Le fondateur de l’école Top Gun raconte la naissance de cette institution qui allait révolutionner le combat aérien

Par Michael Wing
21 août 2022 17:32 Mis à jour: 21 août 2022 17:32

Il ne fait aucun doute que les fans de Top Gun ont été enthousiasmés par le retour de Maverick sur grand écran. Mais l’histoire réelle de cette école de pilotes de chasse d’élite est tout aussi impressionnante, en réalité elle est plus incroyable encore.

La Navy’s Advanced Fighter Weapons School (ou Top Gun) a été créée pendant la guerre du Vietnam, à un moment où elle était plus que nécessaire, par Dan Pedersen, 86 ans, surnommé le « parrain de Top Gun ». Elle est partie de rien – pas de salle de classe, pas de financement, pas de mécaniciens ni d’avions propres – juste quelques pilotes de premier ordre qu’il a triés sur le volet dans un délai serré.

Leur mission ? Reconquérir la supériorité aérienne sur les Nord‑vietnamiens, formés par les Soviétiques, assez doués dans le ciel.

Le livre de M. Pedersen, « Top Gun : an American Story », retrace cette histoire fascinante. La superproduction hollywoodienne, explique‑t‑il à Epoch Times, est « un grand divertissement pour le public », mais « c’est assez peu réaliste en ce qui concerne Top Gun, ce que c’était il y a des années et sa situation actuelle. »

Aujourd’hui, 53 ans plus tard, Top Gun est « toujours au summum », ajoute‑t‑il.

Alors que Maverick et Goose avaient pour mission de s’attaquer aux MiG russes au‑dessus de l’Atlantique en 1986, M. Pedersen était confronté à une situation grave au Vietnam : les pilotes de chasse américains étaient abattus à un rythme effarant.

Un Américain était perdu pour deux ennemis. Les Nord‑vietnamiens étaient habiles à repousser les limites de leurs MiG russes, largement dépassés, dans les combats aériens. Les combats aérien sont surnommés « dogfight » dans le milieu des pilotes.

Dan Pedersen, le « parrain de Top Gun ». (Avec l’aimable autorisation de la Navy Historical Foundation via Dan Pedersen)

Les Américains formaient essentiellement les aviateurs à l’utilisation du matériel, les envoyaient au combat, puis s’attendaient à des victoires. « Nous avons perdu 11 hommes en 17 jours », raconte M. Pedersen à propos de son séjour à bord de l’USS Enterprise. « On allait dîner et on voyait des chaises vides à table. »

Encadré par l’as de la Seconde Guerre mondiale Eugene Valencia, M. Pedersen, alors âgé de 31 ans, a été appelé à inverser le cours des choses. Il a choisi huit pilotes de chasse d’élite ‑ tous dans la vingtaine – y compris son bras droit, Mel Holmes, et a entrepris de réécrire littéralement le combat aérien à la station aéronavale de Miramar, en Californie. C’était expérimental, c’était important, c’était dangereux.

« On nous a donné 60 jours. C’était une école de troisième cycle. (…) Il fallait que ce soit quelque chose qui nous ferait gagner avec certitude. »

« Lorsque Top Gun a été formée, au début, nous avions tous fait deux missions de combat sur des porte‑avions au Vietnam. C’était très important ce que nous faisions. »

Personne n’allait leur fournir de nouveaux avions avec de meilleures capacités ; ils se sont contentés de ce qu’ils avaient : le F‑4 Phantom, un « grand avion » avec « deux moteurs à haute puissance très fiables », explique M. Pedersen. « J’ai fait voler cet avion à Mach 2,47... À ce moment‑là, l’avion commençait à se désagréger à cause de la chaleur. »

Poussant le F‑4 jusqu’à ses limites, ils ont esquissé de nouvelles tactiques.

Un F-4 Phantom libère une charge de bombes Mark 82 sur le sud du Vietnam. (Avec l’aimable autorisation de l’US Navy)

« Nous avions tous nos opinions parce que nous avions été sur des avions différents au moins deux fois. Et un des gars avait été abattu deux fois. On était motivés ! » L’avion a donc volé de toutes les manières possibles pour envisager de nouvelles tactiques, pour voir ce qui fonctionnait.

Connaissant les MiG, il savait aussi comment les vaincre. Une nouvelle manœuvre consistait à monter en flèche, verticalement, en postcombustion complète jusqu’à une vitesse nulle. Cela déjouerait l’ennemi.

« Il n’y a pas un pilote de MiG au monde qui va arriver à vous suivre. Il peut monter jusqu’à 40.000 pieds comme ça. Et aucun MiG n’est capable de faire ça. »

Cela s’inscrit dans une tactique globale de « vol dans l’œuf », traversant un circuit vertical colossal qui culmine par un apex à l’envers au « sommet de l’œuf », l’ennemi est entièrement visible en dessous, puis on plonge par‑derrière pour l’abattre.

