Des chercheurs reçoivent le prix Nobel pour avoir prouvé l’existence d’un «GPS» dans le cerveau – mais ce GPS pourrait-il nous aider à trouver l’amour? Notre chien perdu?

Par Tara MacIsaac
18 décembre 2022 03:43 Mis à jour: 19 décembre 2022 16:07

En 2014, le prix Nobel de médecine a été décerné pour la découverte d’un « GPS intérieur dans le cerveau ». Mais si nous savons maintenant que cette faculté du cerveau affecte la façon dont nous cartographions notre environnement géographiquement, pourrait-elle aussi nous guider d’autres façons ?

Les théories qui s’appuient sur cette découverte nous font entrer dans le domaine de l’intuition et des « coïncidences ». Lorsque nous tombons sur la bonne personne au bon moment, pourrait-il s’agir d’une sorte de système de positionnement global (GPS) interne situé dans l’esprit ?

Le chercheur norvégien Edvard Moser, sa femme May-Britt Moser et le scientifique américano-britannique John O’Keefe ont découvert des « cellules qui constituent un système de positionnement », baptisées « cellules de grilles ».

Ces cellules sont situées dans l’hippocampe. Cependant, le Dr Bernard Beitman, psychiatre formé à Yale et travaillant actuellement à l’université de Virginie a examiné les travaux primés exhaustivement. Il explique qu’il est possible que d’autres cellules de grille se trouvent dans le cortex cingulaire antérieur, qui joue un rôle important dans les émotions humaines. « Cet aspect émotionnel de la cartographie des cellules de grille pourrait rendre des endroits particuliers plus chargés dans nos cartes cérébrales », déclare le Dr Beitman pour Epoch Times. « Comme les cartes utilisées dans la navigation GPS, ces cartes pourraient alors nous aider à trouver des chemins vers des personnes, des choses et des situations importantes sur le plan émotionnel.« 

Epoch Times a demandé a questionner Edvard Moser et sa femme sur cette théorie. Edvard Moser a répondu au journal que « le lien avec les émotions est très hypothétique ».

Le Dr Beitman convient que ces liens sont hypothétiques, ajoutant : « C’est sur de tels témoignages que de nouvelles théories peuvent se développer.«  De nombreuses coïncidences anecdotiques qu’il a entendues montrent clairement que les gens sont en quelque sorte capables de cartographier leur emplacement par rapport à des personnes ou des lieux significatifs sur le plan émotionnel. « La question qui nous intéresse est de savoir comment cela fonctionne.« 

Il donne un exemple : « Une mère, sentant que sa fille de 6 ans était en danger, s’est précipitée au bord d’une carrière en eau profonde pour la retrouver jouant joyeusement au bord de l’eau. Comment la mère a-t-elle  ‘senti’ le danger ? Comment a-t-elle ‘su’ comment s’y rendre ? »

De même, lorsqu’il était enfant, le Dr Beitman a retrouvé son chien perdu après avoir pris un mauvais virage dans un quartier familier. Il était étrange pour lui d’aller dans cette direction, mais cela l’a mené exactement là où il devait aller.

L’ « effet tiroir classeur » peut expliquer certaines de ces coïncidences, dit-il. Le terme « effet tiroir classeur » tire son origine des milieux scientifiques. Les chercheurs ont tendance à laisser au fond du tiroir des classeurs chargés d’expériences qui ont donné des résultats négligeables, puis à oublier ces expériences. « Nous nous souvenons de toutes les fois où nous avons trouvé ce dont nous avions besoin au moment où nous en avions besoin grâce à une chaîne d’événements surprenants et accidentels, mais nous oublions toutes les fois où cela ne s’est pas produit. Si vous tenez compte de la quantité de ratés, les succès deviennent statistiquement plus probables. Pour illustrer ce propos, vous pouvez trouver remarquable que la personne assise à côté de vous lors d’un dîner ait la même date d’anniversaire que vous – c’est un « succès ». Mais si vous prenez en compte tous les dîners auxquels vous avez participé dans votre vie, ou tous les dîners auxquels tous les humains ont participé, au cours desquels deux personnes étaient assises l’une à côté de l’autre et n’avaient pas la même date de naissance (une pléthore de ratés), il semble plus probable que cela se produise au moins une fois parmi tous ces cas. Il s’agit vraiment d’un cas sur un million si l’on considère le million de ratés qu’il a fallu pour obtenir un résultat. »

Néanmoins, le Dr Beitman pense que l’effet tiroir classeur ne peut expliquer l’ensemble du phénomène et il n’est pas le seul. Le Dr Michael Fox, vétérinaire, a entendu parler d’animaux de compagnie qui retrouvaient leur maître ou trouvaient de l’aide en cas de besoin dans des situations qui semblaient défier les limites étendues de leur odorat, de leur vue et de leur ouïe.

Le Dr Beitman et le Dr Fox ont tous deux émis une théorie sur les données sensorielles qui nous entourent et que nous percevons inconsciemment. Ces données guideraient « le GPS ». Le Dr Beitman évoque une « psyché-sphère » et le Dr Fox une « empathosphère » une couche d’existence autour de nous que nous ne pouvons pas percevoir avec nos cinq sens, mais qui contient des informations émotionnelles que nous pouvons capter grâce à des récepteurs sensoriels encore inconnus.

Si nous faisons cette découverte ou comprenons mieux le phénomène, déclare le Dr Beitman, nous pourrions peut-être rendre plus fréquentes les coïncidences utiles. Ce « GPS » pourrait-il nous aider à retrouver des enfants perdus ? Peut-être pourrait-il nous aider à trouver l’amour, le bon emploi ou une main secourable en cas de besoin. Bien sûr, tout cela reste très mystérieux, mais pour le Dr Beitman, il s’agit d’une piste de réflexion qui mérite d’être approfondie.

Robert G. Jahn, professeur de sciences aérospatiales et doyen émérite de l’école d’ingénierie et de sciences appliquées de l’université de Princeton, a écrit sur une « grille d’espace conscience » ou « une grille expérience. »

Dans son livre Margins of Reality [Les marges de la réalité], il réfléchit à l’existence physique de la conscience humaine et à la manière dont elle peut être cartographiée. Il explore également, du point de vue de la physique quantique, la manière dont la conscience peut évoluer vers un objectif : « On peut dire de quelqu’un que c’est un ami ‘proche’ ou bien un parent ‘éloigné’, qu’il a des pensées ‘profondes’ ou ‘élevées’ comme un cerf-volant. Une idée peut être ‘centrale’, ‘éloignée’ ou ‘lointaine’. C’est ainsi que nous permettons à nos esprits de ‘vagabonder’ sur divers ‘terrains’ conceptuels avant de prendre ‘position’ sur une question. »

Il s’agit de descriptions qualitatives. Robert G. Jahn se demande s’il est possible de développer des descriptions spatiales quantitatives liées à la conscience qualitative. Selon sa théorie, la conscience humaine existe sous forme d’ondes et se déplace physiquement en tant que telle dans le cerveau et au-delà. Selon lui, un développement plus poussé de la mécanique de la conscience pourrait former une « grille d’expérience, le long de laquelle la conscience avance vers son but en effectuant des discriminations ou des associations à chaque jonction, un peu comme dans un labyrinthe de puzzle ou les jeux des ‘Vingt questions’ ou des charades. »

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