Le PCC a « tué son avenir » en empêchant la naissance de 400 millions d’enfants suite à la « politique de l’enfant unique », selon un expert

Selon Steven Mosher, spécialiste de la Chine, la politique de l'enfant unique menée par Pékin a entraîné « la plus grande destruction de capital humain jamais vue dans le monde »

Par Dorothy Li & Jan Jekielek
27 octobre 2023 11:55 Mis à jour: 27 octobre 2023 18:35

La « destruction du capital humain » par le Parti communiste chinois (PCC) au cours des dernières décennies a non seulement mis en péril ses ambitions, mais aussi « tué son avenir », explique Steven Mosher, président de l’Institut de recherche sur la population (Population Research Institute).

Dans les années 1980, le PCC a mis en place la « politique de l’enfant unique », limitant strictement les couples à un seul enfant. Ceux qui ne respectaient pas cette politique s’exposaient à de lourdes amendes, à la perte de leur emploi et à des avortements forcés. Les autorités ont fait valoir que cette règle était nécessaire à la prospérité économique et au développement à long terme du pays.

Toutefois, face à la diminution de la main-d’œuvre et au vieillissement rapide de la population, les autorités ont adopté des mesures afin de stimuler les taux de natalité.

« Ils commencent à se rendre compte qu’ils ont, en fait, étranglé le rêve chinois de domination mondiale dans son berceau », a souligné M. Mosher dans une interview accordée à l’émission « American Though Leaders » d’EpochTV, dont la première sera diffusée le 26 octobre.

« Avec une économie chinoise en déclin, une population qui vieillit et meurt plus rapidement que n’importe quelle population humaine dans l’histoire de la planète, le XXIe siècle n’appartiendra pas à la Chine, en partie à cause de la mauvaise gestion continue du parti communiste chinois. Mais surtout à cause de l’élimination de la moitié des dernières générations. »

Selon M. Mosher, qui a été l’un des premiers chercheurs américains en sciences sociales à vivre et à travailler avec des villageois chinois à la fin des années 1970, la « politique de l’enfant unique » a entraîné « la plus grande destruction de capital humain que le monde ait jamais connue ». Il a noté que les responsables de la commission chinoise du planning familial ont affirmé que cette politique avait permis d’éviter « 400 millions » de naissances, prétendant que cette règle réduisait la pression sur les ressources et l’environnement.

La perte de 400 millions de naissances, toutefois, porterait inévitablement préjudice à l’économie du pays au fil du temps, a indiqué M. Mosher. « C’est ce qui s’est passé », a-t-il ajouté.

La Chine est confrontée à un défi économique croissant, car son secteur immobilier – qui contribue de manière importante au PIB du pays, comme l’a fait remarquer M. Mosher – est en crise.

Steven Mosher, président de l’Institut de recherche sur la population, membre fondateur du Comité sur le danger présent : La Chine, à Washington le 17 juin 2019. (York Du/NTD)

« En tuant la moitié des deux dernières générations, le parti communiste chinois a littéralement tué son avenir… Le seul avenir d’une nation, ce sont ses familles et ses enfants », a-t-il rappelé.

Pas d’issue au défi démographique

Le taux de natalité de la Chine a rapidement diminué ces dernières années.

Les efforts déployés par les autorités locales pour stimuler les taux de natalité nationaux, tels que des incitations comme des déductions fiscales et des aides au logement pour les parents, n’ont pas permis d’inverser la tendance à la baisse. La jeune génération hésite à fonder une famille et à avoir des enfants.

En 2015, Pékin a autorisé les familles à avoir deux enfants. Toutefois, le recensement de 2021 a révélé que la « politique des deux enfants » n’avait pas permis de remédier efficacement à la baisse du taux de natalité, et le plafond a été porté à trois enfants.

En 2022, la Commission nationale de la santé (CNS) a fait état de 9,56 millions de naissances, soit le niveau le plus bas depuis que le PCC a pris le contrôle du pays en 1949, lorsque le bureau a commencé à collecter les données.

L’indice synthétique de fécondité – qui représente le nombre moyen d’enfants qu’une femme est censée avoir pendant ses années de procréation – est tombé à 1,09 en 2022, soit une baisse par rapport au chiffre de 1,30 enregistré en 2020, selon une étude réalisée en août par des chercheurs du Centre chinois de recherche sur la population et le développement, une institution affiliée au Centre national de la santé. Ce chiffre est nettement inférieur au « taux de remplacement » qui est de 2,1 et qui constitue le seuil de maintien d’une population stable dans un pays.

