Le président chinois Xi est-il en train de perdre le mandat du ciel ?

De nombreux signes montrent que les communistes sont en train de perdre le mandat du ciel

Par Stu Cvrk
21 septembre 2023 06:39 Mis à jour: 21 septembre 2023 06:39

Il n’est pas surprenant que le dirigeant chinois Xi Jinping ait été qualifié d’empereur des temps modernes. Les empereurs chinois ont toujours revendiqué le « mandat du ciel » pour gouverner la Chine, et Xi Jinping veut étendre ce mandat pour gouverner non seulement la Chine, mais aussi le monde entier.

Le mandat du Ciel (天命) est un concept confucéen développé sous la dynastie chinoise des Zhou (vers 1046-256 av. J.-C.) : le « Ciel » confère à l’empereur chinois (le « fils du Ciel ») le droit de gouverner la Chine. Ce concept rappelle le « droit divin des rois » européen, que Britannica définit comme « une doctrine politique défendant l’absolutisme monarchique, qui affirmait que les rois tenaient leur autorité de Dieu et ne pouvaient donc pas être tenus responsables de leurs actes par une autorité terrestre comme un parlement ».

Contrairement à la doctrine européenne, qui ne fournissait aucune orientation morale pour la destitution des rois (les familles royales régnaient éternellement, indépendamment de la débauche, de l’immoralité, de la corruption et d’autres comportements contraires aux lois divines), les confucéens pragmatiques ont donné aux Chinois une « carte de sortie » en enseignant que le Ciel pouvait retirer à un empereur immoral ou tyrannique son mandat pour gouverner ; le peuple chinois avait donc le devoir de se révolter contre de tels empereurs.

Le Ciel est-il en train de retirer au communiste Xi Jinping, qui se veut empereur, son mandat pour gouverner ?

Examinons le sujet.

Les 4 principes

D’après un essai de Thoughtco, les quatre principes fondamentaux du Mandat du Ciel sont les suivants :

• Le ciel accorde à l’empereur le droit de régner.

• Comme il n’y a qu’un seul ciel, il ne peut y avoir qu’un seul empereur à un moment donné.

• La vertu de l’empereur détermine son droit à régner.

• Aucune dynastie n’a le droit de régner éternellement.

Le Parti communiste chinois (PCC) adopte et transforme commodément les anciennes traditions chinoises lorsqu’il s’agit de perpétuer son contrôle autoritaire sur la Chine moderne. Les exemples portent sur l’utilisation de l’histoire comme instrument politique, l’exploitation de la médecine traditionnelle chinoise et la perpétuation des concepts/mythes d’une « Chine éternelle » et de la Chine centre du commerce international (et de l’univers !).

Le confucianisme est profondément enraciné en Chine, et il n’est pas surprenant que Xi déforme le Mandat du Ciel pour substituer le secrétaire général du PCC à l’empereur, tout en laissant entendre que le secrétaire général (au nom du PCC) est contraint par le Ciel de gouverner le monde conformément à ce mandat.

Perdre le mandat

Comme le souligne Stephen Young, ancien doyen adjoint de la faculté de droit de Harvard, dans Asia Times, l’un des grands problèmes de Xi est que « [rien ne prouve] que le Ciel (Tian) l’a choisi [Xi], premièrement, pour diriger la Chine et, deuxièmement, pour diriger le monde entier, le Tout-Sous-le-Ciel (Tian-xia) ». Rien ne prouve que le peuple chinois l’ait choisi pour quoi que ce soit. Voilà pour la « volonté du ciel » et la « volonté du peuple ».

Supposons (à tort) pour l’instant que Xi ait reçu un jour le mandat du Ciel. La tradition chinoise veut qu’un empereur perde le mandat céleste lorsque certains signes s’accumulent, notamment les catastrophes naturelles, les invasions étrangères, les soulèvements d’une partie de la population, la débauche publique et l’immoralité, l’incompétence et la perte de confiance résultant d’une combinaison de ces signes.

Voici quelques signes récents qui ne sont pas de bon augure pour l’empereur Xi.

Soulèvements

Sans atteindre le niveau d’une rébellion ouverte au regard des événements passés, les manifestations de rue massives dans les villes chinoises contre la politique du zéro Covid signée par Xi à la fin de l’année 2022 ont été sans précédent et ont provoqué une onde de choc à travers le pays, obligeant finalement Xi à annuler cette politique sans tambour ni trompette, mais certainement en perdant la face et en crédibilité.

Il me semble que des troubles plus importants sont en train de se développer en Chine, comme en témoigne ce rapport de Nikkei Asia du 9 septembre : « Les écarts de revenus en Chine n’ont jamais été aussi importants depuis que des registres existent, le revenu moyen des ménages des 20% les plus aisés des zones urbaines est 6,3 fois plus élevé que celui des 20% les plus modestes ». Voilà pour les promesses du PCC.

Typhons

CNN a rapporté le 31 juillet que « le typhon Doksuri, l’une des tempêtes les plus puissantes depuis des années, a déversé des pluies torrentielles sur la Chine » (nous le soulignons). Les autorités se préparent à l’arrivée de Khanun, le sixième typhon qui devrait frapper la Chine cette année. Le 2 septembre, Reuters a rapporté que le typhon Saola avait frappé la province de Guangdong, dans le sud de la Chine : « Avec des vents de plus de 200 km/h en tant que super typhon, Saola a été l’une des tempêtes les plus violentes à menacer la province méridionale depuis 1949 » (nous le soulignons). Entre-temps, le quotidien d’État China Daily a récemment rapporté qu’« une tempête de pluie unique en son genre a inondé le Guangdong et Hong Kong ». La colère du Ciel continue.

