La Gestapo moderne terrorise la Chine depuis 21 ans

Pourquoi le 10 juin est un anniversaire solennel et horrible en Chine

Par Thomas Sterling
11 juin 2020 22:13 Mis à jour: 11 juin 2020 22:13

« Gestapo » signifie « police secrète d’État ».

La Gestapo de l’Allemagne nazie, redoutable et meurtrière, a un cousin des temps modernes : le Bureau 610, la police secrète chinoise qui vole sous les radars en portant un nom banal.

Ce Bureau 610 tue, terrorise et supprime la liberté à de millions des Chinois.

Le Parti communiste chinois (PCC) est de plus en plus surveillé par le monde entier en raison des événements récents comme la pandémie du virus du PCC*, les mouvements controversés de Hong Kong et les frictions avec le gouvernement américain.

* Epoch Times désigne le nouveau coronavirus, responsable de la maladie du covid-19, comme le « virus du PCC », car la dissimulation et la mauvaise gestion du Parti communiste chinois (PCC) ont permis au virus de se propager dans toute la Chine et de créer une pandémie mondiale.

Faire la lumière sur l’origine et l’existence de cet organisme chinois peut permettre de mieux comprendre la véritable nature du PCC.

Le bureau secret 610 est né

Il y a 21 ans, une tempête se préparait en Chine – une tempête qui allait changer le monde directement pour des millions de personnes, et indirectement pour beaucoup d’autres.

Dix ans après le massacre de la place Tian’anmen du 4 juin, le régime a planifié une campagne qui allait avoir des conséquences bien plus meurtrières que le massacre brutal perpétré en 1989.

Le principal dirigeant du PCC de l’époque, Jiang Zemin, était inquiet et jaloux d’un groupe composé de 70 à 100 millions de personnes au sein de la société chinoise. Ces personnes complotaient-elles contre le Parti ? Étaient-ils des dissidents déclarés ? Préconisaient-ils quelque chose de dangereux pour la santé et la stabilité de la société ?

Ils n’étaient rien de tout cela. Ils pratiquaient la méditation et aspiraient à vivre chaque jour selon les principes Authenticité, Compassion et Tolérance. Ils pratiquaient la discipline spirituelle appelée Falun Gong. Ils voulaient seulement qu’on leur permette de pratiquer paisiblement, et continuer à améliorer leur santé, leur vie familiale, scolaire et professionnelle, car ils vivaient selon ces principes.

Dans la logique tordue de Jiang Zemin, des dizaines de millions de pratiquants respectueux des lois, pacifiques et en bonne santé, constituaient une menace. Il a donc ordonné la création d’un groupe de dirigeants du PCC pour gérer ce « problème », et avec lui un bureau secret pour mettre en œuvre une campagne de persécution dévastatrice.

Le bureau secret a été créé le 10 juin 1999, d’où son nom : « Bureau 610 ».

Jiang Zemin a déclaré à propos du Falun Gong : « Détruisez leur réputation, ruinez-les financièrement, et brisez-les physiquement. »

Depuis lors, les pratiquants de Falun Gong ont enduré ce que certains universitaires ont appelé un « génocide froid ».

La Gestapo chinoise

« Le Bureau 610 est comme la Gestapo d’Hitler », a déclaré Guo Guoting, un avocat chinois des droits de l’homme en exil, dans une interview avec le centre d’information sur le Falun Dafa. « Ils sont puissants et ils ont bénéficié d’un soutien financier suffisant de la part du gouvernement, alors […] ils contrôlent secrètement tous les pratiquants de Falun Gong de leur région. »

Comme la Gestapo, le Bureau 610 est chargé d’éliminer les personnes qui appartiennent à des groupes indésirables aux yeux du dictateur au pouvoir.

Comme la Gestapo, le Bureau 610 donne des ordres aux institutions pour qu’elles infligent des tortures psychologiques et physiques brutales. Le personnel du Bureau 610 pratique également la torture lui-même.

