Le gouvernement allemand peine à trouver une solution unanime pour relancer son économie

Par Epoch Times avec AFP
25 août 2023 10:50 Mis à jour: 25 août 2023 10:52

L’Allemagne est-elle devenue le nouvel « homme malade » de l’Europe ? La crainte du déclin économique domine la rentrée dans la première économie européenne et met le gouvernement d’Olaf Scholz sous pression.

L’ancienne locomotive de l’UE devrait être le seul grand pays industriel à connaître une récession en 2023, selon le FMI. Mais les remèdes ne font pas l’unanimité au sein de la coalition du chancelier allemand.

« Trou d’air »

L’économie allemande traverse un trou d’air. Elle a stagné entre avril et juin, après deux trimestres de recul consécutif du PIB, selon des chiffres définitifs publiés vendredi.

Quand les exportations et l’industrie toussent, c’est toute l’Allemagne qui s’enrhume. Or ces deux piliers du « made in Germany » sont particulièrement sensibles à la hausse des prix, des taux d’intérêt, aux difficultés de l’économie chinoise.  « Quelque 50% de notre PIB provient des exportations. Les exportations ont fait notre richesse (…) mais quand l’économie mondiale faiblit, l’Allemagne encaisse plus que les autres », explique le ministre de l’Économie Robert Habeck à l’hebdomadaire die Zeit.

La Chine, où la reprise est poussive, est le premier partenaire commercial de l’Allemagne. S’y ajoute le choc énergétique subi par les entreprises allemandes qui se fournissaient en gaz russe bon marché, remplacé depuis l’invasion de l’Ukraine par des fournisseurs plus onéreux.

Divisions

Attelage inédit formé par une majorité sociale-démocrate associée aux Verts, qui détiennent le portefeuille de l’Économie, et aux Libéraux, chargés des Finances, la coalition allemande étale ses divisions.

Robert Habeck plaide pour bloquer jusqu’en 2030 les prix de l’électricité pour les industries les plus énergivores, en subventionnant leurs dépenses. La mesure, évaluée par le ministre à 20 milliards d’euros, viserait à préserver la compétitivité de secteurs comme la chimie ou la métallurgie, le temps de développer le solaire et l’éolien.

« Hors de question d’intervenir directement sur le marché en distribuant des subventions », a répliqué le ministre libéral des Finances Christian Lindner. Olaf Scholz, à la différence de nombreux élus de son parti, est aussi contre un dispositif qui créerait des « effets d’aubaine ».

Christian Lindner mise sur des baisses d’impôts pour les entreprises. Mais un paquet d’allègements fiscaux d’un montant de plus de six milliards d’euros que le gouvernement devait adopter la semaine dernière a été bloqué en conseil des ministres par le mouvement d’humeur d’une ministre écologiste.

« La coalition est de nouveau proche du point de rupture ! Quel mauvais départ après la pause estivale », fulmine le tabloïd Bild.

« La nécessité de changements importants »

« Le problème de l’Allemagne n’est pas conjoncturel, mais structurel », décrypte l’expert Marcel Fratzscher, chef de l’institut économique DIW Berlin. L’Allemagne a besoin d’un « programme de transformation à long terme, avec une offensive d’investissement, une large débureaucratisation et un renforcement des systèmes sociaux », détaille-t-il dans une analyse parue cet été.

Le diagnostic est largement partagé : incertitude sur le coût de l’énergie à moyen terme, lourdeur des réglementations, manque de main d’oeuvre qualifiée, numérisation trop lente freinent les entreprises de la première économie européenne.

Tous sont également d’accord : « Les réductions d’impôts ou les programmes de relance économique traditionnels ne sont pas des mesures judicieuses dans cette situation », selon l’économiste Sébastien Dullien, de tendance social-démocrate.

Face aux discours alarmistes, des experts tempèrent : « L’Allemagne est comme un quadragénaire qui a longtemps réussi, mais qui doit maintenant se réorienter professionnellement », fait valoir Clemens Fuest, de l’institut économique Ifo. Difficile mais pas impossible, selon Holger Schmieding économiste chez Berenberg. Contrairement à la période 1995-2002, où l’Allemagne fut aussi qualifiée d’homme malade de l’Europe, « de nombreux acteurs du gouvernement et de l’opposition sont aujourd’hui d’accord, au moins en termes généraux, sur la nécessité de changements importants ». À la différence également des années 2000, le pays est en situation de quasi plein emploi.

Olaf Scholz rejette les discours des Cassandre. « Nous ne devrions pas noircir le tableau et créer une crise artificiellement », vient-il de dire, rappelant que le géant américain des semi-conducteurs Intel avait choisi l’Allemagne pour un gigantesque investissement.

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