Les données officielles indiquent que la réalité est pire.

« Le fait qu’ils admettent ce chiffre (…) montre que le chiffre réel est probablement inférieur. Les statistiques du parti communiste chinois sont toujours manipulées à des fins de propagande. »

Selon M. Mosher, les responsables locaux sont « incités » à exagérer « un peu » les chiffres relatifs à la démographie.

« Les fonctionnaires de tous niveaux reçoivent des subventions du gouvernement central selon le nombre de personnes qu’ils ont sous leur contrôle. Les écoles touchent des subventions en fonction du nombre d’étudiants qu’elles ont, les hôpitaux en fonction du nombre de patients qu’ils ont, et ainsi de suite pour l’ensemble du gouvernement », a expliqué M. Mosher, ajoutant qu’il doutait des chiffres officiels relatifs à la population chinoise, qui s’élèverait actuellement à 1,4 milliard d’habitants.

Une femme et un garçon se tiennent dans une rue du comté de Fengyang, dans la province de l’Anhui, dans l’est de la Chine, le 5 janvier 2023. (Noel Celis/AFP via Getty Images)

Même si le taux de fécondité se maintient autour d’un enfant par femme, la Chine est en passe de perdre son statut de pays le plus peuplé du monde, la population des États-Unis devant dépasser celle de la Chine, a indiqué M. Mosher, ajoutant que ce changement pourrait se produire dès 2060, voire en 2070. Il prévoit que d’ici la fin du siècle, la population chinoise pourrait se réduire à 400 millions d’habitants.

« Voilà l’exploit du parti communiste chinois : l’élimination de la majorité du peuple chinois au fil du temps ! »

Le problème démographique que connaît la Chine ressemble aux défis auxquels sont confrontées les nations développées comme les États-Unis et le Japon. Mais la Chine est un pays à revenu moyen, qui compte encore des centaines de millions de personnes relativement pauvres.

« La Chine vieillit avant de s’enrichir », a-t-il poursuivi. En comparaison, les pays occidentaux « se sont enrichis avant de vieillir, ce qui signifie qu’ils disposaient des ressources nécessaires pour continuer à prospérer alors même que la population vieillissait et que la main-d’œuvre commençait à se stabiliser et à diminuer ».

« Il n’y a aucun moyen de sortir de ce piège démographique tendu par le parti communiste chinois au peuple chinois. »

Grossesse forcée

Si les mesures incitatives ne parviennent pas à enrayer le déclin démographique, les autorités chinoises pourraient mettre en œuvre des mesures coercitives obligeant les jeunes Chinois à se marier et à fonder une famille nombreuse, a alerté M. Mosher.

Des instructions ont déjà été données aux personnes placées sous l’autorité directe du PCC. Le 7 septembre, le dirigeant chinois Xi Jinping, qui préside la Commission militaire centrale, a autorisé une politique de planification familiale en 33 points, encourageant le personnel militaire à se marier et à avoir jusqu’à trois enfants.

Ils utilisent le mot « encourager » … mais, bien sûr, il s’agit en pratique d’un ordre. Lorsque votre commandant en chef vous dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, ayez des enfants, vos promotions dépendront de votre capacité à obéir ou non à cet ordre », a commenté M. Mosher.

Ce n’est pas la première fois que le PCC souhaite que ses membres prennent les devants. En 2016, lorsque Pékin a supprimé la « politique de l’enfant unique », les autorités de Yichang, une ville de la province centrale du Hubei, ont publié un document sur le site web du gouvernement, appelant les membres du PCC et les fonctionnaires à avoir deux enfants.

« Les jeunes camarades devraient commencer par eux-mêmes, et les vieux camarades devraient éduquer et superviser leurs enfants », ont précisé les responsables dans le mémo désormais supprimé, selon des captures d’écran publiées par les médias d’État. Le document indiquait qu’après près de quatre décennies de « politique de l’enfant unique », le taux de fécondité de Yichang était tombé en dessous de 1,0 à l’époque.

Une directive similaire est réapparue lorsque Pékin a porté la règle du planning familial à trois enfants. Dans un éditorial publié par les médias d’État en décembre 2021, les membres du PCC ont été invités à remplir leur devoir en ayant trois enfants.

