L’ancien chef des services d’espionnage allemands est désormais surveillé et considéré comme un extrémiste

Nombre de ses déclarations portent sur sa critique des politiques d'immigration clandestine en Allemagne.

Par Patrick Reitler
4 février 2024 20:30 Mis à jour: 4 février 2024 22:15

Les services de renseignement intérieur allemands surveillent leur ancien chef, devenu aujourd’hui politicien dans le camp de l’opposition, dans un contexte qui rappelle à certains l’ex-Allemagne de l’Est communiste.

Hans-Georg Maassen affirme que l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV : Bundesamt für Verfassungsschutz) – l’équivalent du FBI en Allemagne – a rassemblé des dossiers détaillés sur lui, couvrant plusieurs années.

Le 31 janvier, il a publié sur les médias sociaux une lettre du BfV adressée à son avocat, qui avait auparavant déposé une demande dans le cadre de la liberté d’information. La déclaration du BfV révèle que l’agence l’a désigné comme un « cas d’observation » et a constitué un vaste dossier comptant au moins 1000 documents.

Ces documents contiennent des propos tenus par M. Maassen lui-même, mais aussi par les partisans ou les opposants auxquels il s’est adressé, que ce soit sur les réseaux sociaux, lors de conférences, d’interviews ou de tout autre forum de discussion.

Le dossier comprend une citation de M. Maassen tirée d’une interview accordée à un journal suisse, où il avait affirmé que la chancelière allemande et le ministre de l’intérieur veulent « l’effondrement de la société allemande pour construire un système social néo-socialiste sur ses ruines ». Il aurait également déclaré que le « fanatisme » du parti vert au pouvoir lui rappelle le « fanatisme de la révolution culturelle chinoise et des Khmers rouges ».

Nombre de ses déclarations portent sur sa critique de la politique d’immigration clandestine en Allemagne. Le dossier comprend également des citations de personnalités de droite mentionnant le nom de M. Maassen. Seuls les documents non classifiés figurent dans les communiqués de presse délivrés dans le cadre de la liberté d’information.

Selon les médias allemands, les informations sur M. Maassen étaient « stockées dans le système d’information des renseignements de la protection de la Constitution relatif à l’extrémisme de droite ». Interrogé sur la surveillance de M. Maassen, le BfV a déclaré que la loi sur la protection de la vie privée l’empêchait de faire des commentaires sur des cas individuels.

Selon le magazine Focus, le fait d’être « traité comme un extrémiste » pourrait avoir de graves conséquences pour M. Maassen. Ce n’est que récemment que les exigences imposées aux fonctionnaires retraités afin de se conformer à la constitution ont été renforcées, entraînant des conséquences disciplinaires, dont une éventuelle « révocation de la pension de retraite ». La loi correspondante entrera en vigueur le 1er avril.

L’historien Hubertus Knabe compare le dossier de l’affaire Maassen à la stratégie d’intimidation utilisée dans l’ex Allemagne de l’Est par le tristement célèbre service de sécurité Stasi.

« Je suis très inquiet. Je n’ai jamais vu un aperçu aussi complet des activités politiques et des déclarations dans les dossiers de la Stasi sur d’éminents dissidents », a-t-il déclaré au média startup Nius.

M. Maassen a commenté sur X, « Le gouvernement fédéral a manifestement peur de moi » et a accusé le ministre de l’intérieur de faire preuve d’abus de pouvoir pour « combattre les opposants politiques ».

En janvier, ce juriste de formation a créé un nouveau parti de droite et a coupé en morceaux sa carte de membre des chrétiens-démocrates (CDU), dont il était membre depuis plus de 45 ans.

Cette décision fait suite à de nombreux mois d’efforts déployés pour persuader la CDU de changer de cap, de s’éloigner des politiques « écosocialistes » de la chancelière Angela Merkel pour revenir à ses valeurs traditionnelles en tant que parti centriste. Friedrich Merz, chef de file de la CDU, avait entamé sans succès une procédure pour son expulsion du parti, sur la base du positionnement politique de M. Maassen.

En tant que fondateur du parti WerteUnion, il a désormais pour objectif de contribuer à un changement de gouvernement, comme il l’a déclaré à plusieurs reprises. Il a également affirmé que le nouveau parti était également ouvert à une alliance avec le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), tenu à l’écart par tous les autres partis.

À la veille de la fondation du parti, le 20 janvier, M. Maassen a parlé au journal Epoch Times des chances et des attentes de son nouveau foyer politique. Le nouveau parti doit s’attendre à des « vents contraires », a-t-il confirmé.

M. Maassen a été démis de ses fonctions à la tête du BfV en 2018, lorsque son évaluation différente des manifestations qui ont eu lieu dans la ville de Chemnitz, dans l’est de l’Allemagne, durant l’été 2018, suite à l’assassinat d’un jeune homme par un Syrien, lui a coûté le soutien de Mme Merkel. En accord avec la police locale et le premier ministre de Saxe, M. Maassen a souligné qu’il n’y avait pas eu de traque des étrangers à Chemnitz à la suite du meurtre.

Le BfV a identifié l’extrémisme de droite comme la plus grande menace intérieure pour l’Allemagne. Ces dernières semaines, des centaines de milliers de personnes ont manifesté en Allemagne pour protester contre la popularité et les politiques de l’AfD. Ces manifestations, souvent qualifiées simplement d’« anti-droite », sont encouragées par le gouvernement et tous les partis d’opposition autres que l’AfD.

Des sondages récents placent le parti en deuxième position au niveau national avec un soutien d’environ 23%, bien au-dessus des 10% des voix qu’il a remportées lors des dernières élections fédérales en 2021. Parallèlement, l’AfD est le premier parti dans trois États de l’est de l’Allemagne, où des élections doivent avoir lieu cet automne, selon les sondages.

L’Associated Press et Reuters ont participé à la rédaction de cet article.

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