« Si vous ne pouviez pas avoir un bon angle de tir, vous vous retiriez », explique M. Pedersen. « Si vous le ratiez, vous repartiez à la verticale, tout droit et à l’envers sur le sommet de l’œuf. »

« Pendant que vous êtes en bas en train de tirer, l’autre gars, votre ailier, est en haut et suit le combat en surveillant les autres. »

« Vous pouviez vous retrouver aux prises avec deux, trois ou même six avions ennemis au cours d’un seul et même dogfight. »

En quelques semaines, ils étaient prêts à rejoindre la guerre. Quelques‑uns de ces pilotes de pointe ont été répartis sur l’ensemble de l’armée américaine et, à la fin de la guerre, le rapport de destruction de 2 pour 1 est passé à 1 pour 24.

Ce qui a fait le succès de ce retour, c’est que les pilotes ont « repoussé leurs limites », dépassant les normes de sécurité fixées par le fabricant ; le F‑4 pouvait faire beaucoup plus que ce qu’on pensait au départ.

Dan Pedersen. (À gauche : avec l’aimable autorisation de Dan Pedersen ; à droite : avec l’aimable autorisation du Palm Springs Air Museum)

« Le facteur sécurité lié à cet avion était très important », explique M. Pedersen. « L’avion était capable de beaucoup plus en vol que ce qui avait été exploré pendant les cinq premières années de la guerre. »

Alors comment les hauts gradés ont‑ils réagi face à cette révolution opérée au niveau des protocoles de sécurité ?

« Le succès parle de lui‑même. Lorsque vous gagnez à ce point et que vous atteignez un ratio de 1 pour 24, personne ne vient vous contester. »

« C’est nous qui avons gagné la guerre aérienne au Vietnam, qui va le contredire ? »

« Personne à Washington ne va nous contredire. »

Le monde a maintenant Top Gun : Maverick. Le cinéma lui aussi est témoin des nouvelles avancées incroyables de la technologie aéronautique, avec le F‑35 et son décollage et atterrissage vertical, et le F‑22 Raptor furtif. Dans le film, les pilotes sont au commande du F‑18 Super Hornet, un avion qui a vraiment fait ses preuves.

Ces avancées technologiques ont‑elles changé les règles du combat aérien ?

Le F-18 Super Hornet. (Miguel Lagoa/Shutterstock)

En toute simplicité, M. Pedersen répond non.

« Il suffit d’une balle pour vous abattre, même aujourd’hui », dit‑il. « Donnez‑moi un fusil et des missiles à tête chercheuse (sidewinder), et je m’attaque à n’importe qui en Chine ou en Russie même aujourd’hui. »

Dix ans après avoir fondé Top Gun, en 1980, il devient capitaine du porte‑avions USS Ranger, aux commandes de 5000 marins dont l’âge moyen est de 19 ans et demi. La supériorité numérique de jets faciles à entretenir, selon M. Pedersen, est de loin plus efficace que la supériorité technologique d’armes ultra‑coûteuses et difficiles à entretenir.

« Parfois, un avion de 300 millions de dollars n’est pas la solution. Personnellement, j’aime avoir 8 ou 10 chasseurs légers qui sont résistants, vous devez être dans les 98% de fiabilité. »

« Les ‘missiles magiques’ d’aujourd’hui… Quelqu’un fait beaucoup de bénéfices avec ces trucs. J’ai tendance à croire en la simplicité. Ayant piloté les MiG, qui étaient d’une génération plus ancienne, les canons fonctionnent 98% du temps. »

Le leg de Top Gun est aussi important aujourd’hui qu’il l’était à l’époque du Vietnam. L’école continue à former les meilleurs pilotes de chasses, qui représentent seulement 1% des pilotes. Ils transmettent leurs connaissances à leurs escadrons – en laissant beaucoup de marge aux pilotes. Les résultats parlent d’eux‑mêmes.

« Nous avons réécrit l’aviation tactique dans le monde entier, c’est toujours la norme », poursuit M. Pedersen. Il faut rendre à César ce qui appartient à César. Hier comme aujourd’hui, Top Gun forme de jeunes francs-tireurs.

« Je n’étais pas tout seul, mais j’avais mes huit gars et quelques anciens – c’était une tentative assez risquée de faire quelque chose comme ça en 60 jours. »

« Alors, quand nous avons réussi, et que le ratio de tués est passé à 1 pour 24, je voulais m’assurer que l’histoire soit racontée fidèlement. »

Instructeurs Top Gun en 1969 avec les huit originaux de Pederson en caractères gras. (Avec l’aimable autorisation de l’US Navy)

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