«Les patients sont en danger»: un nonagénaire décède après avoir attendu trois jours aux urgences de Grenoble

Par Emmanuelle Bourdy
21 avril 2023 20:45 Mis à jour: 21 avril 2023 20:45

La semaine dernière, au CHU de Grenoble, un homme de 91 ans est décédé après avoir attendu durant trois jours sans avoir été pris en charge. Une situation que dénoncent les syndicats, mais également le personnel médical.

Au CHU de Grenoble, la capacité d’accueil est parfois largement dépassée. De ce fait, les patients doivent attendre de longues heures, voire des jours entiers avant de pouvoir être pris en charge. En conséquence, plusieurs patients sont morts en l’espace de quelques mois.

Une moyenne de 80 passages, pour « une capacité d’accueil maximale de 55 patients »

« Nos urgences ont une capacité d’accueil maximale de 55 patients. Dans les faits, on a en moyenne 80 passages, avec des pics pouvant aller jusqu’à 110. C’est intenable », déplore dans les colonnes du Figaro Sara Fernandez, la secrétaire générale de la CGT au CHU de Grenoble. « Résultat, les gens traînent aux urgences pendant plusieurs jours alors qu’ils ne devraient pas y rester plus de 12 heures », poursuit-elle.

C’est notamment ce qui est arrivé à un nonagénaire. Il avait été admis aux urgences pour une « confusion liée à une possible infection » et son pronostic vital n’était pas engagé. Attendant depuis trois jours qu’un lit d’hospitalisation se libère en gériatrie à l’hôpital Michallon, il est décédé ce mercredi 12 avril.

Pour Sara Fernandez, « le fait d’être resté seul et allongé si longtemps a certainement détérioré son état de santé, jusqu’à sa mort ». Cyrille Velet, médecin anesthésiste-réanimateur à Grenoble et secrétaire général du syndicat national des médecins hospitaliers, reconnaît lui aussi que cette attente « de plusieurs jours sur un brancard » a pu « accélérer le processus ». Il faut noter par ailleurs que depuis l’épidémie de Covid, les proches des patients n’ont plus le droit de rester aux urgences, ce qui a pu contribuer au décès de cette personne.

Un signalement émis pour « mise en danger de la vie d’autrui »

De plus, en l’espace de quatre mois dans cet établissement, il s’agit du troisième décès brutal. En cause le manque de personnel, cumulé au manque de lit, 200 lits ayant été fermés au cours des trois dernières années, précise Sara Fernandez au Figaro. Ainsi que le mentionne France Bleu, le personnel soignant sur qui repose une énorme pression, dit avoir « honte » et « peur », parce qu’il ne peut pas offrir aux patients « le minimum de soins », explique encore Sara Fernandez.

Malgré la grève illimitée commencée le 6 décembre dernier, mais aussi les différents courriers envoyés au préfet, au maire de Grenoble et à l’ARS (Agence régionale de santé), il n’a pas été possible « d’améliorer les conditions d’accès aux soins dans l’agglomération grenobloise », pointent les syndicats du CHU auprès de France Bleu. Ils constatent en outre que cette situation s’est aggravée depuis « la fermeture des Urgences de Voiron et de la Clinique Mutualiste, la nuit », ce qui a « conduit à un mode de prise en charge dégradé des patients du Sud-Isère ».

Le 5 avril dernier, soit juste avant le décès du nonagénaire et à la suite des deux autres décès, l’intersyndicale avait émis un signalement auprès du procureur de la République pour « mise en danger de la santé d’autrui ». Le Figaro souligne que ce dernier l’a classé sans suite, prétextant que « le signalement reçu dénonce une inaction des pouvoirs publics qui ne justifie pas l’ouverture d’une enquête pénale ».

L’hôpital Michallon est confronté à des « difficultés majeures », précise sa direction, le décès du nonagénaire faisant par ailleurs « l’objet d’une instruction détaillée et d’une analyse complète ».

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