« Les membres du Parti ne peuvent invoquer aucune excuse – objective ou personnelle – pour ne pas se marier ou ne pas avoir d’enfants. Ils ne peuvent pas non plus utiliser de prétexte pour n’avoir qu’un ou deux enfants », selon l’article d’opinion publié sur China Reports Network. Moins de 24 heures après sa publication sur le site web du média, l’article a disparu, bien que les discussions se soient poursuivies sur le média social chinois Weibo.

Une mère et son nouveau-né dans un hôpital obstétrique privé à Wuhan, dans la province de Hubei, en Chine, le 21 février 2020. (Getty Images)

Outre les directives gouvernementales, M. Mosher a mentionné que plusieurs provinces chinoises ont encouragé les jeunes hommes, en particulier les étudiants, à faire don de leur sperme au début de cette année. Il existe 29 institutions autorisées à créer des banques de sperme, selon la liste figurant sur le site web du NHC. En revanche, la Chine ne dispose d’aucune banque d’ovules.

« C’est peut-être ce qui va se passer, quand on demandera aux jeunes femmes de donner leurs ovules pour la fécondation in vitro et d’élever des bébés éprouvettes », a déclaré M. Mosher. « Mais je crains qu’ils n’adoptent une solution plus simple d’un point de vue technologique. »

« Je pense qu’on ne dira pas aux jeunes femmes de donner leurs ovules, mais qu’on leur dira de donner leur utérus et de se donner elles-mêmes. On leur expliquera que, pour le bien du pays, pour la prospérité de la Chine, [et] pour l’avenir de la Chine, elles seront obligées de consentir à avoir des enfants, et il y aura des quotas annoncés. Et il y aura des sanctions en cas de refus d’obéissance. »

Selon M. Mosher, le PCC a imposé de telles mesures coercitives de planification familiale aux femmes chinoises pendant des décennies. À l’époque de la « politique de l’enfant unique », les femmes enceintes pouvaient être soumises à des avortements forcés pour diverses raisons, allant du fait d’avoir moins de 21 ans à l’absence d’autorisation gouvernementale.

« La Chine a contrôlé, de haut en bas, la fécondité du pays pendant des décennies, afin de la réduire. Pourquoi le parti communiste chinois ne ferait-il pas l’inverse et n’utiliserait-il pas les jeunes femmes comme force de reproduction pour repeupler le pays, alors qu’il s’est effectivement engagé dans une spirale démographique descendante ? » a demandé M. Mosher. « Je ne vois aucune raison morale ou éthique qui puisse empêcher le parti communiste de s’engager dans cette voie. »

« La grossesse forcée pourrait être imposée dès cette décennie ! »

Contrôle total

Il ne s’agit pas seulement de contrôler la population. Comme l’a souligné M. Mosher, le PCC s’efforce de « contrôler le pays dans sa totalité » depuis sa fondation en 1921, et cette ambition s’est manifestée clairement dans sa politique du « zéro Covid ».

« La politique du zéro Covid en Chine – qui a encore été illustrée l’année dernière à Shanghai, lorsque 20 millions de personnes ont été enfermées dans leurs appartements – est vraiment l’expression du contrôle total que le parti communiste chinois s’efforce d’exercer depuis sa fondation en 1921. Et je pense qu’il a trouvé son expression la plus complète dans le zéro Covid. »

Une habitante regarde par la fenêtre lors d’un confinement Covid-19 dans le quartier de Jing’an à Shanghai, le 25 mai 2022. (Hector Retamal/AFP via Getty Images)

Pour M. Mosher, Pékin, en gérant la pandémie de Covid-19, a montré qu’il se préparait à la guerre.

« Je pense que dans un scénario de guerre, vous aimeriez pouvoir enfermer tous les travailleurs sur leur lieu de travail pour les empêcher de produire des armes ou des denrées alimentaires vitales, ou les bloquer dans leur appartement pour faire en sorte qu’ils ne puissent pas participer à des manifestations populaires, à des émeutes ou à des troubles. »

Le PCC a dissimulé les informations sur le Covid-19 et manipulé ses données. Les pays occidentaux se sont donc tournés vers la Chine pour trouver une solution pour lutter contre le coronavirus et ont essayé de mettre en œuvre des mesures de contrôle social similaires, telles que les confinements.

« La Chine communiste ne doit pas servir d’exemple ou de modèle ! »

« Nous devons également nous rendre compte que nous ne devrions jamais, quelles que soient les circonstances, aussi dangereuses qu’elles puissent paraître, tirer des leçons ou suivre des conseils du parti communiste chinois, qui est en fait engagé dans une guerre froide avec les États-Unis depuis sa création. »

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