Le programme du régime renforce la crainte des Chinois de devenir victime des prélèvements forcés d’organes

Des internautes chinois affirment avoir été contraints de s'enregistrer en tant que donneur.

Par Sophia Lam
24 février 2024 19:29 Mis à jour: 24 février 2024 19:31

Le Centre administratif chinois des dons d’organes relance sa campagne destinée à inciter les Chinois à s’inscrire à sa base de données du « don volontaire d’organes ».

Il s’agit de l’une des tentatives les plus récentes du régime communiste visant à contraindre les citoyens à faire un « don volontaire ».

Le Centre administratif des dons d’organes a été créé en 2012 par le régime à titre d’organisme affilié à la Société de la Croix-Rouge de Chine.

Epoch Times a découvert sur les plateformes de l’actualité chinoise que des écoles, des institutions de santé, des organisations gouvernementales et des entreprises de tout le pays vantaient leur participation à la campagne. Des collégiens seraient inscrits au système de don d’organes.

À l’heure de publication, Epoch Times a tenté à de multiples reprises de joindre le Centre administratif des dons d’organes et la Commission nationale de la santé de Chine, sans succès.

Des analystes de la Chine craignent que le Parti communiste chinois (PCC) n’utilise cette campagne pour dissimuler son système de prélèvements forcés d’organes, dont les Chinois ordinaires pourraient être les victimes potentielles.

Craintes des internautes

Sur les plateformes de médias sociaux chinoises, des internautes affirment avoir été contraints de s’inscrire au registre du don d’organes. Ils accusent les autorités de les forcer à s’enregistrer en tant que donneurs volontaires et d’entrer leurs données biologiques dans la base de données, et ce, sans leur consentement ou même à leur insu.

Dans une récente vidéo, un internaute déclare que tous les membres de la clinique de maternité et de santé infantile du canton de Linshu ont été récemment contraints par les autorités sanitaires de s’enregistrer comme donneurs volontaires d’organes.

« Tous les départements de l’hôpital doivent activement promouvoir la campagne de don d’organes et compléter l’enregistrement [des membres du personnel] dans la semaine », écrivent les autorités sanitaires du canton dans leur avis, selon l’internaute.

Epoch Times a contacté la clinique de maternité et de santé infantile du canton de Linshu, mais n’a pas reçu de réponse à l’heure de publication.

De nombreux internautes sur Douyin affirment avoir été enregistrés comme « donneur volontaire d’organes » à leur insu.

Dans un clip vidéo, une femme en larmes a confié : « J’ai perdu mon certificat d’identité et je me suis réveillée en découvrant que mes informations figuraient désormais dans le système de don d’organes. J’ai vraiment peur. »

Un autre internaute sur Weibo a critiqué le régime communiste pour avoir conservé ses informations dans le système de don d’organes. « Il est inutile de se retirer du système, car toutes les informations vous concernant y restent », a-t-il souligné.

Dissimulation des prélèvements forcés d’organes

Selon Wang Zhiyuan, président de l’Organisation mondiale d’enquête sur la persécution du Falun Gong (WOIPFG), le régime chinois « fabrique de fausses données sur le ‘don volontaire d’organes’ du peuple chinois afin de dissimuler ses crimes de longue date en matière de prélèvements forcés d’organes sur les pratiquants de Falun Gong ».

Annie (pseudonyme), ancienne femme d’un chirurgien ayant prélevé des organes sur des milliers de pratiquants de Falun Gong en Chine, au début des années 2000, prend la parole lors d’une conférence de presse à Washington, le 20 avril 2006. (Epoch Times)

« En même temps, il ouvre la voie au pillage d’organes du peuple chinois en mettant en place un soi-disant système de don », a déclaré le Dr Wang dans une récente interview à Epoch Times.

« Je suis médecin et j’ai passé 30 ans à aider et à sauver des vies », a expliqué le Dr Wang dans un documentaire intitulé « Harvested Alive – 10 Years’ Investigations of Live Organ Harvesting » (Prélèvement d’organes – 10 ans d’enquête sur les prélèvements forcés d’organes sur des personnes vivantes). « Je n’aurais jamais pensé passer dix ans à enquêter sur la manière dont des médecins tuent des personnes innocentes. »

Le WOIPFG mène des enquêtes et recueille des preuves sur le personnel médical et les institutions chinoises impliquées dans le système de prélèvements forcés d’organes sur les pratiquants de Falun Gong.

Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, est une pratique traditionnelle chinoise comprenant des exercices méditatifs et le travail sur soi basé sur les principes d’authenticité, de bonté et de patience. En raison de ses bienfaits sur la santé, le Falun Gong est devenu très populaire en Chine dans les années 1990. Selon les estimations de l’époque, entre 70 et 100 millions de Chinois le pratiquaient avant sa persécution.

Craignant la popularité grandissante de cette pratique ainsi que son indépendance vis-à-vis de l’État-parti, le régime chinois a lancé en juillet 1999 une répression du Falun Gong à l’échelle nationale, accompagnée d’une immense campagne de propagande diffamatoire. Depuis lors, le régime harcèle, emprisonne et torture les pratiquants de Falun Gong, allant jusqu’à prélever de force leurs organes.

En date du 28 juin 2023, les rapports du WOIPGF font état de 27.672 entités, 891 établissements médicaux et 96.343 personnes qui seraient impliquées dans le système de prélèvements forcés d’organes sur des pratiquants de Falun Gong.

Les prélèvements forcés d’organes, une « industrie obscure générant d’énormes profits »

Le Dr Wang qualifie le système de prélèvements forcés d’organes sur des personnes vivantes, mis en place par le régime chinois, d’« industrie obscure générant d’énormes profits ».

Indication de direction pour les « visiteurs spéciaux et le réseau de transplantation d’organes humains » placée à l’aéroport du Xinjiang, en Chine. Enver Tohti, témoin de prélèvements forcés d’organes en Chine, a expliqué qu’une telle indication témoignait d’un grand nombre de transplantations d’organes effectuées au Xinjiang. (Enver Tohti)

« Ce système permet non seulement de fournir des organes afin de prolonger la vie de hauts fonctionnaires du Parti, mais aussi de vendre des organes à des demandeurs provenant du monde entier et de réaliser des profits mirobolants », explique le Dr Wang.

Les Asiatiques constituent le principal groupe de ces demandeurs qui vont en Chine pour obtenir une greffe, étant donné les courts délais d’attente – un phénomène connu sous le nom de « tourisme de transplantation ».

Selon le Dr Wang, il est peu probable que ce système de transplantations forcées, institutionnalisé par le régime chinois et motivé par son avidité insatiable, s’arrête de lui-même. « Les cibles de ces prélèvements s’étendent au-delà des ‘prisonniers’ pour inclure les citoyens ordinaires, faisant de toute personne en Chine continentale une cible potentielle. »

Le 20 octobre 2023, l’État-parti chinois a adopté le « Règlement sur le don et la transplantation d’organes humains (projet de révision) ».

Selon Tang Jingyuan, expert des affaires chinoises, l’adoption de ce règlement est « un moyen efficace de légitimer officiellement et complètement le système de prélèvements forcés d’organes, sanctionné par l’État chinois ».

M. Tang fait remarquer qu’un nombre alarmant de jeunes, y compris des adolescents, disparaissaient actuellement en Chine.

Les moyens de mettre fin aux prélèvements forcés d’organes

Le Dr Wang qualifie les prélèvements forcés d’organes d’« inhumains » et appelle le monde entier à conjuguer ses efforts pour mettre fin à cette pratique atroce et à « punir le régime pour ses crimes ».

En 2013 et 2022, le Parlement européen a adopté des résolutions condamnant le régime chinois pour les prélèvements forcés d’organes. Outre la condamnation publique de ces prélèvements forcés, exigée de l’Union européenne et de ses États membres, la dernière résolution les invite « à prendre les mesures nécessaires pour empêcher le tourisme de transplantation en Chine de la part de leurs citoyens ». D’autre part, les institutions impliquées dans la transplantation devraient revoir la collaboration avec leurs homologues chinois en matière de médecine, de recherche et de formation.

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