a depuis été divisée en 14 sites différents pour le service du dimanche suite à la répression menée par le PCC à l’encontre des églises de maison.

Mme Smith s’est entretenue avec Epoch Times et a rappelé ce que des chrétiens de Chine lui ont raconté l’année dernière : « Une équipe d’intervention composée de 20 à 30 voitures de police est venue à l’orphelinat géré par l’église et a emmené les orphelins pour les placer dans des orphelinats d’État. La police a prétendu que l’église n’était pas autorisée à gérer des orphelinats sous la bannière du christianisme. Les Bibles ne sont pas autorisées et personne n’a le droit d’exercer un ministère dans ces lieux. Ils ont également commencé à apposer des affiches sur tous les bâtiments de Chine [offrant des récompenses aux] personnes qui dénoncent la tenue de grands rassemblements ».

Depuis 2005, l’orphelinat est soutenu par l’église fondée par Mme Smith et son défunt mari. Le régime chinois cherche à éliminer complètement la présence du christianisme dans la société chinoise, qu’il considère comme une menace pour son idéologie communiste.

Outre les églises de maison établies par des missionnaires étrangers, il existait en Chine des dizaines d’écoles chrétiennes utilisant le programme ACE (Accelerated Christian Education), un programme d’enseignement chrétien américain. Ces écoles ne sont pas enregistrées auprès de l’État chinois, le PCC interdisant strictement « l’enseignement de la religion » aux générations suivantes. De nombreux chrétiens optent pour les écoles ACE qui suivent un programme américain, car ils ne veulent pas que leurs enfants soient soumis de force à la propagande du PCC dans les écoles publiques. « Ils (le PCC) veulent laver le cerveau de la prochaine génération en lui imposant le communisme », a expliqué M. Bilucaglia.

D’après lui, toutes ces écoles chrétiennes ont été fermées de force au début de l’année 2022, lorsque les autorités du PCC ont retrouvé les adresses IP de tous les participants à une conférence en ligne destinée aux éducateurs des écoles chrétiennes de Chine. Les étrangers liés à ces écoles ont été expulsés du pays et de nombreux enseignants chinois font toujours l’objet d’enquêtes et sont sous surveillance.

État de surveillance draconien

De plus en plus souvent, le PCC utilise son système de surveillance de haute technologie pour contrôler les citoyens et persécuter les chrétiens. La Chine est déjà connue pour son Internet et ses médias sociaux fortement censurés. En mars 2022, le PCC a introduit de nouvelles règles interdisant toute forme d’enseignement religieux et de groupes religieux en ligne. Le régime aurait recruté et formé des contrôleurs de contenu pour ses médias sociaux.

« Après l’introduction des nouvelles règles, la prudence est de mise lorsque nous faisons des études bibliques et des cultes sur Zoom », a expliqué à Epoch Times Mme Liu, enseignante chrétienne à l’école du dimanche, originaire du centre de la Chine. « En général, nous essayons de faire en sorte que plusieurs personnes partagent le même appareil, pour que les réunions en ligne ne paraissent pas trop importantes ». La police vérifie également au hasard les téléphones des gens dans la rue. S’ils voient que nous utilisons Zoom sur nos téléphones, ils suppriment l’application et interrogent les gens à ce sujet. »

Le pasteur Joseph Jiang, un pasteur chrétien chinois en exil en Nouvelle-Zélande, a souligné que les contenus de prédication en ligne sont souvent interdits.

« Nous changeons fréquemment de plateforme. Dès que notre contenu atteint un certain nombre de vues, les autorités l’interdisent. Nous essayons constamment de trouver de nouvelles plateformes de partage en ligne. »

Les églises de maison chinoises se réunissent généralement en secret dans des appartements. Selon M. Bilucaglia, le PCC a mis en place des récompenses en espèces pour les personnes qui dénoncent les rassemblements d’églises, ou les personnes dont les opinions diffèrent de celles du PCC.

« On nous a dit d’éteindre nos téléphones ou au moins de les mettre en mode ‘avion’ le dimanche avant de quitter notre domicile pour aller à l’église », a ajouté Mme Liu. « Sinon, les autorités peuvent suivre nos téléphones par GPS. Lorsqu’elles remarquent que des personnes se rassemblent dans un appartement le dimanche, elles viennent frapper à la porte. »

Armer le système éducatif

Que ce soient les manifestations pro-démocratiques de la place Tiananmen en 1989, ou celles de Hong Kong en 2019, ces mouvements sont tous partis des campus universitaires, où la libre pensée et les idéaux occidentaux ont généralement prospéré. Par conséquent, le PCC considère l’éducation comme essentielle afin d’endoctriner la nouvelle génération et en faire des communistes loyaux. C’est leur façon de sauvegarder la stabilité du régime.

Mme Liu se souvient de la perquisition menée à son domicile par les agents de la sécurité de l’État chinois : « Ils m’ont mise en garde en me disant qu’il m’était strictement interdit d’‘enseigner la religion à des enfants ou à des étudiants. Ils ont essayé de me faire abandonner ma foi chrétienne. Juste après la perquisition de mon domicile, pour y trouver des Bibles et des livres chrétiens, j’ai vu de nouvelles bannières de propagande dans notre quartier, interdisant toute ‘activité religieuse illégale ».

Avant que le PCC n’usurpe le pouvoir en Chine à la suite d’une violente révolution communiste en 1949, la Chine était un allié fidèle des États-Unis et du monde occidental. Les communistes ont d’abord cherché à diviser la population en différentes classes sociales – les « opprimés » et les « oppresseurs » – et le régime a encouragé la violence contre certaines classes de personnes qu’ils qualifiaient de « capitalistes ». Le christianisme a été la cible de persécutions, car pour le PCC il s’agissait d’un « fléau » venu de l’Occident capitaliste. La liberté religieuse a toujours été une menace pour le PCC, car elle empêche les gens d’être endoctrinés par le communisme.

De Karl Marx à Vladimir Lénine, les communistes considérent la religion comme une « oppression capitaliste ». C’est pourquoi l’Union soviétique et la Chine communiste ont activement cherché à éradiquer la religion lorsqu’elles ont pris le pouvoir. Aujourd’hui, le PCC a créé un pays majoritairement athée, où les chefs religieux et les adeptes sont passés dans la clandestinité pour continuer à pratiquer leur foi.

« J’ai prêché la Bible, ce qui représentait la pire des choses pour les communistes », a commenté M. Bilucaglia. « Elle libère les gens mentalement et physiquement. Je crois que le peuple chinois aimerait se débarrasser du Parti communiste. »

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.