L’arme secrète pour la santé mentale : le pardon

Résoudre les douleurs du passé, c'est s'assurer un bien-être futur

Par Gregory Jantz
29 avril 2023 14:25 Mis à jour: 2 mai 2023 20:17

« Je ne pourrais jamais lui pardonner après ce qu’il m’a fait. »

« Vous voulez que je fasse quoi ? Que je lui pardonne ? Pas question ! »

« Je suis censée les laisser s’en sortir après m’avoir traitée de la sorte ? Ça n’arrivera pas. »

En tant que professionnel de la santé mentale depuis 35 ans, j’ai entendu d’innombrables fois des personnes tenir ce genre de propos.

Ma réponse est toujours la même : « S’accrocher à des blessures est toxique pour votre cœur et votre âme. Il n’est jamais facile de pardonner à quelqu’un qui vous a fait du mal, mais le fait de passer par ce processus permet d’éliminer un obstacle majeur sur le chemin du bien-être. »

Les personnes qui viennent consulter dans la clinique que je dirige sont souvent surprises lorsque nous leur demandons si elles ont pardonné à ceux qui leur ont fait du mal. Elles ne voient pas le lien entre leur détresse mentale et les conflits qu’elles n’ont pas résolus avec les autres. Mais mon expérience m’a permis de comprendre que le fait de s’accrocher à des offenses et à des blessures émotionnelles est un moyen efficace (et malheureux) de se punir soi-même.

Je sais que le pardon est un mot chargé de sens pour de nombreuses personnes. Il comporte des connotations religieuses contradictoires ou des accents de sentimentalisme propre à la culture pop dont beaucoup d’entre nous ont appris à se méfier.

Pour la plupart des gens, le point d’achoppement est un désir ardent de justice. Ils ne supportent pas de laisser quelqu’un « s’en tirer » après avoir été blessé. Mais ignorer ou passer sous silence les actes répréhensibles de quelqu’un ne relève pas du tout du pardon. Il s’agit plutôt d’une question d’expérience personnelle face aux inévitables conflits qui jalonnent la vie et de savoir si l’on va continuer à revivre la douleur qu’ils ont causée ou si l’on va lâcher prise et aller de l’avant.

En bref, le pardon apporte la liberté — pour vous.

Les avantages du pardon

De plus en plus de recherches en sciences sociales démontrent les bienfaits du pardon sur la santé physique et mentale.

Un article présenté par l’association américaine de psychologie explique : « Qu’il s’agisse d’un petit accroc ou d’un grand grief, apprendre à pardonner à ceux qui vous ont blessé peut améliorer de manière significative votre bien-être psychologique et votre santé physique ».

« Des études ont montré que le pardon pouvait avoir des effets bénéfiques sur la santé mentale, tels que la réduction de l’anxiété, de la dépression et des troubles psychiatriques majeurs, ainsi qu’une diminution des symptômes physiques et du taux de mortalité ».

Dans une méta-analyse de référence publiée dans le « Handbook of Forgiveness » [Le manuel du pardon], les psychologues Loren Toussaint et Jon R. Webb ont découvert que neuf études récentes arrivaient toutes au même constat : le pardon joue un rôle important dans la guérison de la dépression.

Comme je l’explique dans mon livre « Triumph Over Trauma » [Triomphe sur les Trauma], lorsque nous nous accrochons à des sentiments d’indignation, d’amertume et d’injustice, nous maintenons en vie une offense et ses blessures. Ce faisant, nous restons vulnérables à tous les problèmes physiques et psychologiques liés à la colère et au ressentiment.

Mais en pardonnant, nous nous élevons au-dessus des blessures et des injustices qui nous ont empêchés d’accéder à notre liberté. Le pardon est la clé qui permet de retrouver la paix nécessaire à un soulagement durable des blessures du passé.

Comme l’a si bien dit le théologien Lewis B. Smedes, « pardonner, c’est libérer un prisonnier et découvrir que le prisonnier, c’était vous ». Il s’agit là d’une réflexion judicieuse pour la santé et le bien-être de toute une vie.

Outre les avantages spirituels et émotionnels du pardon, il peut également avoir des effets bénéfiques sur la santé physique. L’abandon de la rancune et de l’amertume favorise l’amélioration de la santé. Dans un article intitulé « Le pardon : Votre santé en dépend », des chercheurs de l’université Johns Hopkins écrivent :

« Des études ont montré que l’acte de pardonner peut-être très bénéfique pour la santé, en diminuant le risque de crise cardiaque, en améliorant le taux de cholestérol et le sommeil, et en réduisant la douleur, la pression artérielle et les niveaux d’anxiété, de dépression et de stress. En outre, des recherches indiquent que le lien entre le pardon et la santé s’accroît avec l’âge. »

Ce que le pardon n’est pas

Parce qu’il y a tant de confusion autour du pardon, examinons les idées fausses qui maintiennent les gens dans la colère et l’amertume.

