Le yuan chinois est loin de détrôner le dollar américain en tant que monnaie de réserve mondiale, selon un expert

Par Epoch times
7 avril 2023 13:15 Mis à jour: 7 avril 2023 13:15

Même si le Brésil et la Chine sont parvenus à un accord pour effectuer leurs échanges commerciaux dans leurs propres monnaies plutôt qu’en dollar américain, le yuan chinois est loin de devenir une monnaie de réserve mondiale, selon Milton Ezrati, économiste en chef chez Vested, une société de communication basée à New York.

Pékin salue l’accord comme une étape vers la dédollarisation mondiale et un renforcement de l’internationalisation du yuan.

Wang Youming, chercheur principal et directeur du département d’études sur les pays en développement à l’Institut chinois d’études internationales, a déclaré au média d’État chinois Global Times que « la politique monétaire irresponsable de Washington, en particulier les hausses continues des taux d’intérêt, a conduit à la dépréciation du real brésilien et à l’augmentation des coûts des transactions ».

Selon Milton Erzati, cet accord est une tentative d’élever le yuan au rang de monnaie internationale, mais « le yuan est loin d’être une monnaie de réserve internationale telle que le dollar ».

Selon l’expert, la Chine ne dispose pas des marchés financiers nécessaires pour soutenir des accords financiers en yuan, ce qui est l’une des exigences pour une monnaie de réserve mondiale.

« Si vous êtes la monnaie de réserve mondiale, comme l’est le dollar, les négociants du monde entier doivent détenir votre monnaie, car c’est ainsi qu’ils font leurs affaires. S’ils détiennent votre monnaie, ils veulent un endroit où l’investir », a récemment expliqué Milton Ezrati à l’émission « China in Focus » sur NTD, le média partenaire d’Epoch Times.

Obstacles concernant les marchés financiers

Milton Erzati affirme que, dans ce cas, les négociants en yuans pourraient avoir des difficultés à trouver des marchés où investir, car la Chine contrôle les flux d’argent entrant et sortant du pays.

Il n’est en effet pas très encourageant de s’ériger en monnaie de réserve et de dire ensuite aux gens : « Vous devez nous demander la permission pour déplacer de l’argent. » Donc pour devenir la monnaie de réserve, ils doivent ouvrir leurs marchés financiers . Et le parti communiste n’est pas prêt de le faire.

« Cela peut être préjudiciable à Washington », ajoute-t-il « que la Chine ait supplanté le dollar dans une relation avec le Brésil ou l’Arabie saoudite, ou avec de nombreux pays qui ont rejoint l’initiative la Ceinture et la Route, un plan mondial de développement des infrastructures lancé par la Chine à travers le monde en développement en 2013 ».

Pékin a conçu un certain nombre de solutions de contournement, notamment des échanges de devises et le système de paiement international de la Chine (CIPS), une alternative au système SWIFT qui permet un règlement international en yuans. Bien que le volume total des règlements commerciaux soit faible, 103 pays ont adhéré au système jusqu’à présent.

« Je suis sûr que cela les irrite. Washington aime le pouvoir », affirme-t-il, « et il s’agit d’une légère érosion de ce pouvoir. Mais je ne pense pas qu’il s’agisse d’un défi pour le dollar en tant que monnaie de réserve mondiale.

Selon lui, si le yuan chinois parvient à détrôner le dollar, les Américains « auraient soudain moins de pouvoir d’achat international, se sentiraient pauvres et seraient pauvres… Mais c’est loin d’être le cas. »

Révoquer le statut de pays en développement

Le 27 mars, la Chambre des représentants des États-Unis a adopté par 415 voix contre 0 un projet de loi visant à révoquer le statut de pays en développement de la Chine. Ce projet de loi obligerait le département d’État des États-Unis à influencer les organisations internationales pour qu’elles désignent la Chine comme un pays à revenu élevé, à revenu moyen supérieur ou développé et pour qu’elles suspendent le traitement spécial dont la Chine a bénéficié en tant que pays en développement au sein de diverses organisations internationales.

Milton Erzati estime que si les États-Unis pouvaient exercer une influence sur d’autres pays pour priver la Chine de cette désignation, « la Chine aurait un peu plus de mal à manœuvrer ». Toutefois, il fait remarquer que la Chine a enfreint les règles à de nombreuses reprises.

« Je doute donc que cela empêche les dirigeants chinois de mettre en œuvre des stratégies susceptibles de perturber un peu plus la situation sur la scène internationale. Si cela devait arriver à la Chine, j’en doute fortement », a déclaré M. Erzati.

Jessica Mao et Olivia Li ont contribué à cet article.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.