Le nombre considérable de panneaux solaires hors d’usage en Chine suscite des inquiétudes concernant le coût élevé du recyclage et la pollution de l’environnement

Par Anne Zhang et Lynn Xu
11 avril 2023 18:50 Mis à jour: 11 avril 2023 18:50

Après une décennie d’expansion rapide de l’industrie photovoltaïque (PV), la Chine est confrontée à un défi de recyclage et à une dégradation de l’environnement en raison du grand nombre de panneaux solaires en fin de vie.

Au fil des ans, la Chine s’est empressée d’augmenter sa production de panneaux photovoltaïques et a ignoré le respect peu rigoureux des normes technologiques. En conséquence, un grand nombre de panneaux solaires deviennent hors service avant la date prévue, comme l’explique Fang Qi, un consultant en investissement vivant au Royaume-Uni, à Epoch Times le 4 avril.

Selon lui, le recyclage des panneaux solaires est devenu une question de plus en plus urgente en Chine, le taux de mise au rebut des panneaux photovoltaïques atteignant environ 30% par an.

Installation de panneaux solaires à la centrale solaire de Hami, le 22 août 2011, à Hami, dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, en Chine. (VCG/VCG via Getty Images)

D’ici 2030, les déchets de modules photovoltaïques en Chine devraient atteindre environ 18 GW et 1,4 million de tonnes, tandis qu’en 2040, ce chiffre montera en flèche pour atteindre 253 GW, soit « environ 20 millions de tonnes », explique Liu Limin, secrétaire adjointe de la commission spécialisée dans le photovoltaïque de l’Alliance chinoise ECOPV, le 17 mars lors du dixième forum photovoltaïque de Guangdong.

Ce chiffre est en avance d’une décennie sur les prévisions précédentes de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) (pdf), qui estimait que le volume des déchets de panneaux photovoltaïques en Chine atteindrait 20 millions de tonnes d’ici à 2050.

Jiang Hua, secrétaire général adjoint de la China Photovoltaic Industry Association (CPIA), a déclaré en mai dernier à l’agence de presse nationale chinoise Xinhuanet que la capacité photovoltaïque installée de la Chine avait atteint le niveau du GW pour la première fois en 2011. Sur la base d’une durée de vie de 20 ans des modules photovoltaïques, un grand nombre de modules mis au rebut apparaîtra d’ici 2031. En réalité, la mise hors service massive des panneaux survient plus tôt que prévu.

Selon Liu Limin, la fabrication et l’utilisation de modules photovoltaïques en Chine représentent plus de 70% de la production mondiale. Par conséquent, une fois que ces modules photovoltaïques sont mis au rebut, le traitement des déchets par enfouissement, incinération et dégradation naturelle aura inévitablement des effets néfastes sur l’environnement, ajoute-t-elle.

Un avis publié par l’Association chinoise de l’industrie photovoltaïque (CPIA) au début du mois de mars indique qu’un groupe de travail sur le recyclage, affecté aux déchets de modules photovoltaïques, était en cours de création.

Coût élevé du recyclage des panneaux photovoltaïques

Le recyclage des panneaux photovoltaïques en Chine est confronté à des problèmes de coûts élevés et de faibles revenus.

Selon une norme officielle de recyclage des déchets de panneaux photovoltaïques publiée en août 2022, le verre représente 70% du poids du module photovoltaïque, le cadre en aluminium 10%, l’adhésif 10%, le silicium 5% et les métaux tels que l’argent, le cuivre et le gallium environ 1%.

Les panneaux solaires photovoltaïques sont généralement traités en prenant en sandwich le module photovoltaïque entre la plaque de support et le couvercle en verre, puis en le fixant à l’aide d’un cadre en aluminium. Cette conception rend les panneaux usagés difficiles à démonter. Une grande partie du travail de recyclage consiste à retirer le cadre en aluminium et la boîte de jonction électrique, et le reste est généralement déchiqueté et vendu sous forme de granulés de faible valeur ou de verre brisé.