Le pardon ne consiste pas à laisser quelqu’un « se tirer d’affaire ». Certaines personnes considèrent que le pardon donne à une personne coupable l’occasion d’obtenir indûment sa carte de sortie de prison. Cela semble injuste, car nous ne supportons pas l’idée de dire « c’est bon » à propos d’un comportement qui ne l’est manifestement pas.

Le malentendu réside dans la croyance que pardonner à quelqu’un revient à fermer les yeux sur la faute commise. Ce n’est pas du tout le cas. Le pardon permet de se libérer de l’attachement toxique au passé, sans rien offrir à la personne qui nous a causé du tort.

Le pardon n’est pas un signe de faiblesse ou une invitation à récidiver. Ce malentendu est enraciné dans l’ancienne logique humaine qui veut que l’on rende « œil pour œil et dent pour dent ». Cette croyance veut que si l’on ne punit pas, on ouvre la porte à d’autres violations de nos limites.

Demandez-vous quel est le plus grand signe de faiblesse : laisser les actions offensantes de quelqu’un déterminer l’avenir de votre santé et de votre bien-être, ou prendre en charge votre propre destin en choisissant le pardon et non la servitude à la colère ? Vous ne serez pas faible en pardonnant, bien au contraire.

Pardon n’est pas synonyme de réconciliation. La plupart du temps, après un conflit douloureux survenu avec une personne qui nous est chère, l’objectif est de remettre la relation sur les rails et d’aller de l’avant dans la vie. Dans le cas d’une offense ordinaire, il s’agit d’une démarche positive et saine. Sinon, nous n’aurions pas de relations du tout, puisqu’il est impossible de vivre sans offenser occasionnellement les autres.

Si le pardon est généralement une étape nécessaire à la réconciliation, l’inverse n’est pas vrai. Parfois, l’offense commise par une personne est tellement dommageable ou grave qu’il est impossible et déconseillé de poursuivre la relation. Il est toujours possible de pardonner en pareil cas, mais la réconciliation doit s’accompagner de preuves d’un réel remords, d’une restitution réparatrice et de garanties de sécurité pour l’avenir. Lorsqu’il s’agit de guérir d’un délit grave, il s’agit d’une norme élevée qui exige une participation sincère des deux parties pour réussir.

Ce qu’est le pardon

En examinant ce que le pardon n’est pas, j’espère que vous avez commencé à vous faire une meilleure idée de ce qu’il est : une porte ouverte qui mène à la libération de l’amertume. Regardons de plus près.

Le pardon est une cure de désintoxication pour le cœur et l’esprit. Lorsqu’une personne cherche à se libérer de sa dépendance à une substance, la première étape consiste toujours à suivre un régime de désintoxication pour purger le corps des substances chimiques nocives. C’est le point de départ qui permet de franchir les étapes suivantes vers la guérison.

Il en va de même pour la santé émotionnelle. Le pardon est un moyen puissant de se débarrasser des émotions néfastes qui, autrement, entraveraient votre guérison et votre bien-être.

Le pardon est un choix, pas un sentiment. Nos émotions peuvent finir par nous rattraper, mais le pardon commence par un choix délibéré. C’est une volonté personnelle qui consiste à se réapproprier sa vie en ne laissant plus la blessure subie nous étouffer. C’est se libérer de l’esclavage causé par une blessure.

Le pardon est une réponse délibérée à la douleur et aux blessures, une réponse qui peut être mise en œuvre même si l’on n’en a pas envie. La capacité de pardonner s’apprend. Ce pouvoir vous appartient et vous l’exercez lorsque vous décidez d’essayer.

Le pardon est un chemin vers la paix. Voici une image mentale que je partage avec les personnes qui peinent à pardonner : dans les étangs ou les ruisseaux, les enfants attrapent des écrevisses en accrochant un appât à une ficelle. La pauvre créature s’accroche et ne lâche pas prise, même lorsqu’elle est tirée hors de l’eau vers sa perte. Pardonner, c’est choisir de lâcher prise et de se libérer.

Avec les clients en difficulté avec lesquels je travaille, j’ai constaté à maintes reprises qu’apprendre à pardonner permet d’alléger leur charge émotionnelle, d’améliorer leurs perspectives de vie, de raccourcir leur temps de rétablissement et de restaurer leur résilience naturelle face aux difficultés à venir.

Vous êtes votre plus grand allié et votre meilleur atout dans votre quête de bien-être émotionnel. En effet, le pardon est un pas de géant vers la plénitude — un pas que vous pouvez choisir de faire.

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