Comme la Gestapo, le Bureau 610 n’est pas une force de police qui protège, sert la population ou assure sa sécurité. C’est une force de « sécurité » qui utilise la violence et la cruauté pour détruire les gens.

Comme la Gestapo, le Bureau 610 est responsable des assassinats sans avoir à rendre de comptes à une autorité reconnue. Ils peuvent faire disparaître des personnes sans laisser de traces, et c’est ce qu’ils font.

Comme la Gestapo, le Bureau 610 opère en dehors des structures juridiques et judiciaires. Il contrôle parfois les structures juridiques et judiciaires, ce qui le place véritablement au-dessus de la loi.

Éliminer et torturer des groupes innocents

« Les modèles de répression politique et religieuse en Chine ont évolué au cours des deux dernières décennies », a déclaré Sarah Cook, analyste principale chargée de la recherche sur la Chine à Freedom House, une ONG basée aux États-Unis.

« La persécution du Falun Gong a aidé le PCC à créer un nouveau manuel de jeu pour persécuter d’autres groupes », a déclaré Mme Cook.

Les tactiques de surveillance initialement utilisées par le Bureau 610 – telles que les bases de données sur des individus spécifiques – sont maintenant utilisées pour d’autres groupes spécifiques de la population chinoise, ou même pour les étrangers en visite en Chine.

La création du Bureau 610 par le PCC en 1999 est un exemple du même type de « manœuvres politiques et juridiques » actuellement dirigées contre Hong Kong, a déclaré Mme Cook.

Le régime chinois a récemment promulgué une loi de sécurité nationale pour Hong Kong, contournant la propre législation de la ville pour punir les activités que Pékin considère comme liées à la sécession, au terrorisme et à la subversion.

En outre, le Bureau 610 a été l’une des premières entités chinoises à espionner systématiquement les pratiquants de Falun Gong des autres pays, étendant ainsi la persécution et le harcèlement des pratiquants de Falun Gong en dehors de la Chine.

Le Bureau 610 supervise la torture d’un nombre inconnu de pratiquants de Falun Gong dans les prisons, les hôpitaux, les camps de travail et autres lieux de détention. Il s’appuie sur toutes les méthodes de torture connues, tant anciennes que modernes. L’arrachage des ongles, le gavage forcé d’excréments humains, l’accroupissement prolongé des personnes sous l’eau froide, les abus sexuels de toutes sortes, les injections de psychotropes ne sont que quelques exemples des méthodes de torture pratiquées par le Bureau 610 ou par les personnes qu’il contrôle.

Personne ne connaît le nombre réel de pratiquants tués par la torture et les mauvais traitements, mais il est certainement supérieur aux 4 363 décès confirmés et répertoriés sur Minghui.org, un site web américain qui suit la persécution en Chine. Basé sur des entretiens réalisés avec des survivants et des membres de leur famille, le site web présente les méthodes de torture et les nombreux cas individuels de torture.

Mort par prélèvement forcé d’organes

La méthode la plus scandaleuse utilisée pour tuer les pratiquants de Falun Gong ainsi que d’autres personnes – orchestrée en coulisses par le Bureau 610 – est sans doute le prélèvement d’organes alors qu’ils sont encore en vie. Reins, poumons, cœurs, cornées et autres organes sont prélevés sur des prisonniers et vendus à la demande à de riches receveurs et à des « touristes transplantés » étrangers. Le Bureau 610 a profité de ce commerce effroyable pour prendre une part des bénéfices.

Des enquêteurs indépendants ont confirmé que cette pratique de prélèvement d’organes se poursuit, malgré les démentis du PCC.

Le China Tribunal (Tribunal chinois), un tribunal populaire indépendant chargé d’enquêter sur les allégations de prélèvement forcé d’organes pratiqué sur des prisonniers d’opinion en Chine, a tenu des audiences à Londres en 2018 et 2019. Le rapport final du Tribunal a été publié le 1er mars 2020, notant que « le prélèvement forcé d’organes s’est produit à de multiples endroits en RPC et à de multiples occasions pendant une période d’au moins 20 ans, et se poursuit encore aujourd’hui ». Il a également conclu que les pratiquants de Falun Gong étaient la principale source d’organes pour la pratique autorisée par l’État.