Des voitures abandonnées apparaissent alors qu’un ouvrier inspecte un pont qui s’est effondré ces derniers jours à la suite d’une crue soudaine causée par de fortes pluies à Pékin, le 4 août 2023. Les précipitations extrêmes provoquées par le typhon Doksuri ont été les plus importantes à frapper Pékin en 140 ans, inondant la capitale et provoquant des crues soudaines et des glissements de terrain. (Kevin Frayer/Getty Images)

Vagues de chaleur

En août 2022, la Chine a connu la pire vague de chaleur jamais enregistrée dans la province du Sichuan, dans le sud-ouest du pays, ce qui a entraîné une pénurie d’électricité qui a « assombri les gratte-ciel, fermé les usines, obscurci les métros. Des pannes d’électricité ont touché les maisons et les bureaux, obligeant à débrancher les climatiseurs. Des milliers de volailles et de poissons ont été tués dans les fermes touchées par ces coupures d’électricité, » a rapporté la chaîne CNN.

Le New Scientist a rapporté alors que cette vague de chaleur serait « la plus longue et la plus chaude jamais enregistrée en Chine depuis le début des relevés nationaux en 1961 » et que « le 18 août, la température à Chongqing, dans la province du Sichuan, a atteint 45°C, la température la plus élevée jamais enregistrée en Chine en dehors de la région du Xinjiang, dominée par les déserts ».

Avec les vagues de chaleur qui se poursuivent cette année, Reuters a rapporté le 18 juillet que « Pékin a battu son record du nombre de jours de fortes températures en un an … avec 27 jours, alors qu’une vague de chaleur étouffante balaie la capitale chinoise ».

Corruption

La corruption publique est endémique dans la Chine communiste. Xi a fait de la lutte contre la corruption un élément central de son gouvernement dès le début, en lançant diverses campagnes anti-corruption au fil des années. Pourtant, la corruption perdure apparemment sans relâche.

Ses déclarations sur la lutte contre la corruption sont-elles juste pour la forme ?

Un graphique compilé par Statista en juillet présente les cas de corruption de responsables du PCC de 2012 à 2022, soit 596.000 cas de corruption déposés contre des responsables du PCC en 2022. Un avant-goût de la corruption en cours :

• Extrait de China Insights du mois d’août : Le propriétaire de la plus grande agence d’immigration chinoise a été arrêté « pour commerce illégal de devises étrangères ».

• Extrait du China Daily de juillet : « Un ancien vice-président du principal organisme de réglementation bancaire chinois a plaidé coupable d’avoir accepté 519 millions de yuans (67 millions d’euros) de pots-de-vin et d’avoir abusé de son pouvoir ».

• Extrait de l’Epoch Times du mois de juin : Le principal organe chinois de lutte contre la corruption [la Commission centrale d’inspection disciplinaire] a récemment annoncé que trois de ses hauts responsables faisaient l’objet d’une enquête pour « violation de la discipline et de la loi ».

• Extrait de l’Epoch Times du mois de mai : « Zhou Jiangyong, ancien secrétaire du parti sous le régime communiste chinois, a plaidé coupable … d’avoir perçu près de 200 millions de yuans (27 millions d’euros) de pots-de-vin pendant une vingtaine d’années dans le cadre de ses fonctions officielles ».

Mauvaise gestion économique

L’une des principales revendications de légitimité du PCC est la gestion efficace de l’économie chinoise. Les faits récents semblent indiquer le contraire.

• L’effondrement du secteur de l’immobilier en Chine est bien plus grave que ce qui avait été annoncé, la moitié des entreprises publiques de construction du pays faisant état de « pertes généralisées ». (Zero Hedge)

• La disparité des revenus mentionnée ci-dessus n’est que le début des difficultés économiques que connaît la Chine et qui se sont aggravées sous l’ère Xi.

• Au premier semestre 2023, « le nombre de fonds spéculatifs actifs axés sur la Chine a diminué pour la première fois en plus de dix ans ». (Yahoo ! Finance)

• Les trois principales compagnies aériennes chinoises ont enregistré de lourdes pertes au cours du premier semestre 2023. (Radio Free Asia)

• La Chine « tombe dans la déflation ». (The New York Times)

• Jens Nordvig, fondateur d’Exante Data, qui suit les données économiques et les performances de la Chine : « Lorsque je regarde les données en Chine – je couvre la Chine depuis environ 20 ans – je constate pour la première fois une faiblesse sans précédent qui donne l’impression d’un véritable problème de confiance, le consommateur commence à être extrêmement nerveux et inquiet, pour l’avenir et il se retient ! » (pas d’italique dans l’original).

• Extrait d’un essai paru dans Foreign Affairs en août : « La poursuite du contrôle total par le gouvernement [communiste] a mis le pays sur une trajectoire de croissance ralentie et a créé des poches d’insatisfaction de plus en plus nombreuses, » créant ainsi « l’ère de stagnation » de Xi.

Les chinois ne font plus confiance à Xi sur sa capacité à gérer l’économie chinoise, ce qui représente un degré de séparation supplémentaire quant à la perte du mandat du Ciel.

Réflexions finales

Avec son culte de la personnalité et son livre de dictons, Xi se présente comme un empereur chinois des temps modernes. Peut-être a-t-il oublié la loi sur les conséquences inattendues. La tradition chinoise veut que les empereurs puissent perdre leur mandat du Ciel et être destitués. La liste des signes résumés ici pourrait à elle seule annoncer que Xi a perdu ce mandat. Le ciel pourrait très bien appeler Zhongnanhai très bientôt.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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