La transition écologique coûtera plus de 60 milliards d’euros par an, le gouvernement veut mobiliser l’épargne des Français pour couvrir ce besoin de financement

Par Michel Pham
13 juillet 2023 18:30 Mis à jour: 13 juillet 2023 18:35

La transition écologique coûtera annuellement environ 66 milliards d’euros selon des économistes. Pour y faire face, le Comité de financement de transition écologique (CFTE) – réuni mercredi 12 juillet pour la première fois sous la présidence de Bruno Le Maire – a annoncé des pistes pour accélérer la transition écologique en mobilisant l’épargne des Français.

Trois ministres français, dont celui de l’Économie Bruno Le Maire, celle de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher et celui de la Transition écologique Christophe Béchu, aux côtés d’experts du climat dont Jean-Marc Jancovici, d’économistes et experts de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et de la Banque de France, de chefs de compagnies banco-assurantielles, de dirigeants de grandes entreprises tricolores … Ils étaient tous présents mercredi 12 juillet à une réunion présidée par le locataire de Bercy afin de trouver des solutions à la question : comment financer la transition écologique, alors que « l’augmentation systématique des impôts et des taxes » ne sont « pas la solution » ?

Face à cette question, Bruno Le Maire a souligné à plusieurs reprises lors des « Rencontres d’Aix » la semaine dernière que « l’augmentation des impôts ou de notre dette » « ne sont pas de bonnes options » pour le financement de la transition écologique, car « déjà trop élevée(s) ». En effet, la dette publique française a dépassé les 3000 milliards d’euros tandis que le taux de prélèvements obligatoires de la France est parmi les plus hauts du monde.

« Il n’y a pas de miracle » pour trouver des milliards d’argent public

Cependant, la transition écologique coûtera très chère à la France si l’État compte réduire – d’ici 2030 – ses émissions de 50% par rapport au niveau de 1990, conformément aux nouveaux objectifs de l’Union européenne. C’était la conclusion du rapport sur le coût de la transition écologique et sur les moyens de la financer élaboré par l’économiste Jean Pisani-Ferry et l’inspectrice générale des finances Selma Mahfouz. Plus précisément, pour y parvenir, il faudra environ 66 milliards d’euros d’investissements supplémentaires, et cela, jusqu’en 2030, dont 34 milliards d’argent public. 

Mais, « il n’y a pas de miracle » pour trouver les 34 milliards d’argent public, comme l’avertit Katheline Schubert, membre du Cercle des économistes et du Haut Conseil pour le climat. Elle s’interroge : « Si on exclut les impôts et la dette, comment on fait ? »

L’économiste plaide pour « rendre les énergies fossiles plus chères par la taxe ». Cependant la piste est « impopulaire » en France depuis le traumatisme des « gilets jaunes », ce mouvement de révolte qui avait démarré en 2018 en réaction à l’augmentation de la taxe carbone par le gouvernement. Il s’agit là d’un constat partagé par Philippe Martin, doyen de l’école d’affaires publiques de Sciences Po : « Les taxes et réglementations sont plus mal vécues d’un point de vue social ».

Un autre obstacle, c’est que les efforts économiques déployés par les français pour faire avancer la transition écologique sont déjà à un niveau élevé, à en croire Élisabeth Borne dans son interview avec Le Parisien le 8 juillet : « Aujourd’hui, on investit 120 milliards d’euros par an, tout confondu, secteur public et privé, c’est-à-dire l’État, les collectivités locales, les entreprises et les ménages pour des actions dans les transports, les bâtiments, l’industrie, l’énergie ». Et cela, sans compter les « 7 milliards de plus qu’en 2023 pour le financement de la transition écologique » de 2024, comme l’a déclaré la Première ministre à la même occasion.

Le gouvernement veut mobiliser l’épargne des Français pour accélérer la transition écologique

« L’enjeu c’est de trouver 60 à 70 milliards d’euros par an pour financer cette transition écologique », a résumé pour la presse Bruno Le Maire après la réunion du CFTE. Comme mentionné plus haut, ce chiffrage du financement de la transition écologique a été réalisé au printemps par l’économiste Jean-Pisani Ferry et l’inspectrice générale des finances Selma Mahfouz. Il a été validé par les services du Trésor à Bercy.

L’argent est cependant d’autant plus difficile à mobiliser que les taux d’intérêt ont augmenté et que « beaucoup de fonds, notamment américains, estiment que la rentabilité des investissements verts est insuffisante », a expliqué le locataire de Bercy.  Par ailleurs, le ministre de l’Économie a encore une fois écarté la possibilité d’instaurer un nouveau l’ISF (impôt sur la fortune) « vert », en le qualifiant de « solution de facilité », comme le rapporte La Tribune.

Au lieu de cela, Monsieur Le Maire a fait savoir sa volonté de mobiliser massivement l’épargne des Français, qui s’élève au total à 5.800 milliards d’euros, dont 3.200 milliards placés sur des produits de long terme, notamment des contrats d’assurance-vie : « Notre objectif est de mobiliser 5% de ces 3.000 milliards d’euros, ce qui nous permettrait de mobiliser 150 milliards d’euros par an ».

Le plan épargne logement (PEL) et les livrets de développement durable et solidaires (LDDS) sont dans le collimateur du gouvernement

Pour le ministre, l’une des mesures les plus concrètes est de permettre le déblocage anticipé d’un Plan épargne logement (PEL) pour financer un projet de rénovation thermique. S’il est clôturé pour acheter un logement, il permet d’emprunter une certaine somme avec un taux d’intérêt réduit. Ce produit d’épargne a un encours d’environ 300 milliards d’euros.

« Nous envisageons de permettre le déblocage anticipé de tous les plans d’épargne logement dès lors qu’il s’agit d’un investissement pour la rénovation thermique », a annoncé le ministre de l’Économie. Et de justifier : « Voilà un élément concret qui permet de débloquer des sommes très importantes sans avoir à mobiliser de l’argent public ».

Le gouvernement veut également davantage orienter les 130 milliards épargnés sur les livrets de développement durable et solidaires (LDDS) vers l’objectif affiché de ces produits. Aujourd’hui, seuls 10% des dépôts du LDDS doivent être fléchés vers le développement durable, et encore cette notion est plus large que celle de transition écologique, a-t-on indiqué de source ministérielle.

« Nous voulons que les sommes soient davantage orientées vers la transition climatique, avec une transparence accrue », a déclaré Bruno Le Maire à propos du LDDS.

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