Les États-Unis ont commencé à lancer un arsenal de centaines de satellites de défense antimissile face à la menace chinoise et russe

Par Lawrence Wilson
17 avril 2023 04:55 Mis à jour: 17 avril 2023 04:55

L’agence américaine de développement spatial (SDA) a lancé les premiers satellites de son projet de constellation planétaire, qui sera composée de centaines de satellites, et qui constituera la première ligne de défense des États-Unis contre les missiles ennemis.

Ce lancement intervient dans le cadre de l’intensification des mesures américaines à l’encontre des menaces chinoises et russes.

Une fusée Falcon 9 de SpaceX a décollé de la base spatiale de Vandenberg en Californie le 2 avril et a déployé les 10 premiers satellites en orbite basse.

« C’était un beau lancement du dimanche des Rameaux », a déclaré Derek Tournear, directeur de la SDA, aux participants d’un forum sur la défense spatiale, trois jours après le décollage.

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Illustration montrant la couche de transport de la PWSA de l’Agence de développement spatial. (Avec l’autorisation de l’Agence de développement spatial)

« Il s’agit du premier lancement de ce que nous appelons l’architecture spatiale de combat proliférante (PWSA). »

La SDA dépend de la « Space Force » et fournit et déploie des technologies de défense spatiale en partenariat avec l’industrie privée.

Selon M. Tournear, la prolifération est la clé qui permettra au système d’être immédiatement utile. Il pourra suivre des missiles partout dans le monde et sera invulnérable aux attaques.

En déployant des centaines de petits dispositifs au coût relatif plutôt que quelques gros satellites coûtant chacun plusieurs milliards de dollars, le réseau sera plus polyvalent et plus facile à entretenir.

Les satellites seront lancés en trois groupes et seront opérationnels dans un délai de deux ans, a précisé M. Tournear.

Une défense stratifiée

Les 10 premiers satellites font partie de la tranche zéro, qui permettra de tester la capacité de l’armée à relier des satellites de suivi de missiles entre eux. Ce relais se fait par le biais de satellites intermédiaires, dits « satellites de transport ». Les 18 satellites restants feront l’objet d’un deuxième lancement. 

Une fois relié, le réseau permettra à la SDA d’envoyer des informations sur les missiles entrant aux unités de la Space Force qui se chargeront de les éliminer.

M. Tournear espère achever cette liaison pour le mois prochain « et ainsi démontrer que cette chaîne d’élimination est complètement bouclée ».

La tranche 1 sera composée d’environ 150 satellites et commencera à être installée en septembre, au rythme d’un lancement par mois. Ces satellites viendront compléter le réseau de satellites d’alerte, de suivi et de transport.

Lorsqu’elle sera entièrement déployée, la tranche 1 « nous permettra d’apporter une capacité de soutien directe à nos soldats dès 2025 », a déclaré M. Tournear.

Quant à la tranche 2, elle comprendra plus de 200 satellites et complètera la capacité de la PWSA à fournir une couverture mondiale « persistante ».

Plusieurs satellites sont nécessaires pour assurer la couverture continue d’une zone géographique donnée, car les satellites doivent être éteints de temps à autre pour recharger leurs batteries.

« La tranche 2 disposera de suffisamment de satellites pour [permettre] des rotations entre les satellites, tout en assurant une couverture continue de l’ensemble du territoire », a déclaré M. Tournear.

En tout, les satellites formeront sept « couches », chacune ayant sa propre fonction, notamment le suivi et le transport.

Déploiement rapide

Les 10 satellites de la tranche zéro ont été déployés dans les 30 mois qui ont suivi l’attribution des contrats et le lancement du véhicule spatial, ce qui est extrêmement rapide, a déclaré M. Tournear.

Ce délai est conforme à la devise de la SDA, « Semper Citius« , qui signifie « toujours plus vite », et à la volonté du ministère américain de la défense de privilégier des durées de vie plus courtes pour les équipements spatiaux.

Dans le passé, le développement des systèmes de défense prenait souvent 10 ans et durait 15 ans. Cette nouvelle stratégie consiste à développer des systèmes dans des délais très courts et à limiter les déploiements à cinq ans, selon M. Tournear.

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Illustration des forces de défense utilisant un suivi par satellite pour déployer des missiles sol-air. (Avec l’autorisation de l’Agence de développement spatial)

Cela permettra de réduire les coûts à long terme et de créer des cycles de développement permanents comme pour les téléphones portables, a-t-il ajouté.

Les satellites de transport devraient coûter environ 15 millions de dollars aux contribuablex américains, mais leur prix devrait rester stable, même en devenant plus performants, et ce grâce à l’efficacité accrue des fabricants, selon M. Tournear.

Il fait remarquer que le prix des nouveaux téléphones portables est resté stable même avec l’ajout de nouvelles fonctionnalités.

Juste à temps

Le déploiement de la tranche zéro fait suite aux initiatives agressives des Chinois et des Russes, les adversaires potentiels des Etats-Unis, dans le domaine de l’espace.

La Russie a effectué un important test de missiles en 2021 et « déploie des systèmes asymétriques de contre-espace destinés à neutraliser les satellites américains », selon le général Chance Saltzman, chef des opérations spatiales de l’U.S. Space Force, qui s’est également exprimé lors du forum sur la défense de l’espace.

En Ukraine, la Russie a brouillé les satellites de communication et les systèmes GPS américains. Bien qu’elles n’aient pas attaqué physiquement les satellites américains, la Russie et la Chine ont toutes deux la capacité de le faire.

« Elles disposent toutes deux d’une série de capacités opérationnelles de contre-espace, notamment des lasers terrestres qui peuvent interrompre et détériorer les capteurs des satellites, des brouilleurs de guerre électronique qui ciblent le GPS et les communications par satellite, ainsi que des missiles antisatellites », a déclaré M. Saltzman.

« Les deux parties s’efforcent d’utiliser l’espace à leurs propres fins militaires. »

Le fait que les missiles antisatellites soient maintenant manœuvrables, et ainsi plus difficiles à intercepter, est une source d’inquiétude réelle.

« Ce qui me fait encore plus peur, c’est le lancement en juillet 2021 de leur premier lanceur orbital fractionné, qui commence comme un ICBM, puis manœuvre un véhicule hyperglissant », a déclaré le lieutenant-général DeAnna Burt, chef adjoint des opérations spatiales pour le cyberespace et le nucléaire, lors du forum sur la défense spatiale.

« Ce que cela signifie, et cela devrait nous inquiéter tous, c’est qu’il peut désormais contourner certaines capacités de détection. »

La sécurité par le nombre

La PWSA est conçue pour contrer de telles menaces.

Malgré l’éventualité d’une attaque antisatellite et d’une collision avec l’un des 48.000 objets en orbite basse, la PWSA devrait être relativement sécurisée, selon M. Tournear.

« Je ne m’inquiète pas des menaces physiques qui pèsent sur les satellites eux-mêmes », a déclaré M. Tournear. « Le moyen de contourner ce problème est la prolifération [de ces satellites]. »

« Nous aurons des centaines et des centaines de ces satellites là-haut. Il est plus coûteux d’abattre un seul de ces satellites que de le construire et le mettre sur orbite.

« Nous venons de changer complètement l’équation. »

Le prochain lancement de satellites PWSA est prévu pour le mois de juin.

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