Les métaux représentent jusqu’à deux tiers de la valeur des matériaux des panneaux photovoltaïques, mais leur recyclage est plus coûteux.

Usine de Yingli Solar, une entreprise leader dans le domaine de l’énergie solaire et l’un des plus grands fabricants de panneaux solaires au monde, à Baoding, dans la province de Hebei, le 30 septembre 2010. (PeterR Parks/AFP via Getty Images)

« Il est difficile de recycler les panneaux photovoltaïques en raison des coûts logistiques élevés, de l’immaturité de la technologie de recyclage, de la forte demande d’investissement, de la faible pureté des produits recyclables et du fait que cela a pris tant d’ampleur », explique He Shuangquan, PDG de Suntech Power, un important fabricant chinois de panneaux photovoltaïques situé dans la ville de Wuxi, dans la province côtière orientale de Jiangsu, au China Securities Journal en mai de l’année dernière.

He Shuangquan fait remarquer dans un article que la valeur des métaux tels que l’aluminium et l’argent qui peuvent être extraits d’un module photovoltaïque mis au rebut est d’environ 56,5 yuans (environ 7,52 €). Le recyclage de chaque module coûte environ 75 yuans (environ 10 €). Par conséquent, si le fonctionnement est entièrement basé sur le mécanisme du marché, il est difficile pour les entreprises de survivre.

Le directeur général d’une entreprise de recyclage de modules photovoltaïques de la ville de Nantong, dans la province de Jiangsu, a révélé que le revenu total généré par le recyclage d’un un module PV 60 grand public est de 63 yuans (environ 8,4 €). En revanche, le coût de recyclage de chaque module est d’environ 69 yuans (9,17 €), selon un article des médias chinois.

La majeure partie de la capacité de production photovoltaïque de la Chine est entre les mains d’entreprises d’État ou de grandes entreprises privées, mais celles-ci sont quasiment toutes réticentes à se préoccuper du recyclage, selon Fang Qi. « Par conséquent, les déchets de matériaux photovoltaïques sont sous-traités couche par couche et finalement confiés à de petits ateliers dans les zones rurales pour un traitement simple, par exemple en démontant manuellement les fissures, le plastique et le cadre en aluminium pour faire de l’argent ».

Outre le coût élevé du recyclage, la taxe de protection de l’environnement est un fardeau pour les usines. « Les fabricants chinois eux-mêmes ont de maigres bénéfices ; si vous [les autorités locales] ajoutez les soi-disant dépenses de protection de l’environnement, les entreprises privées doivent fermer leurs portes. »

Certaines autorités locales peuvent subventionner les usines pour inciter à l’élimination des déchets, mais de nombreuses usines se contentent d’accepter les subventions, laissant de côté le problème d’engorgement des technologies de recyclage, selon Fang Qi.

Les substances toxiques des déchets de panneaux photovoltaïques sont source de pollution

Ordures entreposées dans le village de Lianjiao, ville de Foshan, province de Guangdong (Chine), le 1er février 2007. (Cancan Chu/Getty Images)

En raison de l’absence de technologie permettant de recycler correctement les panneaux photovoltaïques usagés, la plupart des méthodes d’élimination consistent à brûler, à empiler ou à enterrer les déchets sur place. De nombreux « villages décharges » dont les médias chinois se sont fait l’écho ont pratiqué ou pratiquent encore le recyclage des panneaux solaires photovoltaïques usagés.

Les panneaux photovoltaïques contiennent des métaux lourds toxiques tels que le plomb, le sélénium et le cadmium, qui peuvent entraîner une pollution de l’environnement s’ils ne sont pas correctement recyclés après leur mise au rebut. Ceux-ci ont été jetés dans des décharges en grand nombre, et leurs substances toxiques peuvent contaminer les eaux souterraines.

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