Un bureau au-dessus de la loi

Le Bureau 610 a « des ramifications à travers toute la Chine jusqu’au plus petit village », a déclaré Mme Cook. Son influence et son contrôle sont sans précédents dans toute la Chine.

Le nombre d’employés du Bureau 610 est inconnu, en raison de son caractère secret et de la possibilité pour ses membres d’avoir des rôles multiples et de servir simultanément dans d’autres services. Mais ce nombre reste relativement faible par rapport aux autres organismes du PCC.

La force de son pouvoir ne vient pas de sa taille, mais plutôt du fait qu’il ne doit rendre des comptes qu’à quelques hauts fonctionnaires du PCC et qu’il a autorité sur toutes les autres structures bureaucratiques.

« Le Bureau 610 a la marge de manœuvre nécessaire pour s’attaquer aux droits du peuple chinois », a déclaré Mme Cook.

Le Bureau 610 informe la police sur ce qu’elle doit faire des personnes ciblées, comme les pratiquants de Falun Gong. Les arrêter ? Les torturer avec des matraques à choc électrique ? Autoriser les visiteurs ? Les relâcher ? Tout cela ne peut être fait qu’avec l’approbation des fonctionnaires du Bureau 610. La police et les prisons ont les mains liées.

Existe-t-il un recours juridique ? En général, en Chine, il n’y a pas de recours, car les tribunaux sont informés à l’avance des verdicts à rendre, indépendamment des preuves présentées. Dans le cas des pratiquants de Falun Gong, leur sort est déterminé par le Bureau 610, les juges se contentant de transmettre les ordres qu’ils reçoivent, selon de nombreux témoignages documentés par le site Minghui.org.

Les ramifications de ce phénomène vont bien au-delà de la vie des dizaines de millions de pratiquants du Falun Gong et des membres d’autres groupes ciblés persécutés par le régime chinois.

« L’existence, la création et le fonctionnement du Bureau 610 sapent fondamentalement l’État de droit en Chine », a déclaré Mme Cook.

« Le bureau 610 est l’éléphant dans la pièce si vous parlez de l’État de droit », a-t-elle ajouté. « Vous ne pouvez pas avoir un État de droit en Chine tant que quelque chose comme le Bureau 610 continue d’exister. »

Si l’on ne peut pas se fier à l’État de droit en Chine, a déclaré Mme Cook, cela a de vastes implications. La sécurité des aliments et des produits, les investissements, la propriété intellectuelle, les droits des étrangers et les entreprises communes ne sont que quelques-uns des domaines qui sont compromis, sur lesquels on ne peut pas compter. Sans État de droit, vivre en Chine ou faire des affaires avec des entités chinoises, quelles qu’elles soient, sont des activités à haut risque.

Jeu de coquillages

Epoch Times a rapporté que le Bureau 610 pourrait avoir été dissous. En réalité, les noms ont changé, mais les acteurs sont les mêmes. Le PCC joue un jeu de dupes sophistiqué, une ruse pour distraire ou déstabiliser les gens.

Il est clair que, quels que soient les noms ou les titres qui ont été modifiés, les fonctions du Bureau 610 sont maintenues intégralement.

Les mêmes groupes de personnes continuent à être persécutés.

Des fonds sont toujours affectés aux activités liées à la persécution.

Le même statut juridique est accordé aux persécuteurs.

Comme on peut le voir avec la politique menée à Hong Kong et les camps de rééducation pour les musulmans ouïghours du Xinjiang, la Gestapo chinoise continue de construire son œuvre.

Un jour peut-être, on connaîtra autant l’ampleur des méfaits commis par le Bureau 610 que ceux de la Gestapo.

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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